La dernier décade du siècle XX marque un changement important dans la façon d'aborder les problèmes environnementaux causés par l'activité humaine. Cela représente en effet un pas de plus dans l'évolution de la pensée environnementale (tableau 0.1). Cependant, cette décennie se caractérise principalement par l'introduction progressive du concept de prévention, consistant à éviter les problèmes environnementaux à la source au lieu de corriger ceux qui ont été créés. Cette longue période a permis de démontrer qu'il était plus rentable d'éviter les impacts négatifs que de devoir les corriger après les avoir créés. L'avantage que représente la prévention est devenu évident lorsqu'il a fallu réaliser de grands investissements pour corriger les impacts des activités antérieures, pour lesquelles l'on admettait faussement qu'il n'y avait pas de frais lorsque les effets environnementaux étaient externalisés (en tout état de cause, il n'y avait pas de frais pour les producteurs qui avaient externalisé la pollution). Dans ce processus d'évolution des mentalités vers la prévention à la source, la production plus propre (P+P) a sans aucun doute joué un rôle significatif. La P+P est la méthodologie de prévention la plus répandue dans le monde parmi les petites et moyennes entreprises (PME) et c'est pour cela qu'elle a été utilisée dans ce manuel.
Le but de ce chapitre introductif est d'orienter l'étudiant en ce qui concerne:
PÉRIODE | PERCEPTION DES PROBLÈMES | RÉGLEMENTATION, LÉGISLATION | TECHNOLOGIE |
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< 1970 | Problèmes locaux | Actions locales | Dilution |
Années 70 |
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Années 80 |
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Années 90 |
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Les universités éduquent les techniciens qui, à l'avenir, soit en qualité d'éducateurs à divers niveaux, soit en tant que professionnels des industries et des institutions, exerceront une influence déterminante sur le comportement des entreprises et de la société. Ainsi, les universités portent la responsabilité de conscientiser les étudiants, de leur apporter les connaissances nécessaires et de les familiariser à l'usage des outils de gestion qui permettront un développement durable. Les universités disposent de la capacité de développer le cadre conceptuel de cet objectif et doivent jouer ce rôle de formation et de recherche qui lui sont propres, au niveau de l'information publique ainsi que de l'assistance au développement de stratégies et de politiques adaptées aux objectifs.
Cette mission revient en partie aux universités:
L'objectif du document est de mettre à la portée de l'étudiant une mise à jour des principes et de la méthodologie de la P+P, ainsi que de le préparer pour l'action future. Il est destiné à l'usage des étudiants universitaires et des professionnels souhaitant acquérir une formation complète en P+P, la méthodologie de prévention la plus répandue, ou en connaître les concepts principaux afin de les incorporer à une vision plus hétérogène des techniques environnementales.
Le manuel ne se veut pas purement informatif ou encyclopédique. Il poursuit un objectif de formation dans l'application de la méthodologie et dans les éléments qui étayent la méthodologie. Il est conçu comme un guide d'introduction à la P+P pour de futurs professionnels, profitant de l'expérience acquise durant la période de développement de la P+P.
Le manuel peut être utilisé individuellement, en d'autoformation, ou en groupe sous la tutelle d'un professeur dirigeant l'enseignement auprès des étudiants. Cette tutelle est particulièrement intéressante dans l'étude des cas et des applications proposées à la fin des chapitres car, bien souvent, les différentes façons d'interpréter les exposés ou d'aborder les solutions ne sont pas uniques. Même les questions d'autoexamen insérées dans le texte dans des circonstances spécifiques peuvent trouver une réponse plus appropriée que celle qui est donnée dans le document. Les tuteurs peuvent appliquer leurs propres formation et expérience pour juger si les acceptions des étudiants demeurent dans un contexte raisonnable.
Comme de nombreux autres textes visant à transférer les résultats de nombreuses expériences concrètes sous la forme d'une méthodologie, il convient de diviser les chapitres pour la fonctionnalité de leur contenu, avant tout pour le secteur industriel dans lequel il est possible de mettre l'expérience en application. Ce serait là une autre possibilité de se former à la P+P, qui est jugée moins appropriée (et plus difficile à appliquer) au contexte universitaire.
Fort heureusement, en complément il existe aujourd'hui une quantité considérable de références à la portée de tous, applicables à presque tous les secteurs industriels, auxquelles le lecteur devra accéder lorsqu'il voudra appliquer la méthodologie. Divers livres et manuels donnent des descriptions détaillées pour un secteur déterminé. En outre, il est possible d'obtenir encore davantage d'information sur Internet.
Le manuel est subdivisé, comme suit, en chapitres:
Le chapitre 1 explique comment la P+P s'intègre dans les objectifs de grande envergure du développement durable. La Conférence de Rio qui s'est tenue en 1992 a donné un élan décisif dans cette direction et incorpore l'environnement aux facteurs socioéconomiques dans le cadre du développement. Pour pouvoir rectifier les modèles de production et de consommation précédents, la nécessité de développer et de transférer les technologies propres est confirmée.
Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) définit le modèle pour la P+P, un programme d'éco-efficacité présentant des avantages environnementaux et économiques, spécialement destiné aux petites et moyennes entreprises (PME). Ce chapitre révise le processus de développement du concept de P+P et de son introduction dans différentes régions du monde, dont la Méditerranée, et le rôle dévolu aux gouvernements en matière de P+P est évident.
Le chapitre 2 a pour but de revoir le rapport entre P+P et entreprise, ainsi que de définir la petit et moyen entreprise (PME). Contrastant avec l'unanimité que recueille la méthodologie de la P+P, nous avons détecté de grandes différences dans la façon d'introduire cette méthodologie dans les grandes entreprises industrielles ou dans les PMEs, ainsi que dans les facteurs qui influent positivement ou entravent l'adoption de la P+P. Même si les opportunités existent indépendamment du type d'entreprise, les obstacles à l'application de la P+P diffèrent fortement en fonction de leur dimension et de leur capacité économique.
Les rapports de la P+P avec d'autres outils destinés à l'amélioration environnementale sont analysés dans le chapitre 3. Certains outils sont destinés à la réflexion ou à être employés comme indicateurs pour savoir jusqu'à quel point le développement est ou non durable. D'autres sont des outils ou des stratégies visant à encourager un meilleur usage des ressources, comme l'écologie industrielle, la conception écologique, l'analyse du cycle de vie, etc. et notamment les systèmes de gestion environnementale (SGE). Les normes de la série ISO 1400 ont été adoptées mondialement en tant que systématique spécifique des SGE. En Europe, un schéma de gestion et d'audit environnemental, l'EMAS, a été publié aussi. Son objectif inclut les principes de la prévention environnementale. La directive européenne de prévention et de contrôle intégrés de la pollution (connue sous le sigle IPPC) inclut également la prévention et l'application des meilleures technologies disponibles (MTD) et, par conséquent, implicitement, l'application de la P+P.
Le chapitre 4 révise les aspects économiques requis pour mettre en relief les avantages de la P+P. Pour que la direction d'une entreprise soit objectivement convaincue de l'intérêt d'investir dans la P+P elle doit avoir une vision économique correcte des coûts qu'implique la production des flux de déchets, et doit pouvoir constater que l'application de mesures d'éco-efficacité l'aidera à réduire ces coûts et contribuera à la rendre plus compétitive. Ce chapitre révise certains aspects de la comptabilité environnementale, les critères d'assignation à une activité et/ou à un produit déterminé des coûts et les critères d'analyse financière qui peuvent être utilisés pour déterminer la viabilité des opportunités de P+P et pour mettre en évidence que la P+P offre des avantages aussi bien économiques qu'environnementaux.
La méthodologie d'application de la P+P est décrite dans le chapitre 5. La caractéristique la plus importante de la P+P est d'avoir adopté une méthodologie simple et cohérente, facile à mettre en place dans les PME. Le chapitre décrit les éléments d'un programme ainsi que d'une évaluation de la P+P, et révise le rôle que joue l'ensemble du personnel de l'entreprise, à commencer par la direction avec la figure essentielle d'un coordinateur qui dirige et organise l'action dans la perspective d'un effort collectif. Il décrit également les étapes à suivre pour produire des options éco-efficaces, lesquelles doivent être évaluées techniquement et économiquement. Par ailleurs, il semble utile d'agir avec des critères de priorité et de mettre en évidence les bénéfices obtenus grâce à la P+P. L'évaluation du risque qu'implique la toxicité des matières est introduite, sa réduction étant incluse dans la définition du PNUE pour la P+P.
Il y a des options de P+P spécifiques à chaque secteur, liées à la technologie qui lui est propre, mais il y a également une série d'opportunités qui sont communes à presque tous les secteurs industriels. Le chapitre 6 énumère ces options de P+P dans les différentes étapes du cycle productif, à commencer par les plus générales qui incluent les bonnes pratiques environnementales (BPE) que doit observer toute installation industrielle. Il décrit ensuite différentes opportunités allant de ce qui peut se faire dans un département des achats jusqu'à l'application de la P+P lors du fonctionnement et pour la maintenance, avec une référence spécifique à la sélection de dissolvants alternatifs.
Le chapitre 7 introduit le cas spécifique de l'intégration de la P+P à l'industrie chimique, probablement le secteur où l'on retrouve la plupart des options présentes dans tous les autres secteurs et, en outre, d'autres options qui lui sont spécifiques. En raison de sa complexité, de sa valeur économique et de son impact environnemental, l'industrie chimique a fait l'objet de nombreuses études pour améliorer l'éco-efficacité des processus. Le chapitre décrit comment les concepts d'éco-efficacité et de P+P sont actuellement introduits dans les laboratoires de recherche et développement sous des dénominations telles que la chimie verte. Il décrit également la hiérarchisation des processus unitaires et la façon dont il convient d'aborder la recherche d'options de P+P dans la réaction chimique, étape caractéristique de l'industrie, qui exige des connaissances scientifiques et technologiques spécialisées. Une description plus détaillée est donnée pour le cas des processus discontinus, plus propres aux PME.
Le chapitre révise les principaux concepts dans la gestion industrielle de l'eau. L'eau était jusque là considérée comme une ressource facilement accessible et très bon marché en comparaison à d'autres matières premières. Jusqu'à il y a peu, les fabricants des pays industrialisés ne s'étaient guère souciés d'économiser l'eau. Ce n'est que lorsqu'il est devenu évident que cette ressource n'était pas illimitée, que les processus de fabrication dépendaient en grande partite de l'eau et que l'eau de qualité était toujours plus coûteuse qu'une action spécifique de conservation et de récupération de la ressource a été engagée. Dans ce chapitre, les voies possibles de conservation de l'eau et de recyclage des eaux résiduaires sont décrites. Des exemples de systèmes efficaces d'économie de l'eau sont donnés dans le cas des étapes de rinçage de l'industrie des traitements de surfaces qui consomment de grandes quantités d'eau. La technologie de séparation par membranes est introduite comme exemple des technologies modernes et c'est celle qui suscite le plus d'intérêt de la part des chercheurs.
De même que le chapitre précédent, le chapitre 9 a un objectif spécifique, concernant dans ce cas l'énergie en tant qu'autre élément particulier de la P+P. L'intérêt pour l'économie d'énergie est devenu une priorité industrielle pour des raisons économiques après la crise énergétique de 1973, bien avant que ne soit organisée la P+P. Ainsi, l'expérience énergétique a permis d'acquérir rapidement une méthodologie de la P+P. Bien que l'intérêt spécifique pour l'économie d'énergie soit retombé, il a ressurgi dans les programmes de P+P pour son importance dans le changement climatique. Le chapitre décrit le système d'énergie et analyse les principaux outils d'évaluation énergétique, ainsi que certaines options d'amélioration. L'industrie de la bière a été choisie pour illustrer certaines applications spécifiques.
Le chapitre 10 décrit comment mesurer les améliorations auxquelles a contribué la P+P, leurs liens avec le procédé novateur et la participation de la P+P à la transition vers un avenir durable. Le développement durable dépend de la capacité innovatrice permettant d'obtenir un facteur X de multiplication de l'efficacité dans l'utilisation des ressources. La gestion de la transition vers une société durable exige également des changements institutionnels dans la gestion de la connaissance et l'application d'une politique technologique définissant correctement la future trajectoire. De nombreuses industries pourront profiter de leur expérience en matière de P+P pour jouer convenablement leur rôle dans cette transition.
Les universités n'ont généralement pas la capacité de proposer aux étudiants des stages pratiques réels de P+P dans une industrie, notamment si l'assistance aux cours est importante. Ce chapitre décrit les opportunités de s'approcher de la réalité industrielle avec des éléments accessibles à tous. L'usine à ingéniosité est une pratique de groupe, dans le cadre de jeux d'entreprise, qui permet d'explorer dans un environnement partiellement réel la capacité acquise lors de la formation plus théorique. Une application plus concrète de la P+P consiste à évaluer la gestion de la cuisine familiale (l'entreprise alimentaire qui est à la portée de tous) en observant l'analogie des processus qui sont nécessaires pour cuisiner avec les procédés de fabrication réels. Une autre application consiste à évaluer les laboratoires dont disposent les facultés expérimentales, pour ensuite établir une liste d'options de P+P. Finalement, le diagnostic d'une faculté est exposé comme cas pratique facilement applicable dans toute université.
Chaque chapitre comprend une partie théorique avec la table des matières correspondante et une partie pratique incluant une série d'exercices davantage destinés à faire une pause permettant de faire des recherches et de réfléchir.
D'autre part, dans la plupart des chapitres nous trouvons également:
La production plus propre (P+P) concerne l'industrie et l'environnement. L'industrie est un outil économique et social qui contribue au bien-être et à la qualité de la vie mais elle est en même temps source de conflits environnementaux. Elle fait donc partie des objectifs du développement durable. Plusieurs pays ont adopté la P+P pour prévenir la pollution à la source.
L'objectif de ce chapitre est:
Le concept de développement durable [1], [2] commence à faire partie du vocabulaire usuel à partir de la publication, en 1987, du rapport Our Common Future [3], connu aussi sous le nom de rapport Brundtland, élaboré par la Commission des Nations Unies pour l'environnement et le développement. L'objectif de la Commission était de relier les problèmes de l'environnement à ceux du développement en associant la lutte contre la pauvreté à l'économie et à l'écologie. Les premières séries d'actions de développement durable ont été définies en 1992 dans l'Agenda 21 [4].
Le développement durable est défini comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Alors que la croissance économique représente une augmentation quantitative exprimée en unités monétaires, le développement durable est interprété comme une croissance qualitative qui évite l'épuisement des matières premières et les impacts sur l'environnement.
C'est au cours de la Conférence des Nations Unies pour l'environnement et le développement, célébrée à Rio de Janeiro en 1992, qu'est établi un premier plan d'actions pour le XXIe siècle, appelé par conséquent Agenda 21. Cet agenda global doit être la référence pour les gouvernements, les entreprises et tout type d'organisation pour tendre vers le développement durable. L'objectif de l'Agenda 21 est d'améliorer la qualité de vie des êtres humains tout en conservant la capacité de charge des écosystèmes où ils vivent. Cet objectif impose la conservation et la gestion correcte des ressources et le renforcement du rôle des groupes impliqués, y compris l'industrie. Les objectifs sont revus totalement tous les cinq ans. L'Agenda 21 a servi à stimuler l'implantation progressive de programmes de P+P dans le monde entier.
Le concept de développement durable a progressivement pris forme et, au cours de cette phase, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) a lancé en 1989 le concept de production plus propre (P+P) défini comme la manière de produire qui oblige, conceptuellement et dans le processus pour la réaliser, à considérer toutes les phases du cycle de vie d'un produit ou d'un processus dans l'objectif de prévenir ou diminuer les risques pour l'homme et l'environnement, à court terme et à long terme.
Quand il a été démontré que la propagation des polluants dans l'environnement était une forme de gestion de l'environnement qui ne pouvait pas durer, les traitements après processus (end-of-pipe en anglais) ont été introduits. Ils avaient pour but d'éliminer ou de réduire postérieurement les problèmes liés aux flux de déchets issus des processus, dans une étape réalisée de manière externe au processus de fabrication, une fois l'origine des flux de déchets localisée. Dans l'échelle de gestion des flux de déchets (liste 1.1), les traitements sont actuellement considérés comme l'avant-dernière option. Par ordre de préférence, ils sont situés uniquement avant l'élimination contrôlée.
Actuellement, les traitements sont considérés comme un moyen inefficace, matériellement et économiquement, de gestion des ressources. Ils peuvent réduire le risque associé à un flux de déchets, mais dans une large mesure ils transfèrent la pollution à un autre endroit (par exemple, le traitement des émissions atmosphériques se traduit par des eaux résiduaires, les traitements d'effluents aqueux génèrent des déchets solides, etc.)
La P+P permet d'éviter ou de réduire les besoins de traitements après processus des flux de déchets. Ainsi, par exemple, dans le secteur de la tannerie, appliquer une technique d'utilisation exhaustive des bains de chrome comme mesure de P+P, permet d'économiser les matières premières et en même temps de diminuer la charge polluante des effluents.
La production plus propre (en anglais Cleaner Production) est définie par le PNUE [5] comme:
La définition de la P+P a une grande portée mais c'est dans les années 90 qu'elle a trouvé sa meilleure application dans les processus de fabrication existants, notamment comme programme d'éco-efficacité orienté vers les PME. Sa progression dans les secteurs des produits et des services est évidente au XXIe siècle.
L'objectif de la production propre est la pollution zéro, mais tous les déchets sont des polluants potentiels et certains sont inévitables. S'il était possible d'éliminer tous les déchets, en les recyclant tous par exemple, le problème de la production propre serait facilement résolu, du moins en théorie. En définitive, la production complètement propre peut être impossible à atteindre mais, de même que l'émission zéro, elle représente un objectif pour l'amélioration constante de l'éco-efficacité. Pour cette raison, le terme descriptif production plus propre est utilisé afin d'éviter le dilemme issu de l'utilisation du terme production propre.
"L'application continue d'une stratégie de prévention environnementale intégrée aux processus, aux produits et aux services dans l'objectif d'en augmenter l'éco-efficacité et de réduire les risques pour les êtres humains et l'environnement. La P+P s'applique:
L'incorporation de la P+P exige des changements d'attitudes qui garantissent une gestion de l'environnement responsable, créent une politique nationale conductrice, et évaluent les choix technologiques".
La définition du PNUE a été adoptée telle quelle ou avec de légères différences, par la majorité des pays de la Méditerranée [6]. C'est juste qu'il n'y a pas de définition officielle ni de formule officieuse de la P+P dans des pays de l'Union européenne qui associent directement la P+P au développement durable (Italie) ou l'assimilent aux meilleures techniques disponibles (Grèce).
Le besoin de passer à des formes plus efficaces de gestion industrielle s'est propagé aux États-Unis d'Amérique à partir des années 70 du siècle passé. Dans ces années-là, on trouve quelques exemples comme le programme 3P: Pollution Prevention Pays. La mise en place du programme de minimisation a un rapport très étroit avec la pollution des sols. Dans les années 60, dans la plupart des pays, il était fréquent d'utiliser des puits et des fossés abandonnés pour y rejeter des déchets. Ils étaient souvent situés près d'agglomérations, dans des terrains bon marché et d'accès peu coûteux en ce qui concerne le transport. Des événements comme le Love Canal, aux conséquences regrettables à cause de la présence de produits toxiques enfouis dans des zones urbanisées, ont de plus en plus alerté l'opinion publique jusqu'à ce que le Congrès américain approuve le Resource and Recovery Act en 1970, et le Resource Conservation and Recovery Act (RCRA) en 1976.
Le RCRA a été débattu au Congrès en même temps que le Toxic Substances Control Act, qui traitait du problème de l'introduction de nouvelles substances chimiques dans le réseau commercial. Probablement à cause de la frayeur provoquée par le prix à payer pour le nettoyage des sols, dans des programmes aux coûts astronomiques, le National Research Council, en 1985, et l'Office of Technology Assessment, en 1986, recommandent la réduction des déchets comme la solution la plus économique pour contrôler la pollution. Presque immédiatement, l'USEPA publie son analyse des meilleures solutions permettant de réduire la pollution, définie comme " minimisation des déchets " [7]. Pour l'USEPA, la minimisation des déchets se réfère à toute action destinée à réduire le volume ou la toxicité des déchets dangereux réglementés. Par conséquent, elle n'inclut pas seulement la réduction à la source mais aussi les recyclages et les traitements.
Considérant que, la manière dont elle avait été officiellement définie, la minimisation ne donnait pas de priorité suffisante à la réduction à la source, les États-Unis approuvent en 1990 le Pollution Prevention Act qui définit la prévention de la pollution comme " toute pratique qui réduit la quantité de toute substance dangereuse ou polluante qui entre dans la composition de n'importe quel flux de déchets ou qui est émise dans l'environnement (émissions fugitives incluses) avant son recyclage, son traitement ou son élimination ".
(En anglais, pollution est le mot préféré pour désigner la contamination qui peut provoquer des dommages).
Dans les années 80, le gouvernement de l'Ontario au Canada promeut aussi la réduction à la source et publie en 1987 un manuel d'audit et de réduction de déchets industriels [8] en avance sur son temps.
Pour le Gouvernement fédéral du Canada, fait partie de la prévention de la pollution toute action qui réduit ou élimine la production de polluants ou de déchets à la source, par des activités qui promeuvent, encouragent ou exigent des changements dans les modèles de base du comportement des acteurs de l'activité industrielle et commerciale, des institutions, de la communauté, du gouvernement et des particuliers. La prévention de la pollution comprend des pratiques qui éliminent ou réduisent l'utilisation de matières, dangereuses ou non, d'énergie, d'eau ou d'autres ressources ainsi que les pratiques qui protègent les ressources naturelles par une conservation ou une utilisation plus efficace.
Depuis 1977, le PNUE a réalisé, avec la Commission économique pour l'Europe (CEE), une série d'activités visant à stimuler l'adoption de formes de production plus correctes du point de vue environnemental. Elles ont été définies comme technologies de bas déchets ou sans déchets, mais certains événements européens, dans les années 80, s'y réfèrent sous le nom de technologies propres [9].
Les premiers antécédents de la mise en place de la P+P en Europe se trouvent dans un projet de minimisation de déchets élaboré à Landskrona (Suède).
L'étude de Landskrona débute en 1987 avec l'objectif d'explorer les avantages économiques et environnementaux de la réduction à la source de rejets liquides et d'émissions de gaz. En Hollande, à partir de 1988, une étude appelée PRISMA, avec les caractéristiques de la P+P, est menée. L'étude a conclu qu'on pouvait réduire à court terme la production de déchets, obtenant ainsi des améliorations dans la qualité des produits et une augmentation de la productivité. Suivant le succès de PRISMA, est organisé au niveau européen un projet sous le nom de PREPARE (Preventive Environmental Protection Approaches in Europe) qui fait la promotion, dans divers pays européens, de programmes appliquant la méthodologie de la P+P.
Dans l'objectif de créer un réseau destiné à partager l'information et à promouvoir le transfert des technologies propres, les experts réunis en 1988-89 par le PNUE recommandent la publication d'un bulletin intitulé production plus propre, initiant ainsi la divulgation du concept de la P+P.
La Conférence de Rio 1992 incorpore l'environnement, ainsi que les facteurs économiques et sociaux, comme cadre du développement durable. Pour réussir à modifier les modèles antérieurs de production et de consommation, le besoin du développement et du transfert de technologies propres est confirmé et un élan décisif est pris dans la direction indiquée par la P+P.
En quelques années, la méthodologie de la P+P a été diffusée par le PNUE et implantée par l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) dans plus de vingt pays dont l'économie est en phase de transition (en Europe centrale et de l'Est), et dans des pays en développement (en Amérique latine, en Asie et en Afrique), par l'échange, entre pays, de l'expérience spécifique acquise dans divers secteurs industriels. Parallèlement au programme du PNUE/ONUDI, certains pays d'Amérique du Nord et d'Europe, particulièrement conscients que les petites et moyennes entreprises (PME) ne disposent pas toujours des moyens et du temps nécessaires pour adapter le nouveau modèle, ont choisi aussi de diffuser des concepts identiques basés sur leurs propres expériences, avec une forte incidence sur les pays méditerranéens.
Une des premières initiatives en matière de P+P menée dans le pourtour méditerranéen a été prise par le Gouvernement catalan (Espagne) en 1991. Celui-ci a réalisé un guide pour l'évaluation des opportunités de réduction des déchets dans les processus industriels [10]. Plus tard, à partir de nombreuses expériences dans différents secteurs, sera publié un méthodologie de gestion de l'environnement: le Diagnostic environnemental des opportunités de minimisation (DEOM) [11]. Au niveau institutionnel, le Centre d'initiatives pour la production propre (qui deviendra plus tard le Centre pour l'entreprise et l'environnement, le CEMA) a été créé en 1994 afin de promouvoir, au sien des entreprises catalanes, les objectifs et les avantages de la réduction de la pollution à la source.
En général, dans les pays méditerranéens, tant qu'il n'existait pas de centres spécifiques consacrés à la P+P, les Ministères de l'environnement ou leurs agences, comme l'ADEME en France, conjointement avec les associations écologiques, les chambres de commerce et d'industrie et les universités agissaient en faveur de la sensibilisation et de la diffusion de technologies plus respectueuses de l'environnement, et de la P+P, entendue comme l'alliance entre la gestion et la technologie.
Des centres pour la P+P ainsi que des entités similaires se sont progressivement mis en place dans les régions du sud et de l'est de la Méditerranée, Malte et la Tunisie étant des pionniers dans la mesure où ils ont été les premiers pays de la région, avec la Catalogne, à créer des centres spécialisés dans la P+P. Depuis 1994, il existe un Centre de technologie propre situé dans l'université de Malte et mis en place par le Ministère de la protection de l'environnement. En 1996, la Tunisie, dans un mouvement intense, introduit la P+P dans le pays sous l'égide de l'USEPA et ensuite du programme du ONUDI/PNUE. Par la suite, ce mouvement sera repris par le Centre international pour les technologies environnementales de Tunisie [12]. Plus tard, la quasi-totalité des pays du sud et de l'est de la Méditerranée ont établi ou sont en train d'établir des centres de P+P avec le soutien, dans la plupart des cas, d'agences internationales de coopération et de développement.
De manière générale, les pays méditerranéens de l'Union européenne n'ont pas d'engagement spécifique en matière de P+P. Cependant, ils la considèrent comme faisant partie intégrante des activités imposées par les directives environnementales de l'UE, notamment la directive IPPC et les meilleures techniques disponibles (MTD) éditées. Il y a néanmoins des exceptions, comme l'Espagne avec la CEMA en Catalogne et l'IHOBE au Pays basque.
Les principes de base qui guident la stratégie de la P+P selon l'AEE [13] sont:
Il est exprimé dans le principe n° 15 de la Déclaration de Rio 1992, en faisant appel à tous les États à l'appliquer dans la mesure du possible afin de protéger l'environnement. Le principe de précaution stipule que " là où il y a des menaces de dommages sérieux ou irréversibles, le manque de certitude scientifique ne doit pas être un alibi pour différer des mesures efficaces pour éviter la dégradation de l'environnement ".
En pratique, la différence avec le principe précédent est que dans le cas d'un produit ou d'un processus dont on sait qu'il provoque des dommages, il faut introduire des changements dans les causes. La prévention exige d'agir en amont dans le processus de production afin d'éviter le problème à la source au lieu d'essayer de contrôler les dommages provoqués en aval. Il incite également à utiliser des énergies renouvelables et à opter pour l'efficacité énergétique au lieu de consommer inefficacement des énergies fossiles.
L'intégration exige d'avoir une vision holistique du cycle de production qui protège de manière intégrée et évite le transfert de polluants entre différents compartiments environnementaux (air, eau et sol) et qui tienne compte de tout le cycle de vie des produits.
Le principe de démocratie implique toutes les personnes affectées par la forme sous laquelle est gérée l'activité industrielle, ce qui inclut la population, les travailleurs et les résidents locaux. Le principe est formalisé, par exemple, dans la directive européenne EMAS II (d'adoption volontaire), dans les aspects de communication et de relations extérieures, et l'implication des travailleurs. Par ailleurs, le principe démocratique soutient fondamentalement le droit à l'information environnementale.
L'expérience accumulée dans l'application de la P+P montre que, lorsqu'il s'agit de produire, la meilleure manière d'introduire les principes n° 2 et n° 3 est d'intégrer la protection de l'environnement dans le processus de production [14].
L'éco-efficacité est une stratégie qui associe l'amélioration de l'environnement aux avantages économiques. Comme stratégie, elle permet d'obtenir des processus de production plus efficaces et de réduire en même temps la consommation de ressources et la pollution (figure 1.2). L'éco-efficacité stimule l'innovation et la compétitivité et elle peut donc offrir des opportunités significatives pour l'entreprise. Son objectif est de faire croître les économies de façon qualitative plutôt que quantitative. En résumé, elle cherche à créer plus de valeur avec moins d'impact.
Figure 1.2 La P+P et l'éco-efficacité dans la prévention à la source de la pollution
Le concept d'éco-efficacité a été adopté dans son intégralité par le Conseil mondial des affaires pour le développement durable(WBCSD, World Bussiness Council for Sustainable Development) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le WBCSD, auquel quelques-unes des grandes sociétés mondiales apportent leur support, est passé de l'utilisation de l'éco-efficacité comme simple concept (ainsi le faisait-il en 1991) à sa désignation comme un outil pour améliorer le comportement des entreprises. Le WBCSD a reconnu qu'il existait un parallèle entre l'éco-efficacité et la P+P. Les deux concepts ont pris forme presque en même temps, se sont développés parallèlement et se sont renforcés mutuellement grâce aux échanges de savoir-faireet d'expériences [15], [16].
Pour le WBCSD, soutenu par certaines grandes entreprises mondiales, l'éco-efficacité peut uniquement être atteinte si nous pouvons livrer des biens et services produits de manière compétitive qui satisfont les besoins humains et améliorent la qualité de vie, et si en même temps se réduisent progressivement l'impact écologique et l'utilisation des ressources à un niveau, au minimum, en accord avec la capacité de charge de la terre.
L'OCDE promeut aussi le concept d'éco-efficacité. Les opportunités sont données à tous les types d'entreprise bien que la formule d'application d'éco-efficacité varie habituellement entre les grandes entreprises et les PME.
Pour l'OCDE, l'éco-efficacité traduit l'efficacité avec laquelle sont utilisées les ressources pour satisfaire les besoins humains. Elle peut être considérée comme le rapport entre la production ou services obtenus (output) et la somme des pressions environnementales créées (input). Ce rapport peut se référer soit à une entreprise, soit à un secteur industriel ou soit à l'économie dans son ensemble. Les études de l'OCDE confirment les expériences de P+P en estimant que les fabricants ont trouvé des formes rentables de réduire de 10 à 40 % l'utilisation de matières, d'énergie et d'eau par unité de production. Elles affirment également que les technologies contrôlées peuvent diminuer l'utilisation de substances toxiques de 90 % ou plus.
Pour l'OCDE, les opportunités pour l'éco-efficacité se trouvent dans quatre domaines:
Les grandes entreprises disposent d'une série de ressources propres qui leur permettent d'intégrer l'éco-efficacité en interne et avec des moyens internes. C'est une grande différence avec la capacité limitée de nombreuses PME. Pour cette raison, d'abord au niveau de quelques pays industrialisés et ensuite à travers des programmes internationaux, la P+P a été coordonnée comme une méthodologie spécifique pour mettre l'éco-efficacité à la portée des PME, aussi bien dans des pays industrialisés que dans des pays en développement.
L'OCDE attribue aux gouvernements la responsabilité d'établir un cadre politique qui réduit la distance entre les objectifs sociaux et privés, ainsi que celle de renforcer la consistance des efforts que les entreprises avons que appliquer pour améliorer leurs conditions financières environnementales, et du travail. L'OCDE, conjointement avec la réglementation et les mesures économiques incitatives, préconise la création d'un climat favorable à l'innovation qui permettrait d'offrir de nouvelles options pour améliorer ces conditions. Les gouvernements ont aussi un rôle important à jouer dans la communication, afin que le public comprenne mieux la différence entre la prévention des déchets et les activités plus classiques comme le recyclage [17].
Quant à les conditions environnementales, a fin d'assumer ses responsabilités, exigences vis-à-vis du producteur, apport de garanties à l'usager ou respect de l'honnêteté du message, le gouvernement doit s'assurer que le cadre politique développé cherche à:
Pour l'OCDE, la P+P et l'éco-efficacité sont les initiatives instrumentales qui ont permis d'augmenter l'efficacité dans la prévention des déchets. L'organisation demande une stratégie gouvernemen qui porte d'abord son attention sur les déchets ou matières représentant un risque intrinsèque ou des effets indirects significatifs au cours de leur extraction, utilisation ou gestion.
Une stratégie du prévention des déchets se caractérise par quatre aspects:
Depuis le milieu des années 90, les pays du pourtour méditerranéen ont continuellement effectué des progrès dans l'adoption de mesures qui, directement ou indirectement, favorisent l'implantation de la P+P[6],[12]. Des centres nationaux de P+P ont été créés, ou sont en cours d'implantation dans la majorité des pays de l'est et du sud de la Méditerranée.
Ce ne sont pas uniquement les centres nationaux de P+P qui ont favorisé ces progrès mais d'autres institutions comme les chambres de commerce et d'industrie, les universités ainsi que d'autres centres, certains spécialisés en énergie, ont également participé à cet effort.
Nombre de ces pays traversent une étape de modernisation industrielle et leurs institutions publiques considèrent que la P+P peut être un outil permettant d'améliorer sensiblement les actions environnementales des entreprises simultanément avec l'augmentation de la compétitivité, même dans le cas où les autorités compétentes en matière d'environnement appliqueraient la législation de manière laxiste. La majorité des pays qui ont développé ou actualisé leurs plans d'action nationaux pour l'environnement ont généralisé la P+P comme élément-clé pour l'introduction du développement durable dans le secteur industriel.
En revanche, dans les pays du nord de la Méditerranée, les centres qui se consacrent exclusivement à la P+P ne sont pas nombreux, excepté en Espagne parce que la P+P est considérée comme faisant partie des programmes généraux adoptés par les organismes responsables de la gestion des déchets.
La plupart des pays de la Méditerranée ont approuvé des lois et des règlements qui abordent de manière préventive les questions de prévention de l'environnement et qui incluent des évaluations de l'impact industriel des projets industriels, la directive européenne du contrôle intégral et préventif de la pollution, des normes d'étiquetage écologique, etc.
Des différences notables entre pays apparaissent et perdurent dans l'application effective de la réglementation. Ces différences peuvent être imputées à diverses causes comme la faible mobilisation de l'opinion publique, l'insuffisance des ressources économiques et humaines nécessaires aux organismes environnementaux ainsi que le manque de coordination entre ces organismes.
Dans presque tous les pays méditerranéens, le nombre de programmes, d'initiatives et d'applications de différents outils pour la promotion de la P+P a augmenté, que ce soit comme résultat de l'implantation de leurs propres stratégies pour le développement et la protection de l'environnement, ou que ce soit comme le fruit de la collaboration internationale.
Une grande partie des initiatives relatives à la P+P est dirigée aux petites et moyennes entreprises (PME) qui, auparavant, ne faisaient guère l'objet d'attention de la part des institutions et qui n'avaient pas participé aux engagements de durabilité, bien que l'ensemble des PME soit l'élément productif prépondérant.
Malgré les progrès évidents, les efforts de beaucoup de pays méditerranéens sont encore gênés par de nombreuses difficultés qui entravent l'implantation effective de la P+P. Ces obstacles peuvent aller depuis l'absence d'une prise de conscience collective et de méconnaissance des avantages de la P+P de la P+P jusqu'au manque de soutien financier nécessaire pour mettre en pratique les mesures d'efficacité prévues par la P+P.
Dans de nombreux pays, la méconnaissance, associée au manque d'informations disponibles, de formation, d'experts et de diffusion des expériences positives des autres, sont les problèmes les plus fréquents qui mettent en évidence l'insuffisance des ressources humaines spécialisées pour donner un élan à la P+P. À tout cela, s'ajoute le manque de documentation technique écrite en langue locale, ce qui affecte particulièrement la diffusion de laP+P au sein des PME.
Les aides économiques permettant de promouvoir la voie préventive de la P+P sont limitées et insuffisantes. Dans certains pays, le manque de soutien financier de la part du gouvernement pour commencer avec les évaluations de la P+P dans les entreprises peut être interprété comme une faible influence que les centres de P+P exercent sur les politiques et les réglementations nationales.
À une époque où de nombreux pays méditerranéens moins développés connaissent une transformation économique de grande importance, avec une tendance notable vers la privatisation des entreprises publiques, le manque d'engagement gouvernemental et de soutien des institutions se fait sentir. Dans la plupart des cas, les plans d'action pour la restructuration industrielle n'incluent pas spécifiquement de forme de P+P. En la mayoría de casos, los planes de acción para la reestructuración industrial no incluyen de manera explícita una forma de P+P. Le manque de mécanismes administratifs nécessaires et le laxisme dans l'application de la réglementation n'encouragent pas l'industrie à adopter de nouvelles initiatives de P+P.
À de nombreuses casus on a remarqué une certaine crainte de la part des hauts cadres responsables en matière d'innovation, ainsi que des difficultés à convaincre les niveaux intermédiaires de la direction. Ce sont là des exemples de la résistance générale des entreprises à changer les pratiques de gestion et les processus de production existants. Dans ce sens, les PME affichent des attitudes particulièrement conservatrices.
La faible capacité des PME à faire des calculs de coûts et le manque de support d'experts font que les chefs d'entreprises n'arrivent pas à voir les bénéfices directs que la P+P peut apporter dans leurs processus de fabrication.
D'autre part, les possibilités des entreprises du secteur privé, notamment les PME, pour obtenir un soutien financier direct des banques sont très faibles. Les institutions financières elles-mêmes n'ont pas de systèmes permettant d'effectuer de manière simple l'évaluation économique de projets de P+P, et elles hésitent donc à les financer.
Les possibilités d'obtenir un soutien financier sont d'autant plus réduites lorsque l'on ne dispose pas d'analyse exhaustive des coûts, d'application de méthodes analytiques de coût-bénéfice ou de procédure d'évaluation des avantages intangibles des différentes alternatives technologiques à l'heure de les comparer.
Au niveau macroéconomique, le cadre politique international ne reconnaît pas encore la dépendance complexe qui existe entre environnement et économie. Cette reconnaissance est pourtant nécessaire pour introduire le développement durable. Les systèmes de comptes nationaux actuels ssont la référence de laquelle sont extraits les principaux indicateurs économiques qui servent ensuite de base pour élaborer les politiques nationales et pour en évaluer l'efficacité.
Les hommes politiques, les chefs de grandes entreprises, les médias et même le public intéressé prennent des décisions basées sur ces données. Cependant, le système des comptes nationaux, peu soucieux de la nécessité du développement durable, ne tient compte ni de la disparition, ni de la dégradation des ressources naturelles. Cette carence constitue un des principaux obstacles à la progression dans l'internalisation des coûts environnementaux. Par ailleurs, elle est propice aux subventions arbitraires pour l'achat de certaines ressources non renouvelables.
Certains pays continuent de subventionner les dépenses d'énergie et d'eau de l'industrie. Le prix relativement bas de l'eau et de l'énergie a une influence négative sur le comportement des industriels dans la mesure où cela les dissuade d'utiliser les ressources de manière rationnelle. De la même manière, les subventions n'incitent pas les industriels à adopter des mesures d'économie des ressources (quand elles ne favorisent pas une consommation exagérée).
Au niveau macroéconomique, les difficultés apparaissent quand l'opportunité d'implanter la P+P se trouve en concurrence avec d'autres investissements nécessaires à l'entreprise, comme par exemple les améliorations au niveau de la sécurité ou de la qualité des processus, et quand des ressources propres pour tous les projets ne sont pas disponibles. Souvent, et plus encore dans le cas des PME, les entreprises n'ont pas la capacité d'estimer de manière suffisamment complète leurS coûts environnementaux.
Si elle doit obtenir le financement de sources externes et si les conditions économiques ne sont pas favorables, circonstance qui n'a rien d'exceptionnel dans les secteurs productifs, l'entreprise peut renoncer à investir dans les options de P+P malgré leur rentabilité.
Les cadres dirigeants ne connaissent pas l'origine des dépenses environnementales effectuées par l'entreprise. Comme elles ne sont ni comptabilisées, ni enregistrées, ni assignées aux produits correspondants, les chefs d'entreprise sont dans l'impossibilité de démontrer que le traitement en fin de ligne de production ou l'élimination des déchets a un coût plus important que celui d'une politique de prévention. La prise de décision se fait en l'absence de ces données économiques.
La position rigide adoptée par les établissements de crédit privés est aussi un obstacle financier car leur décision de financer ou non des initiatives de P+P ne tient pas compte de la viabilité du projet en lui-même. Au contraire, cette décision est prise exclusivement en fonction des données économiques et financières fournies par l'entreprise qui, en général, ne reflètent pas le projet de P+P.
À l'exception de certains cas où sont utilisés des fonds de roulement, administrés par des institutions pour financer des projets de P+P, la situation est loin d'être satisfaisante.
Ces dernières années, après avoir reconnu que le financement des projets est un des aspects critiques pour créer un cadre favorable à la P+P, le PNUE et les autres acteurs du soutien à la P+P ont porté une attention particulière à la recherche de solutions à ce problème. La communauté d'experts en matière de P+P cherche aussi des mécanismes appropriés qui puissent convaincre les institutions financières de soutenir ces investissements. Malgré les efforts fournis, aucun système pour surmonter cet obstacle si critique n'a été trouvé.
Les entités qui souhaitent donner un élan à la P+P ne peuvent pas faire grand chose au niveau macroéconomique. Par contre, elles peuvent apporter une aide précieuse aux entreprises grâce à leurs connaissances en comptabilité environnementale. Pour que l'aide soit efficace, il faut qu'elles collaborent avec les départements d'administration/comptabilité des entreprises, en facilitant des procédures, dont l'efficacité est démontrée, pour l'évaluation analytique de coûts et l'assignation de coûts environnementaux.
Le manque d'informations est considéré comme un autre des principaux obstacles pour l'implantation de la P+P. Cependant, des dossiers très complets sur la P+P et sur d'autres thèmes en rapport avec la P+P, comme la prévention environnementale et l'éco-efficacité, préparés par des centres comme le PNUE/DTIE et le CAR/PP qui travaillent respectivement au niveau international et méditerranéen sont actuellement disponibles.
Une bonne partie de ces informations peut se télécharger gratuitement, mais malheureusement beaucoup d'entreprises du secteur industriel, notamment les PME, n'ont pas accès à Internet. Un autre inconvénient peut résider dans la prolifération excessive d'informations, ce qui peut décourager les chefs d'entreprise qui disposent de peu de temps. Il faut également signaler la difficulté que représente pour beaucoup d'entreprises le fait que l'information disponible ne soit pas dans leur langue (la plus grande partie de l'information est en anglais) et qu'elle est, par conséquent, inaccessible à une grande partie (ou à la totalité) du personnel de l'entreprise.
Le site Web de ce dernier regroupe toute une somme d'informations sur l'application de la P+P dans le secteur industriel de cette région. Parmi elles, l'on trouve une série de fiches (MedClean) montrant des cas réels d'entreprises qui ont introduit des changements dans leurs systèmes de production afin de minimiser les impacts sur l'environnement qui leur sont associés. (voir l'exemple donné dans la fiche (MedClean) montrant des cas réels d'entreprises qui ont introduit des changements dans leurs systèmes de production afin de minimiser les impacts sur l'environnement qui leur sont associés. (voir l'exemple donné dans la fiche MedClean nº 6, qui présente un cas général sur l'application de la P+P dans l'industrie textile en Turquie).
Aujourd'hui, grâce au courrier électronique et aux forums d'experts, les professionnels de la P+P peuvent communiquer entre eux depuis les quatre coins du monde. Les sites Web des principaux organismes spécialisés affichent leurs informations sur Internet, proposent des liens avec d'autres portails qui traitent de la même question et fournissent les liens vers les meilleures ressources existantes sur la P+P et la prévention de la pollution.
Au cours de ces dernières années, une grande quantité d'informations, de ressources et de matériels de formation, concernant tous les thèmes de la P+P, ont été mis à la disposition du public, que ce soit sous la forme de documents imprimés ou sur Internet: manuels et guides, études de cas pratiques dans presque tous les secteurs industriels, outils permettant d'améliorer l'activité des professionnels (conception écologique, procédures d'achat vert, comptabilité environnementale, etc.), manuels de consultation sur les systèmes de gestion environnementale, etc.
Les centres de P+P et les universités peuvent jouer un rôle important dans la diffusion de cette information et dans la préparation des professionnels. Malheureusement, il est bien connu que les universités et l'industrie entretiennent des relations sommaires. Et même quand elles collaborent, les résultats sont loin de répondre aux besoins réels des entreprises. Les universités, comme centres de formation de futurs techniciens du tissu productif, pourraient jouer un rôle plus important dans la P+P en intégrant ses principes dans les programmes de transmission de la connaissance.
Le développement durable oblige à atteindre des objectifs dans trois systèmes: biologique (écologique), économique et social. Placer dans le tableau les objectifs et buts typiques correspondant à chacun des systèmes [18].
Systèmes | Objectifs | Buts typiques |
---|---|---|
Biologique (écologique) | ||
Économique | ||
Social |
La P+P convient et peut s'appliquer à tous les types d'entreprises quelles que soient leurs tailles. Cependant, les moyens dont elles disposent pour sa mise en place ne sont pas identiques. L'objectif de ce chapitre est de revoir les rapports entre P+P et entreprises, notamment entre P+P et petites et moyennes entreprises (PME):
La production industrielle se fait dans des entreprises ayant des caractéristiques très variées en fonction:
Même dans les pays les plus industrialisés, il existe des entreprises ayant des structures et des fonctions très simples. À l'opposé, on trouve les grandes sociétés avec de nombreux centres de production et beaucoup d'entreprises qui, indépendamment de leurs tailles, appliquent des processus de production modernes d'une certaine complexité.
Les processus de production industrielle modernes appartiennent souvent à l'une ou l'autre des catégories suivantes:
Il est possible de mettre en place l'éco-efficacité dans tout type d'entreprise. En fait, beaucoup d'entreprises englobées sous le terme de petite et moyenne entreprise (PME) ont souvent une capacité d'introduire des innovations que n'ont pas de grandes entreprises aux structures trop centralisées.
En général, les PME présentent des caractéristiques qui les distinguent des grandes entreprises [19]:
La petite et moyenne entreprise (PME) n'a pas de définition spécifique mais elle dépend dans une certaine mesure du territoire où elle s'applique et, en outre, elle évolue avec le temps notamment en ce qui concerne les facteurs économiques. Il faut faire aussi une distinction entre la petite entreprise et la micro-entreprise.
Si nous prenons comme référence la définition actuelle de l'Union européenne (UE) une PME est une entreprise qui:
La petite entreprise:
On peut définir une micro-entreprise comme une entreprise qui emploie moins de 10 salariés.
La responsabilité des PME dans la dégradation de l'environnement du pourtour méditerranéen ne peut pas être définie avec précision mais elle est probablement importante dans la mesure où 80 % à 90 % des entreprises sont des PME. Leur contribution à la production totale est importante et elles sont prépondérantes dans des secteurs traditionnellement polluants comme le textile, la tannerie, l'imprimerie, les recouvrements de surfaces, etc.
Dans certains pays, la disponibilité de sol industriel, la demande de produits de consommation bon marché et l'abondante main-d'uvre non qualifiée ont favorisé le développement de PME de faible niveau technologique dans les villes. Nombre de ces entreprises ont profité de la protection et de la tolérance des pouvoirs publics pour continuer à pratiquer une gestion inefficace et peu productive. Ce modèle de développement a contribué à l'apparition de pics de pollution.
Dans certains pays l'industrie a pris conscience du caractère non durable du progrès à long terme si ce modèle perdurait et a reconnu la nécessité d'éviter ou de réduire la pollution en prenant des mesures préventives et en favorisant l'adoption de la P+P. Les modèles de production et de consommation s'améliorent lentement dans ces pays. Le rôle des PME dans la réduction de la dégradation de l'environnement devrait être important en fonction de leur poids dans l'ensemble de la production industrielle.
Certains pays du nord-est de la Méditerranée entrent actuellement dans une phase de restructuration économique comme conséquences des réformes politiques appliquées après la chute du communisme et l'amorce d'un processus de libéralisation progressive du marché. La disparition de la planification centralisée a été accompagnée de réformes législatives et institutionnelles ainsi que d'un processus de privatisation. Même s'ils avancent à leur rythme, ces pays sont en train de démontrer un engagement social de haut niveau et de procéder à des améliorations technologiques qui côtoient des technologies obsolètes et polluantes. Dans ce contexte, les PME ont amorcé leur propre processus de développement et de contribution à la production industrielle.
Pour rendre leurs processus compatibles aux exigences de protection de l'environnement, les grandes entreprises ont l'habitude d'avoir leurs propres équipes avec suffisamment de connaissances et d'expérience en matière de gestion de l'environnement ou bien elles ont assez de ressources pour passer un contrat avec des services extérieurs qui puissent répondre à leurs nouveaux besoins. En revanche, les PME ont souvent une vision déformée de ce qu'est la P+P et des difficultés pour l'appliquer et transformer ainsi des réglementations en facteurs favorables.
Les raisons alléguées par les PME quand elles ne consacrent pas assez d'attention et de ressources à la gestion de l'environnement sont généralement au nombre de trois: manque de temps, manque d'argent et technologie appropriée inexistante. Ainsi, on peut souvent entendre des excuses comme: " notre personnel qualifié est trop occupé à d'autres tâches pour qu'il puisse se consacrer à donner une réponse proactive aux exigences environnementales " ou " nos ressources financières sont utilisées pour d'autres priorités " ou encore " l'information nécessaire pour concevoir une stratégie de changement n'existe pas ". Dans ces cas-là, les allégations sont associées avec la perception que le facteur environnemental ne peut être que négatif pour l'entreprise.
D'autre part, beaucoup de PME ont une grande capacité d'innovation et une facilité d'adaptation aux conditions actuelles, supérieure à celle des grandes entreprises. Ces PME peuvent tirer parti du fait que la complexité industrielle exige que les systèmes de production soient décentralisés et flexibles, capables de s'adapter plus facilement aux vagues de changements imposés par le marché. La P+P a les ingrédients nécessaires pour être le tremplin à partir duquel elles progresseront vers une stratégie novatrice. Dans le cas contraire, les entreprises fermées à la question de l'environnement peuvent perdre l'opportunité d'être plus compétitives et de s'assurer une place dans le futur industriel en appliquant des mesures d'éco-efficacité.
Le premier argument avancé par les entreprises pour appliquer une gestion de l'environnement qui inclue la P+P est qu'elle facilite le respect des dispositions législatives. Mais, alors que d'autres mesures environnementales ont un coût, les mesures de P+P se justifient parce qu'elles représentent un avantage économique tangible ou, ce qui est moins évident, parce qu'elles peuvent apporter des améliorations à l'entreprise.
Les opportunités d'application de la P+P sont plus nombreuses quand les entreprises se voient obligées d'internaliser des coûts environnementaux parce que le principe du pollueur payeur leur est appliqué et qu'elles doivent procéder à des traitements après processus ou faire appel à un gestionnaire de l'environnement pour prendre en charge les déchets.
Les motivations économiques ne sont souvent pas les seules. Il peut y en avoir d'autres comme le souci de préserver une certaine image de l'entreprise ou la volonté d'éviter toute situation dans laquelle l'opinion publique pourrait associer à l'activité de l'entreprise des dommages corporels ou environnementaux provoqués par une pollution.
En résumé, les mesures incitatives pour l'application de la P+P qui peuvent être identifiées sont très diverses et peuvent:
Il est possible de trouver une raison supplémentaire, de plus en plus importante, pour mettre en place un programme de P+P dans certaines entreprises. Les PME fournissent souvent des produits à de grandes entreprises qui exigent de leurs fournisseurs une politique et un comportement environnementaux corrects et exemplaires. Une entreprise peut être exclue du catalogue de fournisseurs si elle ne remplit pas ces conditions. De plus en plus, les PME, qui font partie intégrante d'une chaîne de production, se trouvent dans l'obligation d'adopter un système de gestion de l'environnement (SGE) qui satisfait le client.
L'adaptation des clients industriels et des consommateurs à certaines exigences, et la possibilité d'afficher un label environnemental correct peuvent être aussi importantes aujourd'hui que les exigences de qualité ou la livraison just-in-time (JIT).). De même qu'il peut être exigé au fournisseur une garantie de qualité, avec la norme ISO 9000 par exemple, il peut aussi lui être exigé une garantie de qualité environnementale comme disposer d'un système de gestion de l'environnement (chapitre 3) qui inclura d'une certaine manière la P+P.
Malgré les mesures incitatives déjà citées, la P+P peut avoir à résoudre une série de difficultés pour son implantation. Pour vaincre ces obstacles, ces difficultés doivent être identifiées et surmontées en même temps que les avantages de P+P deviennent plus explicites. Dans nombre de pays méditerranéens, il y a encore de sérieux obstacles à l'implantation de la P+P [20].
Les principales difficultés rencontrées dans certains pays apparaissent au niveau:
Au niveau macroéconomique, les acteurs de la politique internationale ne reconnaissent pas le rapport entre économie et environnement, nécessaire pour atteindre le développement durable. Le système de comptabilité national d'où viennent les principaux indicateurs économiques qui servent à élaborer des politiques et à en mesurer l'efficacité ne tiennent pas compte de l'épuisement des ressources naturelles ni de la pollution du territoire. Le développement durable n'est donc pas envisagé, et le processus d'internalisation de coûts environnementaux n'est pas favorisé.
En outre, certains pays du pourtour méditerranéen continuent encore à subventionner les dépenses d'énergie et d'eau de l'industrie, dissuadant ainsi les entreprises d'adopter des techniques utilisant les ressources de manière rationnelle.
La mise en place d'un programme de P+P est facilitée si la vision des caractéristiques particulières de l'entreprise est bonne. Au cours de la première phase, particulièrement si l'implantation de la P+P est effectuée avec la collaboration d'un consultant externe, il convient de préciser les caractéristiques de l'industrie en ce qui concerne les aspects suivants (outre les coordonnées particulières de l'entreprise: adresse, responsables, secteur industriel, taille, etc.):
Un des facteurs les plus spécifiques des entreprises est le contexte de complexité technique de fabrication, généralement en étroite relation avec le secteur industriel dont il s'agit. Il a été proposé jusqu'à 10 groupes pour classer les entreprises [21], mais pour aborder la P+P, il est suffisant de considérer quatre groupes principaux:
Quand différents produits sont fabriqués, le fait de connaître la distribution en pourcentage des divers produits et les séquences de production aide à planifier les évaluations. Les problèmes d'environnement seront probablement concentrés sur quelques produits ou étapes de production, produits ou étapes qui demanderont le plus d'attention.
Pour analyser formellement la structure de l'organisation, des questions sur certaines dimensions ou variables primaires de toute organisation peuvent être posées [21]:
Dans les procédés de fabrications modernes, il est très important d'évaluer le niveau d'intégration et de dépendance d'une entreprise dans la chaîne client-fournisseur. Il convient de connaître quelques aspects du niveau d'interdépendance entre les deux parties:
Il y a deux manières principales de voir une organisation: la vision fonctionnelle et la vision de processus.
La vision fonctionnelle est liée à l'organigramme de l'entreprise. Les ressources appartiennent aux départements. Les fonctions spécialisées sont réunies dans les départements qui se mettent en relation de manière structurelle à travers une hiérarchie d'informations. Les programmes fonctionnels d'améliorations cherchent à augmenter le caractère effectif et l'efficacité des fonctions spécifiques ainsi que des départements.
La vision de processus aborde le travail en lui-même en identifiant les éléments du travail (processus) qui doivent être exécutés pour que l'entreprise fonctionne. Cette forme de considérer l'entreprise est avantageuse pour la relation client-fournisseur parce qu'elle correspond à la manière avec laquelle le client interagit avec l'entreprise: établissement de contrats, garantie de la qualité, réception des produits et des services, paiements et demandes d'assistance après-vente. Les processus fondamentaux sont divisés en sous-processus qui sont eux-mêmes divisés en activités. Une compréhension claire de ce que sont les processus (de travail) qui ont lieu dans l'entreprise permettra au chef d'entreprise d'appliquer des mesures d'amélioration continue et d'obtenir une gestion totale et effective basée sur les coûts des activités (chapitre 4).
Exemples typiques de sous-processus d'opérations:
Exemple d'analyse d'activités appliquée à un processus d'achat de matériels:
La division classique du travail a conduit les entreprises à s'organiser en départements. Chaque département fonctionnel contribue à la création d'un produit ou d'un service par des tâches qui peuvent être gérées indépendamment. Mais il n'y a pas de frontière nette entre les nombreuses activités des différents départements dans ce qu'on appelle les processus ou les flux de travail entre départements. Les systèmes de gestion totale des coûts découlent de cette vision des processus. Parmi les avantages qu'ils présentent: permettre d'attribuer les coûts généraux sur la base de la relation de cause à effet (chapitre 4).
Les six processus considérés comme fondamentaux sont les suivants [22]:
Afin de voir l'évolution du comportement environnemental d'une entreprise dans quelques aspects-clés et communiquer facilement ce comportement, l'utilisation d'indicateurs environnementaux [23], [24] est recommandée. Ces indicateurs renseignent sur l'état actuel et permettent d'effectuer un suivi comparatif des améliorations obtenues au fil du temps. Pour certaines entreprises, il peut être plus important d'adopter formellement le concept d'évaluation du comportement environnemental développé comme norme ISO 14031 [25].
Pour l'OCDE, un indicateur est un paramètre, ou une valeur issue de paramètres, qui montre/fournit des renseignements/décrit l'état d'un phénomène/environnement/domaine avec une signification qui va au-delà de celle associée directement à la valeur du paramètre [26]. Un paramètre est une caractéristique mesurée ou observée, comme un indice est un ensemble de paramètres ou indicateurs, ajoutés ou pondérés. Le cadre analytique le plus généralement adopté par les indicateurs environnementaux est celui de pression-état-réponse(figure 2.1).
Figure 2.1 Cadre des indicateurs environnementaux: pression-état-réponse
L'évaluation du comportement environnemental est un processus interne et un outil de gestion conçue pour fournir à la direction une information fiable et vérifiable afin de déterminer, au moment même où l'entreprise est en activité, si son comportement environnemental respecte les critères fixés par l'administration de l'organisation.
Du point de vue de la direction de l'entreprise, les indicateurs ont trois fonctions principales:
L'efficacité des indicateurs dépend du niveau de réalisation des points suivants:
En général, un ensemble, non excessif, d'indicateurs qui couvrent les différents aspects environnementaux est adopté.
La norme ISO 14001 [27] définit les aspects environnementaux comme les éléments des activités, produits ou services d'une organisation qui peuvent interagir avec l'environnement et notamment avec:
L'Université de Lowell a insisté sur six aspects principaux de la production durable [24] dont il faut tenir compte dans la proposition d'un ensemble d'indicateurs environnementaux (voir l'activité du paragraphe 2.12.):
Pour Haas, la différence entre une perspective opérationnelle (comment pouvons-nous mieux faire?) et une perspective stratégique (comment pouvons-nous être meilleurs que nos concurrents?) est immense [28]. Il faut toujours garder à l'esprit les huit aspects de la production qui sont en interrelation. Les décisions concernant ces huit aspects de la fabrication sont essentielles pour obtenir un meilleur résultat stratégique. Berglund [29] a repris les huit aspects identifiés par Haas comme fondamentaux, et a fait une analyse du rôle de la prévention de la pollution pour chacun d'entre eux:
Elle doit mener à des produits moins toxiques, moins persistants, plus recyclables ou plus faciles à retraiter. Elle doit notamment:
Grâce à leur expérience chez Union Carbide, les auteurs ont conclu que la prévention au sein des usines avance par étapes:
Phase I: Les premiers efforts sont dirigés vers les solutions les plus simples, évidentes, rentables ; y sont inclus les bonnes pratiques opérationnelles, la séparation des déchets, le recyclage simple sans traitements. Ces efforts abordent plus l'opération que le système physique et offre un bon amortissement de l'investissement.
Phase II: Des projets plus complexes et plus onéreux, souvent associés à des modifications d'équipements, de processus et de contrôle de processus émergent. Peuvent être inclus: l'ajout ou l'adaptation d'équipements auxiliaires pour des traitements simples à la source, éventuellement pour recycler des matières. Ils offrent en général un amortissement de l'investissement moindre et doivent être plus justifiés.
Phase III: Il s'agit de projets qui concernent des résidus intrinsèques (inhérents à la configuration fondamentale du processus), des recyclages plus complexes, des changements plus fondamentaux dans le processus, des changements de matières premières ou catalyseurs, ou des reformulations de produit. Comme les périodes d'amortissement de l'investissement sont plus longues, il est plus facile d'introduire ces projets au cours du développement d'une nouvelle unité ou d'un nouveau processus.
Deux aspects sont particulièrement importants. Le premier est l'intégration complète de l'usine ; c'est-à-dire, une usine qui peut utiliser au maximum tous les produits et sous-produits à l'intérieur de l'usine même. Cela est plus facile à atteindre quand on extrapole le concept à une chaîne client-fournisseur. Le second concept est la facilité avec laquelle la maintenance est assurée et avec laquelle les changements sont introduits dans le processus.
Outre un système permettant d'optimiser les rendements et de minimiser les sous-produits indésirables, il faut pouvoir contrôler les déchets (ou contrôler ceux qui gèrent les déchets quand la responsabilité concernant la livraison des déchets ne s'arrête pas à ceux qui doivent les gérer) et minimiser les situations de perte de contrôle (disposer d'un système solide).
Pour s'assurer de l'implication de l'ensemble des travailleurs, il est important de leur garantir la formation et l'entraînement dans le cadre de l'identification des opportunités de prévention, de leur donner suffisamment de temps ainsi que de la reconnaissance et de la gratification.
Quatre aspects suivants sont considérés comme importants:
La prévention et la réduction des déchets s'obtiennent plus facilement avec une étroite relation fournisseur-client. Cela concerne aussi bien les fournisseurs d'équipements que de matières premières.
Le soutien et l'engagement doivent venir de tous les niveaux de l'entreprise. Cette dernière doit être organisée de telle manière à stimuler le travail en équipe et l'interaction de l'ensemble des employés. Par exemple, il faut souligner une chose parfois oubliée: il s'agit du rôle important joué par le département de comptabilité pour identifier les meilleures opportunités et pour reconnaître les avantages d'un programme de prévention.
Berglund suggère un ensemble de caractéristiques pour chaque département fonctionnel, d'aspects d'implantation et de tendances qui ont un rapport avec la prévention (et la P+P) (tableau 2.1).
Département fonctionnel |
Caractéristiques en rapport avec la P+P |
Aspects d'implantation |
Éléments-clés intégrés dans la société |
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Conception du produit |
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Conception du processus |
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Configuration de l'usine |
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Systèmes de contrôle et information |
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Ressources humaines |
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Recherche et développement |
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Relations avec fournisseurs et clients |
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Organisation |
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Parmi les entreprises suivantes, cocher celles qui sont probablement des PME:
Indiquer si les conditions suivantes rendent plus facile ou plus difficile l'adoption de la P+P dans une entreprise:
Parmi les activités suivantes, indiquer celles qui se rapprochent le plus du concept fonctionnel ou de la vision de processus:
Velleva & Ellenbecker [25] proposent un ensemble de 22 indicateurs essentiels de la production durable en rapport avec les aspects suivants:
Relier à un des 6 aspects chacun des 22 indicateurs suivant:
D'habitude, le responsable de l'exécution du programme de P+P n'est pas un spécialiste de la gestion d'entreprise. Cependant, il devra être capable de déterminer les possibilités et les difficultés qui peuvent se présenter au cours de l'évaluation. Quand il travaillera avec une PME, il ne lui sera pas nécessaire de connaître des théories sophistiquées de la gestion d'entreprise mais il devra s'exercer à identifier les caractéristiques de l'industrie où il veut introduire la P+P.
Pour s'exercer en matière de P+P, l'idéal est de pouvoir accéder à une industrie proche et d'établir une liste des données les plus courantes ainsi que des caractéristiques les plus importantes comme les suivantes:
Une évaluation technologique plus avancée de l'entreprise peut apporter d'autres informations importantes comme les suivantes:
Le développement durable a promu diverses voies de recherche d'améliorations en rapport avec l'éco-efficacité et la P+P. Certaines sont plutôt destinées à provoquer la réflexion ou à être utilisées comme indicateurs du degré de durabilité du développement (flux de matières, facteur 4, empreinte écologique, etc.). D'autres sont des outils ou des stratégies destinés à orienter une meilleure utilisation des ressources, depuis la planification des systèmes et des produits à la prise de décisions, que ce soit de la part du fabricant ou que ce soit du point de vue du consommateur (écologie industrielle, conception écologique, analyse du cycle de vie, etc.). Ces stratégies ont leur place dans le cadre général d'un système de gestion de l'environnement (SGE) que toute entreprise devrait avoir [30], [31].
L'objectif de ce chapitre est le suivant:
Le système de gestion de l'environnement (SGE) (tableau 3.1) est une manière systématique et planifiée de gérer les aspects environnementaux de l'entreprise. Le SGE peut être propre à une entreprise ou adapté aux normes internationales.
Au cours des années 90, l'intégration des SGE au sein des entreprises est normalisée avec l'édition d'un ensemble de normes internationales de gestion de l'environnement, éditées par l'Organisation internationale de normalisation (ISO) regroupées sous la dénomination ISO 14000 [32]. L'objectif de ces normes est de promouvoir la gestion de l'environnement dans les entreprises de la même manière que la gestion de la qualité a été encouragée par les normes ISO 9000.
La première édition des normes ISO 14000 est publiée en 1996. La norme ISO 14001 spécifie les exigences pour qu'un SGE autorise une organisation à formuler une politique et des objectifs, en tenant compte des obligations légales et de l'information relative aux impacts significatifs sur l'environnement mais elle n'établit pas de critères d'actions spécifiques.
Cette norme internationale peut être appliquée par toute organisation souhaitant implanter, tenir à jour ou améliorer un système de gestion de l'environnement.
Série de normes ISO 14000 sur la gestion de l'environnement | |
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ISO 14001 | Systèmes de gestion de l'environnement: spécifications et directives pour son utilisation. |
ISO 14004 | Systèmes de gestion de l'environnement. Directives générales sur principes, systèmes et techniques de support. |
ISO 14010 | Directives pour l'audit environnemental. Principes généraux. |
ISO 14011 | Directives pour l'audit environnemental. Procédures d'audit. Audit des systèmes de gestion de l'environnement. |
ISO 14012 | Directives pour l'audit environnemental. Critères de qualification pour les auditeurs environnementaux. |
ISO 14031 | Gestion de l'environnement. Évaluation du comportement environnemental. Directives. |
ISO 14041 | Gestion de l'environnement. Analyse du cycle de vie. Définition de la finalité ainsi que du domaine, et analyse d'inventaires. |
ISO 14050 | Gestion de l'environnement. Terminologie. |
Les étapes de la mise en place de la norme ISO 14000 sont les suivantes:
La norme exige que l'organisation définisse une politique environnementale qui doit être soutenue et approuvée par le plus haut niveau de la direction et diffusée aussi bien au personnel de l'organisation qu'aux parties intéressées d'en prendre connaissance.
La politique environnementale oblige à tenir deux engagements: l'amélioration continue et la prévention de la pollution ainsi que le respect de la législation et de la réglementation environnementale applicable.
La norme ISO 14000 n'inclut pas d'amélioration initiale mais il est courant de l'avoir effectuée et de pouvoir prendre des décisions sur la convenance de perfectionner le processus et les taux de recirculation interne ou de se diriger vers un recyclage interne ou externe. À partir de là, l'étape de planification de la norme implique de:
Dans cette étape, il faut définir la structure et les responsabilités du système de gestion de l'environnement.
Un des piliers du bon fonctionnement du SGE réside dans la communication fluide ainsi que dans la sensibilisation et la formation de l'ensemble du personnel de l'organisation.
Il faut élaborer des procédures pour tenir à jour la communication à l'intérieur des différents niveaux et des différentes fonctions de l'organisation ainsi que pour recevoir, documenter les communications (et y répondre) avec les éventuelles parties intéressées.
En outre, il faut documenter tout le système et identifier toutes les opérations et activités associées aux aspects environnementaux significatifs pour établir le contrôle opérationnel correspondant.
Finalement, dans cette étape, il faut établir et tenir à jour des plans de situation d'urgence et de capacité de mobilisation pour prévenir et réduire d'éventuels impacts sur l'environnement qui peuvent y être associés.
Une fois le système mis en place, l'organisation devra établir des mécanismes de suivi et de mesure des opérations, ainsi que des activités pouvant avoir un impact significatif sur l'environnement.
L'organisation doit établir et tenir à jour des procédures qui définissent la responsabilité et l'autorité pour contrôler et rechercher les situations de non-conformité en réalisant des actions qui tendent à réduire tout impact et en menant les actions correctrices et préventives correspondantes.
Finalement, l'organisation doit établir et tenir à jour des programmes et des procédures pour que soient réalisés régulièrement des audits internes du système de gestion de l'environnement.
La direction de l'organisation, à son plus haut niveau, doit améliorer le système de gestion de l'environnement, à intervalles définis suffisamment espacés pour assurer l'adéquation et l'efficacité du système. Cette amélioration sera plus ou moins importante selon l'état des connaissances des possibilités de perfectionnement avant l'étape de planification. L'amélioration peut entraîner une redéfinition d'objectifs, une modification de la politique et/ou une modification de la documentation, si cela s'avère nécessaire.
Beaucoup de pays méditerranéens ont associé la promotion de la P+P à la diffusion du SGE. De nombreuses industries décident de mettre en place la norme ISO 14001 afin d'obtenir la reconnaissance de l'engagement environnemental manifesté. Les Chambres de commerce, par leur capacité de diffusion, contribuent également à son adoption.
À quelques exceptions près, la mise en place des normes ISO 14000 est liée à l'intérêt porté à l'obtention progressive des éco-labels qui certifient la qualité environnementale des produits. Dans cet objectif, la norme ISO 14041 d'analyse du cycle de vie doit être considérée comme un des instruments les plus adéquats pour faciliter l'accès au commerce international, y compris le commerce de la région méditerranéenne.
La norme ISO 14000 est une norme de gestion. Ce n'est pas une norme qui garantit la qualité environnementale. Son objectif est de fournir un cadre général d'organisation des tâches nécessaires pour une gestion efficace de l'environnement mais elle n'offre pas d'avantages pour aller au-delà des dispositions législatives en vigueur et elle ne fait pas de distinction entre les manières de respecter lesdites dispositions législatives: par la voie de la prévention ou par la voie des traitements [33]. C'est pour cette raison que la P+P constitue un excellent complément pour garantir la qualité de l'environnement au sein des entreprises (même si toute entreprise devrait avoir son SGE et même si l'adoption volontaire de la norme ISO 14000 doit être considérée comme un grand pas en avant).
Les pays de l'Union européenne ont la possibilité d'opter pour l'EMAS, le système de gestion et d'audit de l'environnement, comme un moyen de rendre transparent et public leur comportement environnemental, ce qui n'est pas exigé par la norme ISO 14000. La première version de l'EMAS a été approuvée par le Conseil de l'UE dans la réglementation 1836/93 (Ecomanagement and Audit Scheme). Pour l'EMAS, un SGE est la " partie du système général de gestion qui inclut la structure d'organisation, les responsabilités, les pratiques, les procédures, les processus et les ressources pour déterminer et exécuter la politique environnementale ".
EMAS est un système de gestion et d'audit de l'environnement qui permet la participation volontaire des entreprises développant des activités industrielles pour évaluer et améliorer les résultats de leurs activités par rapport à l'environnement. Une fois le système adopté, l'entreprise doit effectuer une évaluation environnementale initiale (qui est volontaire dans le cas de la norme ISO 14001) puis elle doit publier la " déclaration environnementale " et enfin elle doit se soumettre à un processus de contrôle (certification dans le cas de la norme ISO 14001) par une entité accréditée.
En 2001, l'UE a publié une amélioration du texte initial appelée l'EMAS II [34]. La nouvelle version, EMAS II, de la réglementation européenne CE 761/2001 2001 " selon laquelle les organisations sont autorisées à adhérer volontairement à un système de gestion et d'audit de l'environnement ", établit que le SGE s'appliquera conformément aux exigences de la norme ISO 14001. Les entreprises certifiées conformes à la norme ISO 14001 qui voudront adhérer à l'EMAS devront tenir compte des points suivants:
L'EMAS exige une analyse préliminaire des activités, des produits et des services pour identifier les aspects environnementaux qui servira de base pour établir le système de gestion environnementale de l'organisation. Il suffira que les entreprises certifiées ISO 14001 considèrent les aspects environnementaux selon l'annexe VI de la réglementation EMAS.
L'EMAS oblige à respecter la législation environnementale. L'organisme compétent dans la démarche de l'inscription au registre d'une organisation consultera l'autorité environnementale sur le respect de la législation environnementale du demandeur.
Cette obligation de transparence de l'organisation vis-à-vis du public est fondamentalement concrétisée par la réalisation d'une déclaration environnementale. La déclaration environnementale constitue un instrument de communication et de dialogue avec le public et d'autres parties intéressées par le comportement environnemental de l'organisation et par son amélioration constante.
L'organisation doit impliquer le personnel dans l'amélioration constante du comportement environnemental, par exemple en créant un comité d'environnement, en installant une boîte à idées, etc.
La politique environnementale est un outil-clé pour la communication publique des priorités et intentions environnementales de l'entreprise. Elle doit être écrite et adoptée au plus haut niveau de la direction. Ensuite, l'organisation élaborera des rapports et fera l'évaluation systématique, régulière et objective du SGE en utilisant des indicateurs environnementaux qui permettent de comparer annuellement l'évolution de son comportement environnemental.
Le système de gestion de l'environnement (SGE) commence par la déclaration d'une politique environnementale qui contient, au minimum, l'engagement de respecter la législation en vigueur et de garantir une amélioration constante de la gestion de l'environnement. Le SGE implique une action progressive et continue en quatre étapes: planifier, réaliser, contrôler et améliorer. D'habitude, il est associé à la roue de Deming qui, par son activité cyclique, améliore progressivement le comportement environnemental au cours du temps. Il faut que les objectifs inscrits dans le SGE soient aussi quantitatifs que possible.
Pour qu'elle se fasse de manière plus effective et efficace, il faut aussi l'intégration de la gestion de l'environnement comme partie (non indépendante) du système général de gestion de l'entreprise.
Les PME sont souvent réticentes lorsqu'il s'agit d'implanter de nouveaux systèmes. Elles ont en effet l'impression que ces systèmes vont gêner leur activité première de production. Quelquefois, la seule pression d'un client principal dans la chaîne fournisseur-client convainc le fournisseur à implanter un SGE. Dans d'autres cas, c'est l'évidence que, à cause des coûts de plus en plus élevés des traitements, la minimisation des flux de déchets est l'unique possibilité d'économiser de l'argent pour les PME. Elles arrivent ainsi à progresser vers un comportement environnemental correct.
Étant donné que la plupart des améliorations environnementales s'obtiennent simplement en appliquant les bonnes pratiques environnementales (BPE), leur implantation peut fournir des arguments supplémentaires pour s'intéresser à la P+P dans un sens plus large. Finalement, l'expérience vécue arrive à les convaincre que l'implantation d'un SGE ne sera pas traumatisante pour l'entreprise.
Comme conséquence de la directive du contrôle intégré de la prévention environnementale (IPPC), l'UE a publié une série de documents de référence (BREF) [35] qui décrivent les meilleures techniques disponibles (MTD) pour les différents secteurs industriels. Les MTD sont un ensemble de techniques, d'activités, de procédures et de méthodes de travail développées et expérimentées à l'échelle industrielle, conçues de telle manière à être appliquées dans un contexte industriel déterminé pour éviter ou, lorsque ce n'est pas possible, réduire les émissions au minimum, dans des conditions économiquement viables pour l'entreprise.
Le processus itératif par lequel les BREF arrivent à être édités comprend les étapes suivantes:
Étant donné que le choix des MTD doit être effectué de manière à ce qu'il ne soit pas trop coûteux, elles sont identifiées très directement dans l'aspect préventif avec les mesures adoptées pour la P+P. Tout en tenant compte de l'aspect économique qui ne doit pas casser la compétitivité, les MTD peuvent être utiles comme documents de référence, au même niveau que les publications sectorielles de l'Agence américaine de l'environnement (USEPA) ou d'autres pays européens faites individuellement (l'ADEME en France, CEMA en Catalogne, IHOBE au Pays Basque, ENVIROWISE au Royaume-Uni, etc.).
L'audit environnemental est un élément-clé du SGE. Il inclut une évaluation systématique, documentée, régulière et objective pour vérifier que l'organisation, la gestion et l'équipement environnemental fonctionnent correctement et l'EMAS, par exemple, vérifie que:
Le concept d'audit environnemental des entreprises industrielles a fait l'objet de nombreux débats à la fin des années 80 en grande mesure à cause du manque de transparence dans l'utilisation de programmes volontaires (comme les versions locales du programme international Responsible Care)Faute d'une position internationale claire sur le sens du concept d'audit (le concept des audits énergétiques était déjà mal interprété alors qu'il s'agissait d'évaluations et quand, d'autre part, on ne voulait pas que les audits deviennent des inspections), la responsabilité pour les sociétés d'audit et la méthodologie qu'il fallait suivre, la Chambre de commerce internationale (CCI) a pris position en 1989 avec l'édition d'un guide de base [36] pour l'audit environnemental et la définition d'éléments essentiels. Ces éléments n'indiquent pas comment les choses doivent être faites dans les entreprises, mais comment l'audit doit être effectué pour pouvoir juger objectivement le comportement de l'entreprise.
Les éléments essentiels de l'audit environnemental (CCI) sont les suivants:
Le concept de métabolisme industriel a été développé [37] sur la base de l'analogie entre les organismes biologiques et les activités industrielles, et défini comme l'ensemble intégré et complet de processus physiques qui transforment les matières premières et l'énergie, plus le travail, en produits finis et flux de déchets dans une condition plus ou moins stable. Le système économique agit comme mécanisme régulateur du métabolisme par le mécanisme des prix. La portée limitée de la fonction métabolique peut être développée en y incluant d'autres fonctions jusqu'à arriver à la notion d'écologie industrielle.
Le concept d'écologie industrielle se fonde sur l'analogie qui peut être faite entre les systèmes écologiques naturels et les systèmes industriels. Dans la chaîne alimentaire des systèmes biologiques, des organismes sont la source d'alimentation pour d'autres organismes et, en général, les déchets produits par un organisme peuvent être utilisés comme source de matière et d'énergie pour un autre organisme. Une communauté écologique mûre se comporte comme un système de minimisation des flux de déchets. Les processus et systèmes industriels sont aussi interactifs. Les flux de déchets de processus peuvent être utilisés pour alimenter d'autres processus. L'étude du flux de déchets à l'intérieur d'un système industriel peut nous révéler des opportunités pour le recyclage ou la réutilisation de matières.
L'écologie industrielle cherche un équilibre global entre toutes les activités, en commençant par observer le cycle de vie des produits et des systèmes de production. Un concept central de l'écologie industrielle est l'évolution du système industriel depuis un système linéaire non durable jusqu'à un système cyclique pour atteindre cet équilibre [38]. La P+P serait incluse dans l'écologie industrielle comme un élément de plus pour promouvoir une production et une consommation durables.
Figure 3.2 Passage du système linéaire non durable à un système cyclique
On trouve des exemples d'écosystèmes industriels dans l'éco-parc typique de Kalundborg au Danemark [39] ou dans le système fermé de support à la vie de la NASA, proposé pour des colonies dans l'espace.
Figure 3.3 Éco-parc industriel de Kalundborg (Danemark)
Figure 3.4 Système de survie à circuit fermé de la NASA
La fiche MedClean nº 40 relative à la réintroduction du lactosérum issu de la fabrication de produits laitiers dans le circuit alimentaire, décrit un exemple spécifique d'application du concept d'écologie industrielle (Égypte).
Du point de vue de l'écologie industrielle, la P+P a été critiquée pour deux défauts [40]. Le premier est qu'elle est destinée à des systèmes de production existants. Le second est qu'elle concentre son action sur les opportunités qui améliorent la compétitivité en même temps qu'elles réduisent l'impact environnemental (encore que justement c'est bien là que réside le plus grand intérêt de la P+P et c'est la raison principale pour laquelle les industriels l'adoptent). L'écologie industrielle voudrait corriger ces défauts en dirigeant son action à n'importe quelle étape du système productif, y compris la conception initiale des produits, les processus et les services ainsi que tous les impacts environnementaux, même ceux qui n'apportent aucun avantage économique.
Dans la première décennie de son application, la P+P s'est principalement concentrée sur les systèmes de production existants, bien qu'à cette époque, par exemple, le PNUE ait explicitement intégré les produits dans sa définition. Pendant ce temps, l'idée de conception écologique s'est développée et s'est particulièrement focalisée sur les emballages et les produits de consommation.
La conception écologique (et le similaire DfE, Design for Environment, aux USA) intègre la prévention des impacts environnementaux associés au produit dans l'étape de sa conception. Comme elle incorpore aussi une stratégie de valeur ajoutée maximale des produits, elle fait partie d'un ample concept de l'éco-efficacité et peut être interprétée comme la facette de la P+P appliquée aux produits [41] avec les obstacles et les stimulants inhérents à son introduction [42].
La fiche Med Clean nº 8 relative à la réduction du carton d'emballage est un bon exemple de conception écologique (Malta).
La conception écologique apporte des améliorations dans:
Plus que les pouvoirs publics, ce sont les ingénieries et les fabricants qui ont consacré le plus d'efforts à la conception d'usines industrielles et qui ont progressé dans l'incorporation d'améliorations environnementales conjointement avec l'application des mesures de sécurité pour réduire tout type de risques [43].
Plusieurs techniques se sont développées dans la méthodologie spécifique de la conception écologique. La matrice MET (tableau 3.5) et le cercle de stratégies de la conception écologique (figure 3.6) sont deux exemples des outils utilisés pour l'analyse de produits existants et l'évaluation des améliorations [44].
La matrice MET est un outil qualitatif pour effectuer une analyse fonctionnelle du profil environnemental d'un produit. Pour chaque étape du cycle de vie d'un produit (depuis la production des matières premières jusqu'à l'élimination finale) les impacts environnementaux sont introduits et regroupés sous trois entrées: cycle des matières, utilisation de l'énergie, émissions toxiques.
Le cercle des stratégies permet de visualiser les principaux domaines où il est prévu de pouvoir améliorer le produit en notant le profil de 0 à 5
Cycle des matériaux Entrée/Sortie |
Utilisation de l'énergie Entrée/Sortie |
Émissions toxiques Sortie |
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Production et approvisionnement extérieur de matériaux et composants |
- cuivre (matériel épuisable) - zinc (matériel épuisable) |
-haut contenu énergétique des matériaux |
- retardateurs de feu dans circuits imprimés - améliorations de flux par moulage par injection - émissions de benzène - émissions d'isocyanate dans peinture et encollage |
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Production intérieure |
-déchets métalliques -déchets plastiques |
- énergie du processus |
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Distribution |
- énergie du transport |
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Utilisation |
opération* |
- verres plastiques (1.472 kg polystyrène) - papier de filtre (90 kg) - marc de café (2.944 kg) - cuillères plastiques (110 kg polypropylène) - matériel nettoyage - eau sale (4.160 l) - filtres eau (20) |
- utilisation inefficace de l'énergie dans le bouilleur |
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service |
- parties facilement cassables |
-transport du service de maintenance |
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Fin de vie du système |
récupération |
- certaines éléments de valeur ne sont pas réutilisés: - le bouilleur - élimination de la machine(37 kg) - emballage - plastiques non recyclés (5 kg) - plaques imprimées (0,5 kg) |
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élimination |
- circuits imprimés (0,5 kg) - cuivre** - zinc** |
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(*) Valeurs calculées pour la consommation de 4 cafés par jour pour 40 personnes, pendant 10 ans (**) Éléments auxquels il faut faire attention! |
Figure 3.6 Le cercle de stratégie de la conception écologique
Pour la Society of Environmental Toxicology and Chemistry (SETAC), el l'analyse du cycle de vie (ACV) [45] est une méthode permettant d'évaluer les conséquences environnementales d'un produit, processus ou activité " depuis le berceau jusqu'à la tombe ". La SETAC a publié en 1993 un code de bonnes pratiques comme méthodologie standard pour l'ACV. En 1994, la directive 94/62/CEE du Parlement et du Conseil européens relative aux emballages et aux déchets d'emballages confirme le concept de l'ACV comme instrument d'analyse. Plus tard, au sein du groupe des ISO 14040, une méthodologie internationale de l'ACV a pris forme.
On peut trouver des précédents à l'ACV (en anglais, LCA), et d'autres aussi, dans les études énergétiques des années 70 qui ont suivi le choc pétrolier. Les premières études ayant intégré les composants de l'ACV ont été effectuées en analysant les ressources consommées et en considérant en plus les impacts environnementaux de la fabrication de certains récipients et emballages. Ensuite, ces études allaient déboucher sur l'ACV.
La méthodologie de l'ACV présente trois composants principaux qui ont évolué jusqu'à la norme ISO 14040 actuelle:
Parmi les éléments de la réflexion environnementale, le Facteur 4 [46] est particulièrement intéressant par les liens qui l'unissent aux objectifs de la P+P. Le Facteur 4 4 signifie que la quantité de richesse qui peut être extraite d'une unité de ressources naturelles peut être multipliée par quatre. En améliorant la productivité par ce facteur, on peut vivre deux fois mieux en consommant deux fois moins. Cette amélioration est actuellement empêchée par un problème d'inefficacité dans l'utilisation des ressources, problème qu'il faut corriger. Il s'agit principalement de barrières culturelles représentant un obstacle à l'amélioration de l'efficacité dans l'utilisation des ressources. La clé du succès dans l'amélioration de l'éco-efficacité réside dans l'innovation technologique, sa diffusion et dans les institutions qui doivent la promouvoir.
Comme exemple de l'inefficacité dans la production et la consommation, on peut citer une étude de l'US National Academy of Engineering qui a révélé qu'environ 93 % des matériaux initialement consommés n'arrivent jamais à faire partie d'un produit mis en vente et que 80 % des produits sont jetés après une seule utilisation.
Les barrières culturelles incluent au niveau international:
Même au Canada, pays pourtant avancé sur les questions d'environnement, il est difficile de trouver des exemples de PME qui agissent de manière satisfaisante selon une stratégie environnementale cohérente. On pourrait penser que la diffusion de la norme ISO 14001 est un indicateur de la prise de conscience environnementale dans différents pays mais force est de constater qu'elle reflète plutôt l'attitude des multinationales et de leurs filiales. Telle est une des conclusions d'une étude basée sur un échantillon de 386 PME avec une certaine sensibilisation à l'environnement et réparties sur quatre secteurs d'activité: imprimerie, bois, métal et électricité/électronique [47]. Les auteurs ont conclu que, pour introduire une conception basée sur le cycle de vie dans les PME, on suit une courbe d'apprentissage en cinq étapes (figure 3.7).
Au cours de la première étape (I), les entreprises prennent conscience du besoin de réduire l'impact de leur production sur l'environnement et adoptent des mesures positives. Cette étape est plus caractérisée par l'improvisation que par une approche systématique. Les actions menées peuvent être qualifiées de réactives et consistent à effectuer des traitements après processus.
Lors de l'étape II, la mise en place de la norme ISO 9000 peut être considérée comme une étape préliminaire utile à la mise en place ultérieure de la norme ISO 14000, même si l'objectif poursuivi par la norme ISO 9000 est que prenne forme un système pour la qualité du produit et la satisfaction des exigences des clients.
L'expérience acquise dans l'étape antérieure facilite l'adoption de la norme ISO 14001 dans l'étape III qui se déroule de manière plus rapide et moins onéreuse que l'étape II. Des analogies interviennent comme par exemple le concept de " zéro défaut " qui se transforme en " zéro déchet ".
La gestion du produit basée sur le cycle de vie commence à l'étape IV. Cela suppose un niveau de gestion bien plus complexe qui englobe un large spectre d'initiatives environnementales.
Cette progression mène finalement à l'étape V définie par les auteurs comme l'étape qui aboutit à la déclaration environnementale de produit (basée sur une norme ISO 14025 et la série ISO 14040 pour comparer des produits de manière objective et vérifiable) et en même temps au développement durable. Cette déclaration sera aussi un outil précieux pour la commercialisation et elle comporte par conséquent des avantages compétitifs pour le produit qui l'affiche.
Figure 3.7 Courbe d'apprentissage en 5 étapes
L'évaluation du chemin parcouru peut être effectuée sur la base de quatre indicateurs mixtes du niveau atteint:
Voici quelques-unes des conclusions des auteurs de l'étude:
Parmi les quatre secteurs étudiés:
Répondez par oui ou par non:
Indiquer si les concepts suivants sont plutôt en rapport avec la P+P ou avec l'écologie industrielle:
Pour que la direction d'une entreprise soit objectivement convaincue de l'intérêt à investir dans la P+P, elle doit avoir une vision économique correcte des coûts entraînés par la production de flux de déchets et elle doit pouvoir constater comment l'application de mesures d'éco-efficacité l'aidera à réduire ces coûts et à la rendre plus compétitive. Avec la P+P, l'objectif poursuivi est d'obtenir un avantage sur les deux plans, le plan économique et le plan environnemental. Malheureusement beaucoup de chefs d'entreprise, par manque de preuve comptable, pensent que l'avantage obtenu sur un des deux plans s'obtient toujours au détriment de l'autre.
Dans ce chapitre, nous allons revoir:
La comptabilité de l'environnement est un processus d'identification, de collecte et d'analyse de l'information environnementale qui donne une base objective à la gestion et à la prise de décisions aussi bien pour l'amélioration de la gestion actuelle que pour la planification et l'implantation de nouvelles mesures environnementales.
L'analyse économique de différentes options de P+P oblige, pour un projet donné, à regrouper tous les coûts et bénéfices attendus (tableaux 4.1/4.2). Cette analyse fait partie de l'information nécessaire pour évaluer l'option la plus avantageuse, comme cela se fait généralement quand sont comparés les avantages économiques de différents projets en compétition.
Tableaux 4.1/4.2 inventaire de coûts/bénéfices potentiels dans projets de P+P
Investissements | |||
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Coûts/bénéfices opérationnels | |||
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L'éco-efficacité dans la production signifie tenir compte aussi bien des aspects environnementaux qu'économiques dans l'analyse et la prise de décisions. Pour démontrer que l'application de l'éco-efficacité dans un programme de P+P apporte des avantages, il faut d'abord avoir une comptabilité environnementale qui permet de connaître clairement les coûts environnementaux que supporte actuellement l'entreprise et l'origine de ces coûts.
Souvent, la connaissance que l'entreprise a des coûts environnementaux est insuffisante pour prendre des décisions sur les éventuels changements à introduire. Le système comptable classique ne donne pas en général une vision suffisante de l'origine des coûts environnementaux et de tous les chiffres liés à une activité déterminée.
Pour pouvoir décider en connaissance de cause, il faut recourir à un système analytique de coûts [48]. C'est la raison pour laquelle on dit que le comptable est la personne la plus susceptible de contribuer à la prévention ainsi qu'au succès de la P+P, bien que cette affirmation en surprenne plus d'un [49].
Pour que les investissements en P+P puissent démontrer leur réelle efficacité économique, il faut que soient intégrés aux coûts directs tous les autres coûts qui peuvent se produire au cas où la P+P ne serait pas appliquée, comme la partie correspondante aux coûts enregistrés comme coûts indirects, coûts intangibles, etc. Ainsi, par exemple, une entreprise peut opter pour payer l'élimination d'un déchet toxique dans une décharge au lieu de réduire ou éliminer la production de ce déchet, simplement parce que tous les coûts réels d'élimination ne sont pas assignés à l'activité.
Afin que la participation des comptables soit la plus efficace possible, il leur est recommandé:
Il n'est pas toujours nécessaire de faire un effort comptable supplémentaire. Pour beaucoup de PME, le système traditionnel peut être suffisant si:
Par contre, il convient de réfléchir à l'introduction d'un système complémentaire au système traditionnel si:
Même si l'objectif final est peut-être d'arriver à disposer:
L'implantation peut s'effectuer progressivement en limitant la portée des applications.
L'entreprise peut commencer à travailler sur les coûts et bénéfices qui peuvent être les plus évidents et qu'elle connaît le mieux. Quand un certain niveau d'assignation et d'incorporation au système comptable est atteint, peut-être ne sera-t-il plus nécessaire d'introduire les coûts et bénéfices plus difficiles à quantifier. Pour ces derniers, il sera de toutes manières toujours utile de disposer de critères qualitatifs. Tout effort réalisé, en plus d'aider à l'évaluation de projets P+P, sera aussi utile pour la gestion en général.
Le système comptable classe traditionnellement les coûts dans des grands groupes comme suit:
Pour diverses raisons, les coûts environnementaux peuvent être assignés à n'importe quelle catégorie dans la comptabilité classique, généralement comme coûts généraux et être difficiles à identifier.
Les coûts généraux sont ceux qui ne sont pas attribués à un système, processus, produit ou installation déterminé(e). Peuvent y être inclus les salaires de la direction, les services auxiliaires, les traitements de flux de déchets, les laboratoires de contrôle, l'élimination de déchets, etc. Beaucoup de ces coûts concernent l'environnement.
Mais pour justifier l'adoption d'opportunités de P+P, il est nécessaire de mettre en évidence tous les aspects positifs et négatifs de l'option évaluée. Selon leurs caractéristiques et leur évidence, les coûts peuvent être classés comme suit:
Coûts conventionnels. Ce sont les plus évidents et les plus faciles à prendre en considération. Cependant, une première difficulté d'identification dans les évaluations environnementales faites à posteriori est que l'économie obtenue grâce à une moindre consommation de matières premières ou à une moindre production de flux de déchets, attribuables à un changement apporté par la P+P, ne figurera pas explicitement comme no cost dans la comptabilité, bien qu'il faille en tenir compte dans les budgets et les études de viabilité.
Coûts potentiellement dissimulés. Ils sont tous difficiles à identifier s'ils n'ont pas été dûment documentés ou assignés à l'activité dans la comptabilité. Ils comprennent:
Coûts contingents. Ce sont les coûts qui peuvent ou ne peuvent pas se produire à l'avenir et qui, de toutes façons, peuvent être analysés de manière probabilistique (une valeur espérée dans le futur issue de la vente d'un équipement obsolète, etc.).
Coûts d'image. Destinés à agir sur la perception qu'ont les clients et le public en général (relations publiques, image d'entreprise, etc.). Même s'ils sont mesurables, il est difficile de savoir les bénéfices directs qu'ils entraîneront.
Le tableau 4.3 montre quelques exemples de ces coûts environnementaux.
Coûts conventionnels: | investissements, matières premières, personnel, services auxiliaires. |
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Coûts potentiellement dissimulés: |
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Coûts contingents: | Amendes, remises en état de terrains contaminés, dommages à la propriété, dépenses légales, dommages environnementaux. |
Coûts d'image: | Image de l'entreprise, relations humaines, relations avec la communauté, relations avec les investisseurs. |
Toute évaluation de coûts oblige à effectuer une collecte préliminaire de données. Bien que la manière de la faire semble évidente, si la portée du projet, les données nécessaires et l'identification des personnes qui les possèdent n'ont pas été préalablement définies, la recherche peut être inefficace et incomplète pour l'évaluation. Si par contre, la recherche suit une première étape de réflexion sur ces questions, le temps employé à faire l'exercice sera certainement réduit au minimum nécessaire. Le tableau 4.4 établit la liste de suggestions pour vérifier où se trouvent les coûts conventionnels et dissimulés pour l'évaluation [50].
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Il existe différentes variantes de systèmes de comptabilité avancée, développées pour l'évaluation de la gestion, applicables à la gestion de l'environnement et qui peuvent être utilisées comme support dans les programmes de P+P [51], [52]. Voici quelques-unes des formes les plus courantes:
L'évaluation totale des coûts est l'analyse globale, à long terme, de l'ensemble de coûts et économies qu'une entreprise obtient ou pourrait obtenir en effectuant ou en envisageant d'effectuer cet investissement. Elle représente aussi le processus d'intégration des coûts environnementaux dans l'analyse du budget général.
Le système de coûts basés sur des activités est un processus par lequel les coûts d'une organisation, directement ou indirectement, sont assignés aux produits ou processus qui les génèrent. Traditionnellement, beaucoup de ces produits sont assignés à des comptes de dépenses générales.
Dans la méthode de coûts pendant le cycle de vie, tous les coûts sont associés à un produit, processus ou activité au long de sa durée de vie, depuis l'acquisition des matières premières jusqu'à son élimination, indépendamment du fait que ces coûts ont été générés par l'organisation qui réalise l'investissement, par d'autres organisations ou par la société dans son ensemble.
Transférer les coûts environnementaux de la catégorie des coûts généraux (ou indirects) à la catégorie des coûts directs requiert un système d'assignation des coûts environnementaux aux produits ou processus qui les génèrent. La manière d'assigner les coûts est importante et il faut prendre garde à ne pas les attribuer à un processus (ou un produit) sans rapport avec ceux-ci: sinon, ces coûts peuvent fausser le coût réel de fabrication ou dissimuler la mesure économique incitative que peut représenter une certaine disposition de P+P. Plus importante sera la connaissance de l'origine des coûts, plus facile il sera de démontrer à la direction l'éco-efficacité implicite contenue dans les options de P+P et l'intérêt à appliquer certaines mesures.
La base d'assignation de coûts doit être l'identification d'une relation cause-effet entre le coût et l'objectif poursuivi avec une activité déterminée. Les décisions d'assignation de coûts doivent refléter précisément et quantitativement les idées basiques et les critères adoptés conjointement de manière analogue par les différents départements de l'entreprise. Le processus d'assignation pourra se faire en plusieurs étapes, si c'est nécessaire, dans le cas, par exemple, d'interdépendances entre services auxiliaires et traitements de flux de déchets.
Quand les options de P+P entraînent des investissements, la partie de bénéfice économique dans l'éco-efficacité doit être justifiée comme dans tout autre projet de production. Pour démontrer l'intérêt à appliquer une option de P+P, il faut lui appliquer les mêmes outils d'analyse financière qui sont appliqués à d'autres projets de l'entreprise, avec lesquels elle sera en concurrence pour obtenir une partie des ressources financières, jamais abondantes mais accessibles si elles contribuent à améliorer la compétitivité de l'entreprise. Les critères de rentabilité qui s'appliquent le plus généralement sont les suivants [53]:
La PAI est la durée nécessaire pour que l'encaisse accumulée compense l'investissement réalisé pour le projet. L'encaisse différentielle est l'économie nette imputable à l'implantation de la solution alternative proposée par rapport au processus productif actuel. Grâce à la PAI, le chef d'entreprise peut connaître le moment à partir duquel les changements introduits dans son entreprise commenceront à générer des bénéfices nets pour son compte d'exploitation. La PAI, parfois critiquée par les économistes parce qu'elle ne tient pas compte du taux d'intérêt, est fort utile. La formule pour la calculer est la suivante:
En général, la PAI est considérée comme suffisamment intéressante si elle est inférieure à 3 ans. Sinon, l'analyse peut être approfondie avec d'autres outils d'analyse financière.
La VAN est la valeur actualisée des bénéfices différentiels générés chaque année. Elle représente les bénéfices générés pendant la durée de vie de l'investissement par rapport à l'investissement du début. Plus la VAN est importante (positive), plus l'investissement est intéressant. La formule pour la calculer tient compte du nombre d'années de vie utile de l'investissement:
où:
Le TRI est l'intérêt qui rend égales la valeur actualisée des bénéfices différentiels accumulés chaque année et la valeur de l'investissement réalisé. Plus le TRI est important (positif), plus l'investissement est intéressant. Le TRI est calculé pour une VAN égale à zéro:
Au moment de prendre la décision, le chef d'entreprise doit aussi tenir compte des bénéfices intangibles, difficiles à estimer mais qui sont sans nul doute générés par l'introduction de mesures P+P.
Les bénéfices intangibles peuvent être obtenus grâce à:
La fiche MedClean nº 1 représente un bon exemple d'évaluation économique des opportunités de minimisation complétant le diagnostic de prévention de la pollution chez un fabricant de batterie de voiture en Tunisie.
En général, les technologues ne participent pas beaucoup au développement d'assignation de coûts [54]. Cependant, on observe dernièrement une plus grande implication des techniciens suite à l'introduction de plus en plus fréquente de la méthodologie des SGE et de l'application des méthodes d'assignation de matières et polluants dans les analyses de cycle de vie dans l'ISO 14041 [55]. L'objectif implicite poursuivi par l'ACV est d'anticiper les conséquences environnementales de nos actions. Mais différentes formes d'assigner des consommations de matières et des flux de déchets dans des processus multifonctions débouchent sur différentes sortes d'information et portent à une série de conclusions sur les processus d'assignation transférables à l'assignation de coûts.
Un processus multifonctions est défini comme une activité qui remplit plus d'une fonction. Cela peut être un processus de production qui fabrique plus d'un produit. Il peut s'agir encore d'un processus de gestion de flux de déchets qui comporte plus d'un flux et peut-être la valorisation d'un flux qui produit de l'énergie. Le problème dans l'assignation est de décider quelle part de la charge environnementale finale de l'activité doit être attribuée à chaque produit ou flux de déchets. La charge environnementale inclut les ressources consommées et toutes les émissions ou déchets finaux produits. Le fait qu'une matière issue du cycle de vie d'un produit aille finir, par recyclage, dans un autre cycle de vie, représente aussi un problème d'assignation parce qu'une partie de la fonction est exportée vers ce dernier cycle de vie.
Les conclusions auxquelles on arrive ne sont pas simples à résumer. L'assignation basée sur des relations causales, physiques (basée sur le volume de production de chaque produit, par exemple) entre fonctions, est possible si les fonctions sont physiquement indépendantes les unes des autres. Le problème d'assignation peut rarement se résoudre par une simple division et il faut employer un système étendu. Le problème d'assignation est encore plus compliqué à résoudre quand, au lieu de matières, il faut assigner des coûts: quel coût assigner au produit désiré et au sous-produit si le marché accepte seulement le sous-produit quand il a un prix assez bas ? L'assignation doit tenir compte, même s'il est petit, de l'effet sur le volume de production de la fonction exportée comme sous-produit.
Le système étendu, ou une approximation adéquate, peut aider à résoudre le problème d'assignation. Celui-ci peut être résolu s'il existe une alternative de production (de création) de la fonction exportée qui indique quelles sont les limites de l'assignation. Si le sous-produit B, par exemple, peut être fabriqué par un autre moyen, une assignation excessive empêcherait son introduction comme produit utile et pourrait le convertir en déchet et charger le produit A d'une manière pire encore. L'alternative donne l'information supplémentaire nécessaire pour décider les limites de l'assignation.
Système étendu
Le système montre le processus multifonctionnel et les activités qui peuvent être indirectement affectées par un changement dans la production de B. Comme l'assignation ne peut pas être décidée en tenant compte du processus, on utilise un système étendu avec une production alternative qui permettra de décider quelle assignation peut être faite au produit B.
Indiquer si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses. La comptabilité environnementale:
Que faut-il introduire comme investissements ou comme dépenses annuelles ?
Indiquer si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses:
Calcul de la rentabilité d'une application de P+P
Une entreprise qui utilise un dissolvant catalogué comme toxique l'envoie actuellement à l'incinération comme moyen d'élimination finale, pour un coût annuel total de 207 400 €. Deux alternatives se présentent à l'entreprise:
La première est d'envoyer le dissolvant à un gérant extérieur pour le recycler, pour un coût annuel de 149 800 €.
La deuxième est d'acquérir un distillateur pour faire le recyclage dans l'entreprise même. Dans ce cas, l'investissement nécessaire se compose de: 76 400 € pour le coût de l'équipement, plus 50 600 € en équipements supplémentaires, plus 13 000 € pour le montage. La mise en fonctionnement se ferait immédiatement après l'acquisition. La vie utile de l'équipement est de 5 ans. Les coûts opérationnels, plus le coût pour éliminer les déchets, sont de 104 400 € annuels.
Le taux d'intérêt est stabilisé à 5,5 %. Déterminer l'intérêt économique des 2 solutions. Comparer les rentabilités des solutions proposées en appliquant différents critères.
Voir solution.
Comme la deuxième solution est immédiatement opérationnelle, le montant de l'achat est inclus au début de la première année de fonctionnement.
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6 |
7 |
8 |
9 |
10 |
Coût annuel total 103 € Situation actuelle |
207,4 |
207,4 |
207,4 |
207,4 |
207,4 |
207,4 |
207,4 |
207,4 |
207,4 |
207,4 |
Solution 1 Coût annuel total 103 € |
149,8 |
149,8 |
149,8 |
149,8 |
149,8 |
149,8 |
149,8 |
149,8 |
149,8 |
149,8 |
Solution 2 Coût annuel total 103 € |
244,4 |
104,4 |
104,4 |
104,4 |
104,4 |
244,4 |
104,4 |
104,4 |
104,4 |
104,4 |
Différence entre solutions 1 et 2 |
(94,6) |
45,4 |
45,4 |
45,4 |
45,4 |
(94,6) |
45,4 |
45,4 |
45,4 |
45,4 |
Situation actuelle | 1.563 103 € | Solution 1 | 1.129 | Solution 2 | 1.021 |
Taux de rentabilité interne (TRI) de l'économie de la solution 2 par rapport à la solution 1 (il est évident qu'il faut abandonner la situation actuelle pour une des deux solutions alternatives proposées)
TIR = 34,2 %
Avec un taux d'intérêt de 5,5 % la solution 2 est la plus intéressante.
Assignation de coûts
Dans un processus d'argenture électrolytique, une analyse des coûts basés sur les activités (enregistrés dans la comptabilité générale comme des coûts indirects) a été effectuée avec la répartition correspondant au Schéma joint (adapté de la référence [56]). Des coûts spécifiques ont été assignés aux flux liquides (L), boues (B), vapeurs (V), particules (P), grenaille (G) et filtrats (F).
Déterminer la contribution en pourcentage des coûts indirects par étapes et phase contaminée. À l'aide d'un diagramme de Pareto (chapitre 6), montrer les flux les plus significatifs.
(Note: la distribution de coûts est relative. Elle a été ramenée à une base de calcul de 10 000 unités qui permet de déterminer la distribution de coûts en pourcentage avec une précision de deux décimales: 100,00 %).
Schéma du processus d'argenture électrolytique
Assignation de coûts indirects (base 10 000 unités)
Étape | Matière première | Gestion | Traitements | Élimination | Audit | Étiquetage | Labora-toire | Équipement protection | Formation | |
2. Préparation | L | 50 | 105 | 325 | 150 | 15 | 25 | 40 | 10 | 15 |
B | 20 | 410 | 500 | 850 | 80 | 50 | 350 | 100 | 200 | |
V | 0 | 50 | 0 | 0 | 10 | 0 | 0 | 10 | 15 | |
3. Lavage acide | L | 20 | 40 | 100 | 60 | 15 | 5 | 15 | 5 | 5 |
B | 5 | 95 | 60 | 140 | 15 | 15 | 50 | 25 | 40 | |
V | 0 | 50 | 0 | 0 | 10 | 0 | 0 | 10 | 15 | |
4,8,10 et 11. Rinçage | L | 50 | 55 | 20 | 20 | 5 | 0 | 10 | 0 | 0 |
5 et 12. Polissages | P | 5 | 0 | 0 | 25 | 0 | 0 | 15 | 10 | 0 |
G | 10 | 25 | 0 | 50 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | |
6. Nettoyage Soude | L | 20 | 75 | 85 | 65 | 0 | 20 | 0 | 30 | 25 |
B | 10 | 180 | 275 | 350 | 40 | 25 | 150 | 45 | 100 | |
V | 0 | 75 | 0 | 0 | 10 | 0 | 0 | 15 | 20 | |
7. Neutralisation | L | 5 | 20 | 45 | 25 | 5 | 5 | 5 | 5 | 5 |
B | 5 | 55 | 60 | 100 | 10 | 5 | 40 | 10 | 25 | |
V | 0 | 50 | 0 | 0 | 10 | 0 | 0 | 10 | 15 | |
9. Argenture | L | 950 | 90 | 125 | 100 | 0 | 25 | 0 | 35 | 25 |
B | 300 | 265 | 325 | 525 | 50 | 30 | 230 | 55 | 150 | |
F | 0 | 0 | 0 | 80 | 0 | 10 | 0 | 0 | 25 | |
Total | 1450 | 1640 | 1920 | 2540 | 275 | 215 | 905 | 375 | 680 |
Voir solution.
Étape | Somme | |
2. Préparation | L | 735 |
F | 2560 | |
V | 85 | |
3. Lavage acide | L | 265 |
F | 445 | |
V | 85 | |
4,8,10 et 11 Rinçage | L | 160 |
5 et 12. Polissages | P | 55 |
G | 85 | |
6. Nettoyage soude | L | 320 |
S | 1115 | |
V | 20 | |
7. Neutralisation | L | 120 |
S | 310 | |
V | 85 | |
9. Argenture | L | 1350 |
S | 1930 | |
T | 115 | |
Total | 10000 |
Diagrama de Pareto
Les quatre premières causes de coût représentent plus de 70 % des coûts enregistrés comme indirects. L'influence des étapes 2 et 9 est suffisamment importante pour y porter une attention particulière à l'heure de chercher à améliorer le système.
La caractéristique la plus importante de la P+P, sur laquelle coïncident fondamentalement tous les groupes qui l'ont mise en pratique, est d'avoir adopté une méthodologie simple et cohérente, facile à mettre en place dans les PME. Jusqu'à un certain point, c'est un héritage de la méthodologie des audits énergétiques encouragée à fin des années 70, perfectionnée pendant des années d'application jusqu'à atteindre une grande efficacité. Ce chapitre décrit:
Le programme de P+P est une activité continue et systématique d'identification, évaluation et implantation d'opportunités d'éco-efficacité dans la production. Le programme est particulièrement adapté aux PME, mais il est aussi pratique pour introduire le concept d'éco-efficacité dans toute entreprise, indépendamment de sa taille, même si les grandes entreprises ont habituellement leur propre programme adapté à leur complexité.
Pour introduire efficacement un programme de P+P, il faut que la direction lui apporte son soutien avec la conviction que le programme présente un double intérêt: environnemental et économique. Cette conviction sera d'autant plus forte si la direction tient compte du fait que le programme de P+P est un moyen efficace pour implanter plus tard un système de gestion de l'environnement (SGE) dans l'entreprise (et si elle tient compte de l'effet positif de la P+P dans le SGE, dans le cas où un SGE serait déjà implanté).
Il revient à la haute direction de l'entreprise de:
Pour une bonne exécution des activités, l'organisation des différentes fonctions du programme est aussi importante que la systématique. Pour chaque entreprise, l'assignation de fonctions est tributaire de sa taille. L'organisation distribue les fonctions de manière sélective à des personnes déterminées mais il se peut que dans de petites entreprises l'entrepreneur et le directeur assument également de nombreuses fonctions nécessaires.
Un coordinateur ou un directeur du programme doit être à la tête de l'organisation du programme: il informera et assurera la communication avec le niveau supérieur de direction et interprétera ses objectifs et les résultats obtenus.
Le coordinateur sera, de préférence, libéré de toutes autres responsabilités qui pourraient entraver, d'une manière ou d'une autre, ses actions. Selon les besoins, le coordinateur peut organiser des comités de gestion multidisciplinaires qui incluent des représentants des différents départements de l'entreprise. Le coordinateur doit garder à l'esprit à tout moment les questions suivantes:
La fonction du comité est de rassembler les différentes capacités de l'organisation opérationnelle pour apporter information, connaissances et expérience (tableau 5.1), identifier des domaines d'action éventuelle, faire des recommandations spécifiques et apporter des données pour les évaluations de viabilité technique et économique. Au début du programme, il est habituellement utile de faire appel à un expert externe qui puisse apporter son expérience dans la méthodologie, dans l'exécution d'évaluations et qui, libre d'influences internes, a une vision neutre de la situation. Une fois que le programme est bien implanté, une réunion mensuelle peut être suffisante pour maintenir une certaine continuité dans l'action.
Technique environnementale | Législation, règlements
|
---|---|
Hygiène et sécurité | Risques pour la santé |
Ingénierie | Processus et installations |
Production et Maintenance |
|
Législation | Responsabilités environnementales |
Comptabilité | Coûts |
Approvisionnements |
|
R+D | Création d'options |
Superviseurs et opérateurs |
|
Qualité | Impact des changements |
Consultants externes | Vision/fonction catalytique
|
Même si l'évaluation peut être effectuée de manière indépendante, il s'agit de l'activité la plus importante d'un programme de la P+P qui va probablement encourager l'entreprise à adopter un programme de manière continue. L'objectif principal d'une évaluation de la P+P est d'arriver à identifier et évaluer les opportunités pour utiliser les ressources le plus efficacement possible et pour minimiser la production de flux de déchets, et ce grâce à une activité intensive, planifiée et effectuée en une seule fois.
Le coordinateur est le responsable de l'organisation de l'équipe qui sera chargée de l'évaluation. Si un programme permanent de P+P et un comité représentatif des départements impliqués existent, la composition de l'équipe sera discutée avec le comité afin d'obtenir le soutien de ces départements.
L'équipe d'évaluateurs doit inclure des membres de toutes les fonctions pour:
Cette équipe doit réduire les éventuels obstacles pressentis. Beaucoup d'obstacles peuvent être rencontrés comme de simples inerties face au changement (exprimées par des phrases telles que " je l'ai toujours fait comme ça "), un manque de compréhension des objectifs ou une méconnaissance des avantages économiques et environnementaux que l'évaluation peut apporter.
Une évaluation systématique de la P+P est constituée de diverses étapes divisées en tâches plus ou moins nombreuses [58], [59], [60], [61], [62], [63]. Elle comprend essentiellement les étapes et les contenus suivants:
Il est fondamental que la direction exprime clairement son engagement avec le processus pour garantir le succès de l'évaluation de la P+P. Particulièrement dans les entreprises à l'organisation complexe, c'est elle qui pourra faire intervenir tous les groupes potentiellement impliqués. Ce n'est que si la direction exprime clairement et positivement son intention d'appliquer la P+P que les différents niveaux d'organisation s'engageront.
Les objectifs poursuivis dans l'évaluation doivent être développés en détail. Leur définition peut exiger la participation spécifique du personnel dans les différents domaines d'exécution. Les objectifs sont déterminés en tenant compte de la législation environnementale et du degré de son application, de la technologie utilisée dans les processus de fabrication, de l'information de benchmarking relative aux produits fabriqués, des ressources humaines disponibles et des impératifs du marché.
L'équipe d'évaluateurs doit inclure des membres de toutes les fonctions impliquées et elle peut aussi incorporer un expert externe qui peut apporter sa propre expérience dans d'autres évaluations et qui n'est pas influencé par la routine de s'occuper toujours de la même installation. Au cours de l'évaluation, il faudra compter sur la participation des ouvriers à tous les niveaux quand ils peuvent apporter de bonnes idées d'amélioration grâce à leur contact permanent avec les processus. Si la fonction qualité existe dans l'entreprise, elle devra aussi être impliquée dans l'analyse afin de prévoir les éventuelles réactions des clients aux changements qui peuvent affecter la qualité réelle (ou perçue) du produit. Au cours de la préparation, les difficultés ou obstacles ainsi que la manière de résoudre ces problèmes pouvant être rencontrés dans l'implantation d'opportunités doivent également être considérés.
Les diagrammes de processus, associés aux équipements et aux différentes unités les plus importants, sont la représentation du processus de transformation des matières premières en produits, ainsi que de l'origine, de la circulation et de la destination des produits, sous-produits et flux de déchets créés, aussi bien au cours de la transformation principale que dans les autres opérations du processus, y compris les recirculations internes et les traitements des flux de déchets (figure 5.1). Il faut vérifier que les diagrammes de processus disponibles dans les archives reflètent la situation actuelle et qu'ils sont complets. S'ils n'existent pas, il faudra dessiner des schémas graphiques du processus sur le terrain.
Figure 5.1 Diagramme de processus
Il faut identifier toutes les entrées de matières premières et auxiliaires, y compris d'eau et d'énergie, ainsi que leur position dans le diagramme de processus. Il faut aussi déterminer les flux ou charges de matières et les quantités accumulées dans la période de temps choisie pour effectuer les calculs des bilans.
De la même manière que cela a été fait avec les entrées, il faut identifier toutes les sorties du processus, sous toutes les formes qui se présentent:
Il faut identifier les destinations finales de tous les flux de déchets (recyclage externe, élimination contrôlée, etc.). Il faut déterminer si leurs caractéristiques se trouvent dans les limites admissibles du point de destination, ainsi que les éventuelles responsabilités du producteur et du gérant externe des déchets.
Les niveaux initiaux de récupération de matières permettent de compléter l'analyse du processus et de les comparer avec la situation finale après application de la P+P. Le diagramme de flux et les bilans de matières doivent inclure les remises en circulation de matières sous formes de liens fermés à l'intérieur du processus même. Les matériaux recyclés dans un processus externe seront comptés comme une sortie. Les matériaux réutilisés normalement seront comptés deux fois, une fois comme sortie et une autre fois comme entrée de matériaux.
La P+N, comme la minimisation des déchets, exige notamment la réduction, voire l'élimination si cela est possible, de tous les flux de déchets qui contiennent des substances toxiques ou dangereuses. Les flux dont le volume de polluants est plus important ou les opérations les moins efficaces sont également prioritaires.
L'inspection sur le terrain est une première possibilité de se rendre compte des conditions de fonctionnement de l'installation, de son niveau de maintenance et de son type de nettoyage. Elle permet de vérifier l'information obtenue à partir des archives, des diagrammes et des feuilles de données, et particulièrement celle qui fait référence aux flux de déchets potentiellement dangereux.
L'observation sur le terrain des valeurs enregistrées du fonctionnement du processus et de l'instrumentation permet de vérifier et compléter l'information des archives. Le prélèvement d'échantillons et les analyses serviront à comparer l'information des archives disponibles avec la réalité du processus.
Les bilans de matières et d'énergie sont effectués autour des unités de processus, groupements d'équipements ou équipements individuels pour vérifier la consistance des données disponibles ou pour déceler un éventuel manque de données. Si le processus est continu et stable dans le temps, le bilan peut être effectué dans la période de temps la plus adéquate, par exemple 24 heures. Si par contre le processus n'est pas stable dans le temps, les difficultés sont plus grandes et il faut que l'exécutant soit suffisamment expert. Des lectures des entrées et des sorties faites simultanément, sans considérer le temps de résidence, donneront lieu très probablement à une interprétation erronée. Dans les processus discontinus, le bilan se fait sur une charge ou cycle complet. Si c'est possible, les mesures s'effectuent plusieurs fois et les évaluations se font sur la moyenne.
∑ entrée de matières = ∑ sortie de matières
(sans accumulation)
∑ sortie d'énergie = ∑ sortie d'énergie
Les bilans réalisés autour d'équipements où il y a une certaine forme de transfert de masse ou d'énergie, et plus particulièrement s'il existe des transformations de type chimique, permettent de déterminer les rendements réels des processus individuels et des équipements, de diagnostiquer l'efficacité du processus ou équipement et de trouver les causes du manque d'efficacité.
Ces techniques, contrairement au bilan énergétique basé sur le premier principe de la thermodynamique, appliquent le second principe et l'analyse de réseaux de transfert de chaleur pour déterminer jusqu'à quel point le processus s'écarte des limites pratiques d'efficacité énergétique.
∑ entrée d'énergie = ∑ sortie d'exergie
∑ entrée d'exergie ≠ ∑ sortie d'exergie
De nombreux problèmes de P+P ou de traitement des flux secondaires peuvent être plus facilement résolus par un traitement individualisé. Dans la plupart des cas, les mélanges transforment des flux de déchets d'éventuel traitement individuel plus ou moins simple en flux de déchets, somme des précédents, de traitement plus complexe. Un flux inerte mélangé à un flux toxique devient automatiquement un flux toxique de plus grand volume.
L'application de certaines options identifiées dans les étapes précédentes apparaîtra évidente dès le début, particulièrement celles qui n'impliquent qu'un changement de gestion, tandis que d'autres seront techniquement immédiatement écartées.
Entre les options évidentes et celles qui peuvent être écartées, il y a un groupe d'options qui demandent une analyse technique et économique plus profonde avant de décider si leur exécution est appropriée. Cela donnera lieu en général à une discussion entre les experts. Il y a également d'autres sources d'idées comme par exemple les fournisseurs, notamment lorsque les options ont un composant technologique très spécialisé. Avant d'exécuter les options qui entraînent un changement d'équipements, leur disponibilité, leur fiabilité et leur maintenance doivent être garanties. Il est possible que les ouvriers aient besoin d'une formation supplémentaire. Si des quantités plus importantes de services auxiliaires sont nécessaires (eau, vapeur, etc.), leurs disponibilités doivent être vérifiées. Si d'éventuels changements sont attendus dans la qualité du produit, il faut s'assurer que les clients les acceptent. Si la productivité de l'installation peut varier, ces modifications doivent être reflétées dans les calculs de l'évaluation économique.
Beaucoup d'options potentielles ne font actuellement pas partie du groupe d'options exécutables à cause de certaines circonstances économiques ou technologiques. Celles qui ne sont pas prioritaires ou qui ne sont pas immédiatement exécutables seront intégrées au programme de P+P et le moment opportun de leur exécution sera déterminé.
Un des objectifs de la P+P est la diminution du risque de la production pour ce qui concerne l'intervention ou l'incorporation de produits toxiques dans le processus (également pour d'autres types de risques qui font l'objet d'études spécifiques). L'évaluation idéale des solutions alternatives de synthèse des produits, en plus des consommations de matières premières et d'énergie, tient compte d'une estimation complète de la toxicité, de la persistance et de la bioaccumulation de tous les réactifs, produits et flux de déchets des options évaluées (cas pratique).
L'analyse technique doit être complétée par une évaluation économique pour choisir correctement les options. Pour les évaluations économiques, il faut déterminer les investissements nécessaires et les coûts opérationnels actuels, mais il convient de prévoir les coûts futurs et même les coûts d'élimination.
En accord avec les critères économiques prévus par la direction (période d'amortissement de l'investissement, taux interne de rentabilité, valeur nette présente, taux d'intérêt de l'argent, etc.), les études de viabilité économique des options techniquement justifiées sont effectuées. De plus, d'autres aspects difficiles à quantifier sont considérés comme les responsabilités civiles ou pénales, ainsi qu'une meilleure image de l'entreprise. L'évaluation économique complète l'étude technique et débouche sur l'étape de prise de décisions et d'assignation de priorités.
Établir des priorités d'exécution est une des tâches les plus importantes, particulièrement quand les ressources économiques sont limitées. Une discussion avec l'équipe d'évaluateurs peut aider à déterminer l'ordre des priorités en tenant compte:
Les résultats des évaluations devront être documentés et la direction, qui doit autoriser les mesures d'améliorations, devra être informée. Le rapport permettra de vérifier les futurs résultats.
Le plan d'action doit être préparé de manière détaillée comme pour n'importe quel nouveau projet à exécuter. Les données techniques comme les ressources humaines et économiques nécessaires devront être spécifiées.
Même si certaines des options sont fondamentalement des améliorations de gestion et ne font pas appel à des ressources économiques, d'autres demandent un investissement initial. Pour leur exécution, elles seront normalement en concurrence avec d'autres besoins opérationnels.
L'exécution des changements doit être effectuée avec la même efficacité que celle de tout autre type de projet.
Une fois les changements exécutés et l'usine en fonctionnement, il faut passer à l'étape de vérification de l'exécution correcte et des améliorations obtenues. Les nouvelles valeurs de consommations, de production de déchets, de productivité, de qualité du produit, des coûts, etc. doivent être convenablement vérifiées.
Le bénéfice obtenu avec les différentes options implantées doit être quantifié et l'amélioration présentée à la direction pour confirmer les avantages du programme P+P et obtenir son implantation ou sa consolidation dans l'entreprise.
Exceptionnellement, un réajustement des prévisions de progression peut être nécessaire. Que la progression soit plus forte ou plus faible que celle qui a été prévue, il faut accumuler l'expérience obtenue pour de futures options.
Le nombre de substances chimiques commercialisées est de l'ordre de 100 000 et la plupart d'entre elles ont des propriétés toxiques ou dangereuses. Une des priorités de la P+P est si possible d'éliminer ou au moins de réduire le risque associé aux substances toxiques dans leur utilisation ou leur incorporation aux produits et aux déchets envoyés pour l'élimination finale. Même si les évaluations de risque sont particulièrement dirigées aux alternatives de synthèse, et si on considère que l'origine de la minimisation avait pour objectif de réduire le risque des déchets toxiques, ces évaluations offrent un autre outil applicable à la P+P de certains produits (par exemple, des pesticides) pour laquelle beaucoup d'améliorations seraient difficilement justifiables du point de vue économique.
Le risque est la probabilité qu'une substance ou une situation puisse produire un dommage dans certaines conditions spécifiques. Le risque est une combinaison de deux facteurs: la probabilité qu'un événement indésirable survienne et les conséquences de cet événement indésirable.
L'évaluation du risque [64] est une méthodologie systématique pour déterminer s'il est probable que peuvent se produire les effets indésirables, et destinée à être utilisée comme un outil dans la prise de décisions quand il peut y avoir des conséquences sur l'environnement. Elle est appliquée pour évaluer les impacts sur la santé des êtres humains et les impacts écologiques quand il y a risque d'émissions de substances chimiques dans l'environnement. L'évaluation de risque comprend quatre étapes principales:
Savoir si une substance chimique est toxique est une des premières exigences de l'industrie pour pouvoir évaluer les impacts potentiels et les conditions de contrôle. Chaque fois que cela est possible, il faut employer des mesures directes. Mais il n'y a pas souvent d'information spécifique disponible provenant d'études toxicologiques. Une technique efficace d'estimation du risque, et d'autres propriétés, est l'utilisation des rapports structure-activité (SAR et QSAR). Malgré une certaine incertitude des estimations, ces études peuvent être utiles quand les données toxicologiques expérimentales ne sont pas disponibles, [65].
L'acrylonitrile a des propriétés cancérogènes. L'évaluation du risque de substances cancérogènes s'exprime par une fonction linéaire de la dose. La pente mde la fonction linéaire est obtenue à partir de la formule:
Morts en excès = m x dose (mg de cancérogène/poids (en kg) et jour avec consommation)
Une étude du potentiel de l'acrylonitrile à produire des tumeurs cérébrales a été effectuée par Monsanto en administrant à des souris de l'eau potable avec certaines quantités d'acrylonitrile pendant 24 mois. Les résultats de l'incidence de tumeurs cérébrales en fonction de la dose administrée en m d'acrylonitrile administrée par kg/jour d'animal ont été appliqués à un modèle linéaire, par la régression des observations, pour expliquer un risque plus important associé à chaque niveau de dose.
Dose (mg/kg jour) | Incidence de tumeur cérébrale | Risque plus important | Estimation linéaire |
---|---|---|---|
0 | 1/179 = 0,0056 | ||
0,12 | 1/90 = 0,0111 | 0,0055 | 0,0028 |
0,36 | 2/91 = 0,0220 | 0,0164 | 0,0084 |
1,25 | 4/85 = 0,0471 | 0,0415 | 0,0292 |
3,65 | 6/90 = 0,0667 | 0,0611 | 0,0853 |
10,89 | 23/88 = 0,2614 | 0,2558 | 0,2545 |
Pente du modèle linéaire m = 0,0234 (mg/kg jour)-1
Les valeurs seuil (TLV, Threshold Limit Values) sont des paramètres développés pour établir des concentrations maximales de substances chimiques sur le lieu de travail. La valeur inverse de la TLV peut être employée comme indice environnemental, en indiquant qu'une forte valeur de TLV acceptable a un faible impact sur l'environnement. La TLV, en elle-même, est un concept trop simple et ne donne pas d'indication sur ce qui se passe quand les doses augmentent jusqu'à l'apparition d'effets indésirables. De plus, elle se réfère à des effets sur l'homme directement par inhalation sans considérer la voie d'ingestion.
La TLV est déterminée par un niveau de concentration qui ne peut pas provoquer d'effets indésirables pendant toute la vie d'un travailleur présent sur le lieu de travail 8 heures par jour et 40 heures par semaine. Les valeurs des TLV sont fixées par l'ACGIH [66].
Une méthode alternative est celle développée par l'USEPA qui se sert de la base de données d'IRIS [67]. L'évaluation de toxicités potentielles utilise la concentration d'inhalation de référence. L'USEPA utilise les concentrations de référence, les pentes des facteurs oraux et les facteurs de risque unitaires pour pondérer la toxicité des substances. Pour des pondérations globales, elle se base sur le poids le plus grand assigné dans un tableau.
La concentration d'inhalation de référence est l'estimation de l'exposition continue par inhalation qui ne provoquera probablement pas d'effets pendant la vie de la personne soumise à l'inhalation. D'une certaine manière, elle a un rapport avec la TLV, le facteur " pente " de l'ingestion orale et le risque unitaire.
Le facteur " pente " de l'ingestion orale caractérise la réponse par ingestion dans la zone de faible dose, c'est-à-dire, la zone où peut être assumée une linéarité entre les doses 0 % et 1 % de risque plus important.
Le risque unitaire est la limite supérieure de plus grand risque de cancer pendant la vie qui peut provenir de l'exposition à un agent cancérogène, à une concentration d'1 microgramme/litre dans l'eau ou d'1 microgramme/mètre cube dans l'air.
Dans la base de données de l'IRIS, l'acrylonitrile figure comme une substance cancérogène probable pour l'homme (B1) avec une estimation quantitative exprimée par l'exposition orale avec la pente du facteur de 0,54 (mg/kg jour)-1(c'est-à-dire qu'une personne de 100 kg exposée à 100 mg par jour a plus de risque (+ 0,54 %) par rapport à une personne non exposée). Le risque unitaire dans l'eau potable est de 15 mg/l.
Pour l'exposition par inhalation, le risque unitaire est de 0,068 mg/m3.(c'est-à-dire que pour une population de 100 000 personnes, il existe un potentiel de il existe un potentiel de risque plus grand (+6,8 %) de cas de cancer provoqués par l'exposition pendant toute la vie à une dose d'1 1mg/m3 d'acrylonitrile)
La pondération globale dans le cas de l'acrylonitrile est de 10 000 pour le facteur oral et de 1 000 pour celui de l'inhalation. La toxicité globale serait basée sur le facteur le plus important, ici le facteur oral.
L'expérience ne peut s'acquérir que par la pratique et par conséquent la situation idéale est celle où l'accès à une véritable entreprise est possible pour faire un exercice d'évaluation. Sinon, tenir compte de l'analogie qu'il y a entre une cuisine et un processus de fabrication (chapitre 11) peut aider à faire un exercice pratique. L'exercice est conçu d'une manière générale avec une liste de questions à formuler pour évaluer les options qui auront été identifiées auparavant [57], [63]. La plupart des questions sont pertinentes pour tout type de fabrication. L'exercice peut être traité individuellement ou en groupe mais une discussion des résultats avec l'ensemble des participants sera la bienvenue à la fin.
La quantité d'options produites par l'équipe peut être plus ou moins grande selon les circonstances. Il ne s'agit pas de sélectionner toutes les idées qui ont été émises. Il est évident qu'il faut se concentrer sur les plus prometteuses. Le bon sens et l'intuition peuvent aider à trier les premières idées et à éliminer les moins praticables ou importantes. D'autres peuvent être si simples, efficaces, bon marché et faciles à implanter qu'elles ne demanderont pas une analyse compliquée. Finalement, il en restera quelques-unes qui exigeront une analyse plus exhaustive.
Au cours de ce processus préliminaire de choix d'options, on pourra aussi apprécier quelles sont les améliorations absolues ou jusqu'à quel point elles améliorent la situation actuelle. Ce processus permettra aussi d'avoir une idée sur les délais d'application des solutions (immédiate, à court, moyen ou long terme). C'est aussi le moment où ceux qui forment l'équipe formuleront une série de questions qui guideront tout le processus de sélection des différentes options. Certaines de ces questions seront d'ordre général, mais d'autres peuvent concerner les aspects techniques, sociaux et économiques qui faciliteront l'évaluation et la décision finales. Il est toujours bon de disposer d'exemples pour débuter le processus mais l'équipe doit élaborer son propre questionnaire appliqué aux circonstances réelles.
L'option est-elle disponible ?
Est-ce une option applicable dans cette entreprise ?
L'option affectera-t-elle la qualité du produit ?
Est-ce une option durable ?
Comment l'option peut-elle affecter la santé des employés, la communauté voisine et l'environnement ?
L'option sera-t-elle bien acceptée par la direction et le personnel ?
L'image de l'entreprise sera-t-elle meilleure ?
Quels sont les investissements nécessaires ?
Quelles économies et quels coûts directs l'option implique-t-elle ?
Quels sont les bénéfices intangibles associés à l'option ?
Y aura-t-il moins de responsabilités avec l'option ?
Comment les coûts et bénéfices non monétaires peuvent-ils varier ?
L'option représente-t-elle une opportunité de plus de sources de revenus ?
Après les évaluations, l'équipe doit comparer les différentes options de manière plus ou moins structurée. Une méthode formelle est de construire une matrice dans laquelle figurent les critères de comparaison et la pondération que leur donne l'équipe d'évaluateurs. Les options sont notées à l'intérieur de chaque critère et sont multipliées par les facteurs de pondération pour obtenir des notes pondérées dans la matrice (tableau 5.2) qui finalement sont additionnées pour obtenir l'évaluation finale.
Exemples de critères de comparaison qui peuvent être choisis:
D'abord, dans la pondération de l'exemple, l'importance relative des critères est évaluée et notée de 1 à 10. Ensuite, on évalue dans quelle mesure l'option en question respecte le critère (de 1 à 10 aussi). Après, on multiplie les deux notes pour obtenir la note pondérée de chaque critère. Finalement, on additionne les notes partielles de chaque option pour pouvoir les comparer et voir laquelle a une meilleure note.
Exemple d'évaluation pondérée | |||||
Critère |
Facteur (1 a 10) |
Option 1 | Option 2 | ||
Note (1 a 10) |
Note pondérée |
Note (1 a 10) |
Note pondérée |
||
Faible besoin d'investissement | 8 | 4 | 32 | 9 | 72 |
Coûts opérationnels bas | 10 | 5 | 50 | 3 | 30 |
Interférence avec les opérations actuelles | |||||
Facilité d'implantation | 3 | 9 | 27 | 9 | 27 |
Besoins en personnel | |||||
Changements dans les caractéristiques du produit final | |||||
Diminution de la toxicité/dangerosité | |||||
Amélioration de l'hygiène et de la sécurité de production | |||||
Diminution de responsabilités civiles et pénales | |||||
Acceptation de la part des employés | |||||
Total | 109 | 129 | |||
Classement | 2 | 1 |
Pour chaque secteur industriel, il y a des options de prévention à la source qui lui sont spécifiques, en relation avec la technologie qui lui est propre, mais il y a également une série d'opportunités qui sont communes à presque tous les secteurs. Ce chapitre établit la liste des options les plus générales de la P+P dans différentes étapes du cycle productif:
Les bonnes pratiques environnementales (BPE) sont un ensemble de mesures applicables dans l'industrie qui, de manière simple, permettent d'améliorer son comportement environnemental. Elles sont souvent un bon début pour la prise de conscience environnementale dans une entreprise, avant de passer à l'application des programmes de P+P. Des BPE très générales peuvent être définies pour toute l'industrie ou elles peuvent l'être pour un secteur industriel déterminé, mais chaque entreprise devrait concevoir son propre catalogue de BPE selon les conditions propres à son activité.
Exemples des mesures adoptées par de nombreuses d'entreprises:
Différentes manières d'arriver à définir un catalogue de BPE peuvent être adoptées. Cela dépendra de la portée que l'on veut leur donner et des mesures qui sont considérées comme les plus importantes pour l'entreprise, le secteur ou l'institution qui les définit.
Selon le point de départ, d'autres entreprises préfèrent inclure des aspects plus spécifiques ou avancés de BPE relatifs à:
Un programme de BPE doit surtout être réalisable dans la pratique et, par conséquent, il doit être basé sur les moyens existants et doit partir de l'actuel niveau de prise de conscience de l'entreprise.
Une méthodologie simple procédant par étapes est proposée aux entreprises qui désirent élaborer leur propre programme de BPE.
Dans son manuel de Conception et application d'un programme de BPE dans l'industrie [68], le Ministère de l'environnement du Gouvernement catalan propose quatre temps (comme en musique) pour élaborer un programme de BPE.
Un exemple nous montre comment une usine de jouets qui voulait implanter son propre programme de BPE a suivi la procédure suivante pour identifier une bonne pratique d'application simple afin de réduire la production de déchets spécifiques.
Exemple de la détermination d'une BPE dans une usine de jouets en suivant la méthodologie proposée:
Étape 1. L'entreprise fabrique des voies ferrées pour trains miniatures. Il a été observé qu'un grand nombre de déchets est produit sous forme de restes métalliques et de pièces en plastique défectueuses. Définition de l'objectif: recycler à 100 % les déchets plastiques dans l'opération et valoriser les déchets métalliques de manière externe.
Étape 2. Une BPE serait de séparer les déchets métalliques du plastique et les classifier correctement. Il est décidé de faire une séparation correcte dans les conteneurs de collecte sélective et de vérifier l'absence de voies ferrées défectueuses dans le conteneur normal.
Étape 3. Le responsable de la BPE sera le monteur qui supervisera les conteneurs de collecte sélective et les conteneurs normaux à la fin du travail de chaque équipe. Le responsable fera un contrôle de l'application de la BPE pour le cas où il faudrait procéder à un nouveau tri des voies ferrées classifiées incorrectement. Il faudra prévoir auparavant une période de formation du personnel impliqué.
Étape 4. L'évaluation de l'application de la BPE s'effectuera à travers un rapport quotidien de production.
La fiche MedClean nº 18 relative à la prévention de la pollution dans une industrie de produits laitiers en Égypte, est un autre exemple de bonne pratique environnementale.
Les améliorations potentielles dans les domaines de traitement et de maintenance affectent les procédures et les instructions, les personnes et les installations [69], [70], [71], [72]. Quelques-unes des recommandations sont communes à tous les secteurs et processus (y compris les BPE) mais chaque secteur aura ensuite ses propres recommandations plus ou moins spécifiques selon ses procédés.
Quant au facteur humain, utile aussi bien pour le domaine des opérations que pour tous les autres domaines, il faut dire que:
Les recommandations suivantes sont destinées à organiser la documentation, avec des mesures comme:
Il peut s'agir également de mesures destinées à l'exécution, comme:
Et voici d'autres exemples pour chaque secteur:
Les opérations de transvasement (de camions aux réservoirs, de charge de réacteurs, etc.) impliquent des opérations manuelles, certaines avec des substances toxiques ou dangereuses, qui devraient n'avoir rien de routinières. Pour cette raison, il convient d'y faire prioritairement attention et de suivre, entre autres, les recommandations suivantes:
Tous les équipements physiques d'une usine industrielle peuvent avoir des failles qui entraînent des pertes de produits, une production de déchets et une éventuelle destruction d'équipements. L'objectif de la maintenance est de garder l'usine dans des conditions de disponibilité qui respectent les spécifications [73], [74]. La faille peut être due à une rupture ou à une détérioration. Dans ce dernier cas, la baisse progressive de la qualité entraîne la non-acceptation du produit et l'augmentation de la production de déchets.
Une bonne maintenance est aussi importante qu'une bonne opération. Dans certains secteurs, la maintenance arrive à représenter un tiers des coûts fixes. D'où la double importance, environnementale et économique, de la maintenance. Décider quel est le niveau optimal de la maintenance oblige à trouver un compromis entre les ressources qui lui sont attribuées et les risques de faille, de détérioration de l'efficacité et de production de flux de déchets. Il y a essentiellement trois types de maintenance: corrective, préventive et prédictive.
La maintenance préventive est exécutée selon un programme réglementé. Elle assume que les équipements suivent une sorte de comportement statistique. Elle inclut des routines régulières de maintenance, de nettoyages et de recalibrations. Elle inclut aussi des inspections programmées des équipements pour découvrir des situations de risques et y remédier.
La maintenance prédictive implique une surveillance permanente des conditions et caractéristiques du fonctionnement des équipements, et l'intervention en tenant compte du comportement préalable de l'équipement. Les données des inspections permettent de prévoir à quel moment le problème peut se présenter et donc d'intervenir opportunément de manière anticipée.
Dans la P+P, l'équipe d'évaluateurs doit déterminer quelle est la combinaison actuellement appliquée et quelle est l'option la plus adéquate au vu des particularités de l'entreprise. L'équipe d'évaluateurs, en accord avec le responsable de la maintenance, propose l'adoption de mesure sur des aspects comme:
La gestion des approvisionnements, y compris les activités d'achats de matières et la gestion des magasins (inventaires), offre des possibilités de réduction des déchets qui, en général, ne demandent aucun investissement ou alors un investissement minime [75]. Une bonne gestion peut réduire le volume des inventaires et, par conséquent, l'investissement correspondant ainsi que l'espace réservé pour le magasin. Les critères de stockage sont habituellement déterminés en ignorant le facteur environnemental et même les avantages de type économique qu'il peut apporter. En ce qui concerne les approvisionnements de matières, il y a un problème de conditionnement et d'emballages qui représentent une source de flux de déchets.
Aujourd'hui, tout le monde reconnaît l'importance des relations client-fournisseur et le rôle que joue le personnel du service achats dans ces relations en matière de P+P [69], [70], [76], [77]. Dans la relation de plus en plus forte de la chaîne client-fournisseur, pour certains processus de production, des systèmes just-in-time (JIT) sont appliqués. Ils permettent de réduire, voire d'annuler, les stockages intermédiaires. Il s'agit là d'une situation idéale mais dans beaucoup de processus le manque de garantie du respect du système JIT peut représenter des problèmes de toute sorte comme l'arrêt d'un processus qui s'effectue en continu, et même des conséquences négatives plus importantes que le bénéfice théoriquement attendu. Par conséquent, avant d'appliquer le système JIT, il faut effectuer une analyse complète des bénéfices et risques associés.
Recommandations permettant d'obtenir les améliorations suivantes:
Recommandations spécifiques à observer dans les magasins:
Voici des options qui peuvent être appliquées pour faciliter la gestion des emballages:
Les changements de matières peuvent représenter des améliorations de P+P aussi bien dans le processus de fabrication que dans le produit final. Un des principaux objectifs est d'utiliser une substance pas du tout ou moins toxique que l'original, ou de récupération plus facile, sans toutefois oublier que dans l'évaluation des substitutions de matières il faut analyser tous les facteurs de risque, comme par exemple l'inflammabilité, l'explosibilité, etc. [78]. Un des changements de matière les plus courants en P+P est le changement de dissolvants (voir 6.5.4). Mais le changement de matières est une des solutions alternatives qui demande le plus de recherche préliminaire. Avant son adoption, peut-être faudra-t-il faire des études de laboratoire ou d'usine pilote et des essais de produit fini. Quand le changement est une reformulation du produit final, il faudra compter sur l'intervention de la fonction marketing et sur l'acceptation de la part de l'utilisateur.
Certains changements de matières répondent à une intention plus générale, comme par exemple utiliser:
D'autres changements ont des motivations plus spécifiques, comme:
La révision des fiches techniques de matières fournit une information essentielle pour commencer la recherche de matières de substitution. Une manière d'aborder la révision d'une feuille de données de matières est de se demander à chaque cas:
Les changements de matières destinés à réduire les substances toxiques sont de grande importance dans la P+P. Certains programmes ont été spécialement conçus dans ce but, par exemple le programme TUR (Toxics Use Reduction), [79] qui n'est rien de moins qu'une autre manière de prévenir la pollution. Le programme TUR formule diverses techniques de réduction de l'impact. Des guides spécifiques ont également été édités afin de diminuer les risques associés aux substances toxiques [80].
Voici des exemples de techniques visant à réduire l'impact des substances toxiques:
Les dissolvants sont des substances utilisées dans un grand nombre d'industries différentes pour des applications différentes:
On entend par dissolvant, un liquide organique d'évaporation rapide à température ambiante avec des émissions de composés organiques volatils (COV). De nos jours, il s'agit également des dissolvants aqueux et semi-aqueux.
Afin d'éviter ou de réduire les impacts environnementaux négatifs associés à l'utilisation de dissolvants, une bonne partie de la P+P dans certaines industries passe par l'incorporation d'une gestion éco-efficace des dissolvants [81].
Le système de gestion des dissolvants inclut:
Figure 6.1 Système de gestion de dissolvants (Réf.: Direction générale de qualité environnementale du Ministère de l'environnement et du logement du Gouvernement catalan).
La gestion des dissolvants est le processus permettant d'arriver à une meilleure compréhension du comment et du pourquoi de l'utilisation de dissolvants par une entreprise. Elle sert également à trouver la manière de contrôler et de réduire la consommation de dissolvants ainsi que les émissions de COV associées. Les options d'amélioration peuvent être les suivantes:
Un système de gestion structuré et systématique peut faire partie d'un programme de P+P, être une activité indépendante ou faire partie d'un SGE complet. Pour de nombreuses entreprises le coût de plus en plus important des dissolvants est une raison pour appliquer la P+P aussi valable que le respect des obligations légales sur l'environnement qui sont de plus en plus restrictives en ce qui concerne les COV.
La fiche MedClean nº 30 présente un cas spécifique d'élimination du trichloréthylène dans la fabrication de pièces métalliques, en substituant ce dissolvant par un nettoyant non toxique à base aqueuse.
Dans l'application de la P+P, on ne trouve pas toujours de solutions standard dans les manuels ou alors elles ne sont pas directement applicables. Il faut souvent trouver des solutions originales ou prendre des décisions qui n'ont rien de simple. Il convient que l'évaluateur ait des connaissances générales de la méthodologie de solution de problèmes et de prise de décisions, qui sont applicables à la P+P comme à tout autre domaine de la gestion de la technologie. Il peut adopter, par exemple, la manière de planifier, de réaliser, de contrôler et d'améliorer (PACR) proposée par Deming pour le domaine de la qualité industrielle et appliquée dans le projet des SGE (chapitre 3).
D'habitude, on distingue de manière théorique un problème routinier d'un problème non routinier et s'il peut être décrit mathématiquement ou non, etc. Mais, en général, la solution comporte les étapes et sous-étapes suivantes [87]:
Les sept outils de contrôle statistique de la qualité [88] ont une application directe dans la P+P pour améliorer le comportement d'une usine de traitement par le contrôle statistique du processus [89]. Parce que fabriquer des produits dans les marges de qualité signifie ne pas être obligé de récupérer le matériel et ne pas être obligé de refabriquer le produit, ni, dans le pire des cas, être obligé de rejeter tout le produit comme un flux de déchets. En outre, les sept outils ont une application individuelle comme outils dans le processus d'évaluation de la P+P et de manière plus générale dans les SGE.
Les sept outils sont:
Le diagramme de flux montre les relations entre les éléments d'un système, comme par exemple les interdépendances entre les activités d'un processus ou le diagramme de flux de matières à l'intérieur d'un processus. Il est généralement utilisé dans les secteurs de la technologie.
Figure 6.2 Exemple de diagrammme de flux
Également connu pour sa forme en arêtes de poisson ou comme diagramme d'Ishikawa, du nom de son inventeur, le diagramme cause-effet cherche à établir la relation d'un effet avec toutes ses causes possibles pour identifier ensuite celle qui peut être à l'origine d'un effet négatif. Les causes sont généralement représentées en quatre (ou six) groupes principaux. D'une part, on s'intéresse aux 4 suivantes: politiques, procédures, personnel, usine, et d'autre part aux 4 M: matériels, machines, méthodes, main-d'uvre (ou aux 6 M si par exemple mesures et maintenance sont incluses). Pour sa construction, il est souvent utile de disposer du diagramme de Pareto correspondant.
Figure 6.3 Exemple de diagramme cause-effet (6 M)
Le diagramme de Pareto classe les catégories par ordre décroissant de comptage. Pareto a découvert que dans beaucoup de cas il existe un rapport de 80 à 20 environ entre facteurs. Ainsi, par exemple, dans un magasin 20 % des produits stockés représentent 80 % de la valeur totale des produits stockés. Le diagramme de Pareto est utilisé pour mettre en évidence les problèmes prioritaires.
Figure 6.4 Exemple d'application du principe de Pareto:
Contribution des différentes étapes de processus à la pollution des eaux résiduaires d'une usine. Le graphique permet d'observer que sur 100 étapes, la nº 8 représente 35 % de l'ensemble de la charge polluante (comme la DCO), et que les trois étapes présentant la plus grande charge polluante représentent 2/3 du total, ce qui fait que ces étapes requièrent une attention préférentielle afin de chercher à réduire la charge polluante de l'entreprise.
L'histogramme est un graphique courant en statistique et utilisé pour montrer le type de distribution fréquentielle des mesures, par exemple, des dimensions d'une vis fabriquée en quantité massive. Pour nombre de cas, la distribution idéale serait la distribution normale ou celle de la cloche de Gauss.
Le diagramme de corrélation ou de dispersion est utilisé pour déterminer si deux mesures ont un rapport entre elles ou s'il existe une corrélation entre deux groupes de données. La corrélation peut avoir lieu s'il y a une relation cause-effet ou entre deux causes, etc. Le sens et le groupement indiquent la force de la relation.
Le graphique de tendances montre comment une mesure varie au cours du temps. Les annotations se font dans le même ordre chronologique dans lequel les mesures sont effectuées.
Comme pour le graphique de tendances, il permet d'étudier les variations qui se présentent dans un processus répétitif. Le graphique indique les valeurs de la moyenne de la mesure et les limites de contrôle supérieure et inférieure.
Indiquer si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses:
Détermination des causes d'inefficacité
Relier à une des 8 catégories les affirmations entendues dans les entreprises lorsque des questions sont posées sur les causes de l'inefficacité.
L'industrie chimique est caractérisée par un fonctionnement autour d'un réacteur, pièce maîtresse dans les processus chimiques au cours desquels des molécules se transforment selon une stchiométrie bien définie. L'industrie chimique moderne est liée en partie à l'industrie pétrolière, très présente dans divers pays méditerranéens, et qui permet de créer de la valeur ajoutée et d'améliorer le rendement économique des exportations. En fait, les processus unitaires de raffinement de pétrole sont similaires à ceux de l'industrie chimique même s'ils ont des objectifs plus spécifiques. Dans le pourtour méditerranéen, on peut aussi citer le poids important de l'industrie chimique dans la production de fertilisants et dans des secteurs traditionnels comme la tannerie ou les finitions textiles. Beaucoup d'autres secteurs industriels incluent dans leur technologie des transformations chimiques intégrées dans leur processus de fabrication particuliers. L'industrie chimique, par sa complexité, son poids économique et son impact sur l'environnement, a fait l'objet de nombreuses études pour améliorer l'éco-efficacité du secteur.
Ce chapitre:
Il est difficile de concevoir le monde actuel sans l'industrie chimique. Sa contribution a été essentielle dans les progrès de la société moderne et dans l'amélioration de la qualité de la vie. C'est également un secteur qui emploie, directement ou indirectement, un pourcentage considérable de la population.
Voici quelques exemples de sa contribution:
On pourrait continuer ainsi la liste des secteurs concernés, depuis les technologies les plus proches de l'extraction de minéraux ou de l'obtention de produits naturels, jusqu'aux produits incorporés dans les industries les plus diverses comme la métallurgie, la papeterie, etc.
Les avantages offerts par l'industrie chimique ne sont plus perçus comme extraordinaires. Par contre, l'augmentation de la production a mis en évidence les effets secondaires indésirables des systèmes de production adoptés par un secteur qui était peu sensible aux questions de l'environnement. L'industrie chimique a devancé la mise en application de l'éco-efficacité pour corriger ses impacts et améliorer son image. Ainsi, depuis longtemps, on peut trouver de nombreuses références dans les publications du secteur chimique qui introduisent la prévention à la source et la minimisation comme les meilleurs moyens d'éviter les impacts sur l'environnement et qui interprètent les flux de déchets comme une claire indication de perte de rendement [92], [93], [94], [95].
Avant d'affronter les problèmes environnementaux, l'industrie chimique s'était vue obligée de fournir de grands efforts pour résoudre les problèmes d'hygiène et sécurité industrielles très souvent liés aux problèmes de l'environnement. La P+P présente des intérêts variés et complémentaires pour le secteur auxquels il faut ajouter l'intérêt pour la conservation et l'utilisation efficace des matières et de l'énergie dont l'industrie chimique est grande consommatrice.
Différents types d'opérations unitaires (détaillées dans beaucoup de manuels d'opérations fondamentales et d'ingénierie de la réaction chimique) se conjuguent dans les processus chimiques.
Nous pouvons distinguer:
Les réactions chimiques s'effectuent rarement dans un sens unique de molécule à molécule. En général, les atomes et les radicaux actifs ont la possibilité de se combiner de plusieurs manières ; on parle alors de réactions en parallèle et de réactions en série avec comme résultat la formation de sous-produits en même temps que le produit désiré. Quand les sous-produits n'ont aucune application, on les appelle des déchets (tableau 7.1).
C'est pourquoi il faut rechercher la manière d'augmenter l'efficacité matérielle entendue comme le rapport entre la somme des produits obtenus et la somme des matières premières et auxiliaires introduites dans le processus, et éviter les circonstances qui entravent l'efficacité (tableau 7.2).
Tableau 7.2 Circonstances favorisant une plus grande production de flux de déchets
Il y a une plus grande probabilité de générer des flux de déchets si:
L'efficacité matérielle (qui est l'inverse de l'intensité matérielle ou consommation de matière première par unité de produit) varie beaucoup en fonction du segment industriel (tableau 7.3) en question
Les actions de l'industrie chimique, grande consommatrice d'énergie, sont dirigées vers la conservation et l'efficacité énergétique (quantité d'énergie consommée par unité de production). Pour des raisons économiques, dans le passé, l'application directe d'énergies renouvelables s'est effectuée à de rares occasions, même si des recherches particulières ont été menées comme, par exemple, l'application directe de l'énergie solaire dans les processus chimiques qui demandent de hautes températures.
Segment industriel | Volume de production (Tonnes) |
Efficacité matérielle (kg/kg %)/p> |
---|---|---|
Raffinerie | 106 -108 | 90 % |
Chimie de base | 104 -106 | 20-50 % |
Chimie fine | 102 -104 | 2-20 % |
Pharmacie | 101 -103 | 1-4 % |
Les impacts de l'industrie chimique affectent tous les vecteurs environnementaux:
Certains des impacts sur l'environnement provoqués par l'industrie chimique et ayant des conséquences globales sont traités de manière particulière. Par exemple, c'est le cas:
La complexité du traitement intégral de toutes sortes d'émissions à laquelle l'industrie chimique est obligée de faire face favorise la mise en place de l'éco-efficacité qui a été instaurée de manière relativement facile dans les grandes entreprises. C'est cette même complexité qui a rendu difficiles les progrès en matière d'éco-efficacité pour les PME du secteur. La P+P, en revanche, offre un moyen approprié pour avancer dans ce domaine.
La dénomination " chimie verte " est celle qui a probablement gagné le plus d'adeptes pour se référer au développement de nouveaux moyens de synthèse [97], [98], [99], [100] de produits qui tiennent compte de la question environnementale depuis le premier niveau de recherche de nouveaux procédés. La chimie verte, appelée aussi chimie légère ou chimie durable, possède les caractéristiques de développer des moyens de synthèse qui, dans la mesure du possible, appliquent:
Les principes de la chimie verte sont décrits dans le tableau 7.4
L'application du concept d'optimisation par voie expérimentale ou à l'aide de modèles mathématiques avait été facilement introduite dans l'ingénierie des processus, comme un outil presque indispensable d'élaboration. Mais les caractéristiques de la science chimique en laboratoire ne rendaient pas facile l'optimisation de la voie synthétique. Dans les laboratoires de recherche, la priorité était d'obtenir la molécule par des moyens relativement économiques, sans accorder l'importance requise aux sous-produits des transformations.
Conscients des implications de la voie de synthèse dans les impacts sur l'environnement, et des avantages et inconvénients que la situation d'une entreprise peut représenter par rapport à ses concurrents, les centres de recherche appliquée ont progressivement adopté la nouvelle philosophie de concevoir des processus et des produits chimiques qui réduisent l'utilisation de matières et/ou éliminent la production de déchets tout en augmentant l'hygiène et la sécurité à toutes les étapes de la production.
Un examen détaillé des possibilités de nouvelles voies synthétiques plus respectueuses de l'environnement peut être effectué en consultant, par exemple, le Green Chemistry Expert System et les bases de données disponibles sur la chimie verte [101].
Certaines des conditions nécessaires permettant de parler de chimie verte finissent par être obtenues dans l'étape de développement du processus, quand s'établit une collaboration entre les chercheurs de laboratoire et les ingénieurs chimiques ce qui facilite l'incorporation d'améliorations, et quand des équipes soudées cherchent ensemble:
Dans la recherche de l'innovation, il est suggéré comme solutions alternatives aux processus classiques, d'utiliser, entre autres possibilités:
L'électrochimie est une des techniques qui trouve de nouvelles applications. En Israël, une entreprise a effectué des changements radicaux dans la production d'un acide grâce à l'électrolytique. Une description de ses changements est faite dans la fiche MedClean nº 38
La configuration des processus chimiques est finalement décidée à l'étape de la conception. Diverses méthodes, pas très différentes les unes des autres, ont été proposées. Elles établissent une hiérarchie de décisions destinée à développer une stratégie logique de choix entre différentes options. Les méthodes hiérarchiques commencent par décomposer la conception en sections très simples qui sont ensuite traitées de manière séquentielle.
La première méthode de conception hiérarchique a été proposée par Douglas [102] en divisant la tâche de synthèse de processus complexes et en procédant selon les niveaux de décision suivants:
Une alternative, parmi toutes celles proposées pour modifier ou amplifier la solution de Douglas de synthèse de processus, est le diagramme en oignon [103] de Smith y Petela de Smith et Petela (figure 7.1) qui analyse de l'intérieur vers l'extérieur, en couches concentriques, les composants suivants: réacteur, séparation et remise en circulation, réseau d'échange de chaleur et services auxiliaires.
Figure 7.1 Diagramme en oignon
Parmi les transformations chimiques, beaucoup ne mènent pas à un produit simple: en plus de la réaction principale, ont lieu d'autres réactions en série et/ou en parallèle qui produisent des substances secondaires appelées à devenir des sous-produits ou des déchets. La recherche s'oriente donc à trouver les conditions optimales de réacteur, température, temps de séjour, catalyseur, etc., pour obtenir:
On peut distinguer cinq sources potentielles de formation de sous-produits et/ou de flux de déchets (en fonction de l'utilisation ou du rejet éventuel) dans les réacteurs chimiques:
La production de sous-produits ou de flux de déchets parallèlement à la réaction principale (tableau 7.5):
A + B → P (Produit) + S (Sous-produit/Flux de déchets)
Les réactions secondaires en série à partir du produit principal qui génèrent des sous-produits résiduaires (tableau 7.6)
A + B → Produit
P → S (Sous-produit/Flux de déchets)
L'amélioration des rendements et la diminution de la formation de sous-produits résiduaires ont été longuement étudiées. Plusieurs livres [104], [105], [106] offrent des analyses détaillées de ces possibilités. L'évaluation commence en identifiant les facteurs déterminants des réactions [107], [108].
Il faut appliquer alors les principes de la science de l'ingénierie pour:
Afin d'améliorer la conversion, on peut envisager:
Lorsque la séparation postérieure et la remise en circulation de la matière première qui n'a pas réagi sont possibles, il peut être préférable de ne pas trop s'inquiéter du degré de conversion tout en gardant à l'esprit qu'une conversion plus élevée augmente l'efficacité de la séparation et en diminue le coût.
La production de pesticides, de par leur toxicité, est un cas particulièrement important en matière de réduction des déchets et d'amélioration du rendement de la production. La fiche MedClean nº 12 relative au cas d'une entreprise d'herbicides en Croatie dans laquelle des améliorations significatives ont été apportées, représente un exemple d'améliorations réussies grâce aux transformations chimiques.
Dans le choix du réacteur (figure 7.2), il faut considérer que:
Figure 7.2 Types de réacteur
Dans les réactions en parallèle qui donnent un produit (P) et un sous-produit ou déchet (S):
O quand il y a deux matières premières (A + B) utilisées comme réactifs, leur introduction peut être combinée pour effectuer un processus semi-discontinu:
Dans les réactions en série:
Pour améliorer la sélectivité, on peut:
Parallèlement à l'intérêt suscité par la chimie verte, il y a la catalyse [109], [110]. Les catalyseurs jouent un rôle de plus en plus important pour améliorer la sélectivité des réactions et peuvent être le facteur déterminant pour la nouvelle voie de synthèse de substances. L'intérêt des catalyseurs réside spécialement dans les réactions catalysées en phase hétérogène, comme dans le cas d'un catalyseur solide dans des gaz en réaction, parce qu'un avantage supplémentaire du catalyseur est qu'une étape de séparation n'est généralement pas nécessaire pour le récupérer.
Prenons comme exemple une des branches les plus importantes de la catalyse qui concerne les processus d'oxydation. Les oxydations se produisent habituellement avec une faible sélectivité parce que beaucoup de réactions d'oxydation utilisent de l'oxygène moléculaire comme agent oxydant. L'oxygène est intéressant sur le plan économique de part sa grande disponibilité, mais il présente aussi des problèmes techniques. Un des problèmes est la haute barrière d'activation, améliorable avec la catalyse. Un autre problème est que la thermodynamique favorise généralement l'oxydation totale avec la formation de dioxyde de carbone et d'eau comme produits finaux. C'est une circonstance très peu sélective pour produire des substances partiellement oxydées. Les oxydations catalytiques représentent ici aussi une sensible amélioration. En combinant des réactifs appropriés et des catalyseurs, on arrive à des solutions techniques favorables. Ainsi par exemple, un catalyseur à base de zéolithes associé à une solution aqueuse de peroxyde d'hydrogène peut activer beaucoup d'hydrocarbures avec des avantages comme la sélectivité de la forme isotopique désirée, la facilité de récupération du produit, la séparation des sous-produits, et le caractère régénérable du catalyseur.
Le catalyseur idéal est parfaitement sélectif et n'a pas besoin de dissolvants. Même si on n'atteint jamais la condition idéale, il peut y avoir une approximation asymptotique. Outre les imperfections dans la sélectivité et le besoin de dissolvants, il y a le problème de la désactivation progressive de la catalyse.
Un autre progrès, en ce qui concerne les réactions catalytiques, est l'utilisation de l'eau au lieu de dissolvants organiques. L'eau est un bon liquide de coordination pour beaucoup de matériels catalytiques. Beaucoup de réactions (Dies-Alder, carbonylations, alkylations et polymérisations) peuvent avoir lieu en base aqueuse. Il n'y a qu'un inconvénient: les catalyseurs métalliques ne sont pas solubles dans l'eau ; mais là aussi il y a des progrès parce que les catalyseurs peuvent être associés à des ligands hydrophiles qui stabilisent leur présence dans la solution.
L'ingénierie des réactions a aussi facilité le contrôle des réactions catalytiques avec une technologie combinée de réacteur-catalyseur. Ainsi, quand par exemple on souhaite ajuster les températures de réaction dans une fourchette déterminée, thermodynamiquement favorable à la réaction voulue, on peut utiliser des catalyseurs en lit fluidisé pour améliorer la distribution de flux et le transfert de chaleur.
Les changements de processus doivent tenir compte des améliorations des réactions et aussi des processus de séparation. La séparation la plus sélective possible, de produits et sous-produits, des flux de déchets indésirables et des matières non transformées dans l'étape de réaction, a une influence considérable sur l'éco-efficacité des processus. En plus de fournir des produits de la qualité requise, les processus facilitent la remise en circulation directe ou la séparation de flux qui vont au recyclage, à la récupération ou au traitement. Il s'agit d'effectuer la combinaison optimale réaction-séparation.
Les mesures de P+P qui peuvent être appliquées sont nombreuses (distillation, absorption, etc.), et de la même manière que la réaction est une étape caractéristique de l'industrie chimique, les processus de séparation ont de nombreuses opportunités dans d'autres secteurs industriels. La séparation et la récupération de dissolvants, par exemple, sont aussi utiles dans l'industrie chimique que dans les traitements de surfaces qui utilisent des dissolvants pour le dégraissage.
La recherche d'équipements plus sélectifs et de meilleurs contrôles automatiques, des séquences de séparation de multiproduits (figure 7.3), la séparation de flux de déchets, les bourses de sous-produits et les recyclages externes font partie d'autres opportunités dans l'amélioration des processus chimiques [107].
Figure 7.3 Alternatives de séparation après la réaction A+B → P+S+(A)
Les processus discontinus sont plus caractéristiques des PME parce qu'ils s'appliquent à beaucoup d'industries de chimie fine et de chimie pharmaceutique. Les étapes à suivre dans l'évaluation P+P d'un processus existant qui s'effectue en discontinu sont pratiquement identiques à celles qui seraient suivies dans les différents niveaux de la conception d'un nouveau processus [111], [112].
L'adaptation de la proposition de Douglas pour les processus discontinus est la suivante [111]:
Le premier niveau identifie les introductions de matières dans le processus, les réactions principales et secondaires, les conversions attendues et les sélectivités des réactions, ainsi que les flux de déchets créés. Les options de P+P proposées pour l'analyse au premier niveau concernent:
Au second niveau, l'attention est spécialement portée sur le réacteur, en considérant les différentes phases de l'opération: chargement, chauffage, réaction et déchargement du réacteur. Les questions les plus habituellement traitées dans l'évaluation concernent:
Au troisième niveau, il faut décider quel type de séparation peut être effectuée et si elle se fait directement depuis le réacteur ou à l'aide d'un dispositif séparé. Voici les considérations habituelles pour chaque alternative:
Au quatrième niveau, l'intégration thermique du processus est analysée. Dans les processus discontinus, il y une autre complication due au fait que les courants chauds et froids ont lieu à des moments différents au cours du processus. Un réservoir, utilisé pour stocker la chaleur, peut être incorporé mais cela implique un équipement supplémentaire et une perte de flexibilité. Les considérations propres à ce niveau concernent:
Le cinquième niveau est propre aux processus discontinus parce que des quantités significatives de déchets peuvent être produites pendant les nettoyages ou parce qu'il manque une programmation adéquate de la fabrication de différents produits dans l'installation même. Les points à considérer sont, par exemple:
Parmi les affirmations suivantes, cocher celles qui sont vraies:
Remettre dans l'ordre les étapes de la synthèse de processus proposée par Douglas:
Remettre dans l'ordre les niveaux d'évaluation des processus discontinus:
Il n'y a pas si longtemps encore, les industriels ne se souciaient guère des économies d'eau. Dans le processus d'industrialisation, l'eau était considérée comme une ressource très bon marché par rapport à d'autres matières premières. Quand il est devenu de plus en plus évident qu'il s'agissait d'une ressource limitée, surtout dans le pourtour méditerranéen, que les processus de fabrication dépendaient grandement de l'eau et qu'une eau de qualité coûtait de plus en plus cher, le développement de mesures de conservation et de récupération de l'eau s'est amorcé.
Ce chapitre:
Le manque d'eau douce dans le pourtour méditerranéen est une caractéristique de grande importance dont tout projet industriel doit tenir compte. Il s'agit également d'un aspect essentiel qui faut prendre en compte dans la promotion et l'application de la P+P dans les pays de la zone.
Le tableau 8.1 montre la relation entre la consommation et les ressources disponibles [113]. Les chiffres figurant dans le tableau sont assez significatifs pour comprendre l'importance d'une gestion correcte de l'eau à tous les niveaux. Certains pays consomment une quantité supérieure à leurs ressources renouvelables: c'est le cas de la Libye, de l'Égypte et d'Israël. D'autres utilisent des quantités très élevées sans toutefois atteindre la situation limite des pays précédemment cités. Les déficits doivent être équilibrés avec la consommation d'eau fossile, non renouvelable, ou en appliquant des technologies qui consomment de l'énergie.
Il est tout à fait probable que l'eau sera une source de conflits dans le futur. Les problèmes peuvent surgir non seulement du manque d'eau mais également de la manière dont sa qualité sera affectée en partie par les rejets industriels et en partie par d'autres causes comme la mauvaise gestion des nappes aquifères. La gestion de l'eau, y compris dans le secteur industriel, passe par l'application de mesures préventives.
Ressources d'eau naturelles et renouvelables | Extraction d'eau (annuelle) | Production d'eau dessalée (millions de m3) | |||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Année | Total (millions de m3) | Par hab. (m3 par personne) | % des ressources renouvelables d'eau | Distribution par secteur (%) | |||||||
Total (km3) | * | Par habitant (m3 par personne) | |||||||||
Agriculture | Particuliers | Industrie | |||||||||
MONDE | 650 | 71 | 9 | 20 | .. | ||||||
Albanie | 42 | 13.178 | 1995 | 1.400 | 440 | 3 | 71 | 29 | 0 | .. | |
Bosnie- Herzégovine | 38 | 9.088 | 1995 | 1.000 | 292 | 3 | 60 | 30 | 10 | .. | |
Croatie | 106 | 22.654 | 1996 | 764 | 164 | 1 | 0 | 50 | 50 | .. | |
France | 204 | 3.414 | 1999 | 32.300 | 547 | 16 | 10 | 18 | 72 | .. | |
Grèce | 74 | 6.984 | 1997 | 8.700 | 826 | 12 | 87 | 10 | 3 | .. | |
Italie | 191 | 3.330 | 1998 | 42.000 | 730 | 22 | 48 | 19 | 34 | .. | |
Slovénie | 32 | 16.070 | 1996 | 1.280 | 642 | 4 | 1 | 20 | 80 | .. | |
Espagne | 112 | 2.793 | 1997 | 35.210 | 884 | 32 | 68 | 13 | 19 | .. | |
Algérie | 14 | 460 | 1995 | 5.000 | 181 | 39 | 52 | 34 | 14 | 64 | |
Égypte | 58 | h | 830 | 1996 | 66.000 | 1.055 | 127 | 82 | 7 | 11 | 25 |
Israël | 2 | 265 | 1997 | 1.620 | 287 | 108 | 54 | 39 | 7 | .. | |
Liban | 4 | h | 1.219,50 | 1996 | 1.300 | 400 | 33 | 68 | 27 | 6 | 0 |
Jamahiriya arabe libyenne | 1 | 108,5 | 1999 | 4.500 | 870 | 801 | 84 | 13 | 3 | 70 | |
Maroc | 29 | 936 | 1998 | 11.480 | 399 | 43 | 89 | 10 | 2 | 3,4 | |
Rép. arabe syrienne | 26 | h | 1.541 | 1995 | 12.000 | 844 | 55 | 90 | 8 | 2 | 0 |
Tunisie | 5 | 576,5 | 1996 | 2.830 | 312 | 54 | 86 | 13 | 1 | 8,3 | |
Turquie | 229 | h | 3.344 | 1997 | 35.500 | 558 | 17 | 73 | 16 | 12 | 0,5 |
h : données du débit garanti sur la base d'accords ou traités avec d'autres pays
Dans le pourtour méditerranéen, la gestion durable de l'eau dans l'industrie et son utilisation efficace est une tâche qui a besoin d'être considérée de manière particulière dans le diagnostic d'opportunités de la P+P, avec des actions concernant exclusivement l'eau. En fait, certaines entités de la zone méditerranéenne impliquées dans la P+Ptraitent déjà la question de l'eau comme une priorité.
L'eau doit être considérée comme une ressource vitale qui joue un rôle essentiel dans le développement durable. Le progrès expérimenté par les pays industrialisés est dû, en partie, à la disponibilité de bonnes ressources en eau, mais il ne faut pas oublier qu'à cause d'une gestion peu rationnelle, l'eau est devenue une ressource de plus en plus rare dans ces pays.
Même s'il est vrai que l'eau aurait dû être considérée comme n'importe quelle matière première ou dissolvant utilisé dans l'industrie, des raisons historiques expliquent pourquoi il n'en a pas été ainsi.
Finalement, des raisons significatives pour encourager la mise en place d'un système efficace de gestion de l'eau dans l'industrie se sont manifestées:
Reconnaissant l'importance de ce problème, la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe(CEPE) [114] a formulé et continuellement réaffirmé des principes universels de gestion du cycle de l'eau dans les systèmes de production, en attirant l'attention de tous les pays sur la nécessité de revoir leurs principes d'utilisation et d'élimination Ces principes universels, tels qu'ils ont été formulés, sont tout à fait valides pour la P+P:
Comme dans d'autres aspects, le pas vers une bonne gestion de l'eau n'a pas été précisément franchi en analysant les problèmes à la source. Quand l'industrie s'est vue contrainte de résoudre les problèmes de pollution qu'elle avait provoqués, la première pratique adoptée a été de traiter les eaux résiduaires après processus. Cette pratique a reçu le soutien de politiques de l'environnement qui favorisaient les traitements après processus au lieu d'appliquer des mesures incitatives pour le recyclage. Et même quand, avec le progrès, on veut appliquer des mesures de conservation de l'eau, on peut trouver des inconvénients dans les normes à respecter. C'est le cas quand leur sont imposées des limites dans la concentration des rejets, mais pas dans les quantités totales de polluants rejetés.
On décourage alors les industriels d'appliquer des mesures d'économie de l'eau qui pourraient faire dépasser les limites de concentration des eaux résiduaires (quand cela ne va pas à l'encontre du principe de l'économie de l'eau parce que certaines industries utilisent de l'eau propre supplémentaire pour diluer les eaux résiduaires jusqu'à la concentration permise).
L'évaluation de la gestion de l'eau peut être effectuée indépendamment et isolément comme une partie d'une simple évaluation ou d'un programme complet de P+P ou comme une partie de l'implantation d'un SGE.
Réaliser une évaluation de la gestion de l'eau (consommations et productions d'eaux résiduaires) et des éventuels changements, oblige à:
L'eau est utilisée dans l'industrie pour diverses applications et processus dont les besoins en eau varient tant en terme de qualité que de quantité. En fonction de l'application, les volumes consommés varient de quelques litres à de nombreux mètres cubes par heure [115], [116].
Utilisations de grands volumes
Utilisations de volumes modérés
Utilisations de petits volumes
Consommation d'eau potable
La qualité nécessaire varie selon l'utilisation qui est faite de l'eau. Très peu d'applications exigent une eau de haute qualité. Une eau de qualité supérieure aux exigences les plus strictes est souvent utilisée dans les applications. Les différentes exigences de qualité offrent la possibilité de récupérer l'eau et de l'utiliser en cascade, en profitant progressivement des eaux partiellement polluées dans des applications de moins en moins exigeantes, même s'il est habituellement nécessaire d'appliquer une technologie de traitement partiel pendant l'intervalle avant la réutilisation. Seules les eaux qui ne peuvent pas être recyclées devront être rejetées, après un traitement si elles n'ont pas la qualité exigée pour le rejet.
Les eaux résiduaires issues des processus peuvent être classées en fonction de leur origine et de leur qualité. La qualité de l'eau est étroitement liée à l'utilisation qui en a été faite. Il convient souvent de séparer les eaux résiduaires pour pouvoir les traiter de manière plus efficace ou de leur attribuer une destination spécifique. Des eaux concentrées en polluant peuvent rendre économiquement viable la récupération de ce dernier. C'est le cas du chrome dans les eaux résiduaires des tanneries ou des métaux lourds des systèmes de recouvrement de surfaces. Certaines des eaux séparées sont également plus faciles à traiter en vue de leur réutilisation que s'il faut les épurer plus à fond pour leur rejet, dans des conditions correctes, dans l'environnement.
Dans une usine, on peut commencer par faire une séparation des eaux selon leur origine:
Les trois principales manières de réduire les volumes d'eau consommés sont:
Les consommations d'eau ne correspondent pas toujours aux besoins réels. Il existe de nombreuses possibilités de conservation de l'eau dans les usines de fabrication qui peuvent être identifiées, évaluées et même réduites après avoir effectué les mesures correspondantes sans pour autant être obligé de faire appel à des experts, même si, sans nul doute, la contribution de ceux-ci peut augmenter les possibilités de conservation.
C'est ce qui se passe, par exemple, dans les systèmes où l'eau circule librement, sans système de régulation, et dans lequel les débits varient en fonction de la pression et de la dimension de la conduite. Cette situation se retrouve typiquement dans les nettoyages effectués avec un tuyau sans système de fermeture. La régulation de la pression et de la projection de l'eau à pression améliorent aussi l'efficacité du processus de nettoyage. Dans les lavages de réservoirs ou de pièces de formes diverses, il faut adapter la tête de projection à la forme de la pièce à nettoyer et choisir par exemple entre une projection de forme conique ou allongée. Avec des systèmes de nettoyage appropriés, on peut économiser entre 15 % et 60 % d'eau [117].
L'adoption d'un système CIP, décrit dans la fiche MedClean nº 49, " Améliorations du système de nettoyage: le système CIP, permet de réduire le volume d'eau consommé et, dans le cas d'une industrie alimentaire telle que décrit, de réduire, par la même occasion, la charge polluante générée par l'eau de nettoyage.
Les systèmes de refroidissement, grands consommateurs d'eau, font souvent circuler trop d'eau et profitent peu de la capacité de l'échangeur et de l'augmentation disponible de température de l'eau de refroidissement, ce qui se traduit par une utilisation inefficace de la tour de refroidissement.
Les mesures sont indispensables pour connaître les consommations et faire les bilans de tous types de matières et d'énergie. C'est aussi les cas pour l'eau. Dans toute usine, il y a une relation entre production et consommation d'eau. Pour réduire ou éliminer les pertes (ou consommations inutiles), il faut effectuer des mesures des consommations et les comparer avec les besoins réels. Souvent, il ne suffit pas de connaître les moyennes des consommations mais il faut disposer des valeurs de ses pics ou de sa répartition hebdomadaire ou saisonnière. Les pertes dans les systèmes de canalisations souterraines, ou d'accès difficile, peuvent être évaluées si on dispose de mesures appropriées. La comparaison des mesures entre périodes opérationnelles et périodes d'arrêt est habituellement très significative.
Voici d'autres exemples d'opportunités de conservation de l'eau dans les processus et dans les services auxiliaires:
Les solutions alternatives de réutilisation des eaux résiduaires dépendent de leurs caractéristiques, de la qualité de l'eau que l'on souhaite obtenir et des critères d'évaluation techniques et économiques. Il faut donc recueillir des informations sur:
Avec les mesures de réutilisation, des économies importantes peuvent être faites sur la consommation d'eau, à condition que l'on ne prétende pas effectuer une amélioration de la qualité trop importante. Il ne faut pas prétendre épurer des eaux résiduaires de pollution complexe jusqu'à un niveau de qualité élevé. Quand les eaux résiduaires sont un mélange d'eaux de différentes origines, il faut vérifier la compatibilité des substances contenues et celles avec lesquelles elles rentrent en contact.
Les consommations d'eau sont très importantes dans certaines industries comme celle du sucre. Par conséquent, des actions de réutilisation telles que celles menées à bien par une industrie marocaine du secteur, décrite dans la fiche MedClean nº 9, permettent de réduire la consommation d'eau de 60 %.
La formation d'incrustations, de dépôts par croissance microbiologique ainsi que la corrosion sont des problèmes communs qui proviennent de l'emploi d'eaux réutilisées et qu'il faudra contrôler. D'autres problèmes sont spécifiques à chaque secteur industriel. Par exemple, dans la fabrication du papier, sa couleur peut être altérée par la présence de fer ou de manganèse.
De nombreuses technologies de récupération correspondent aux technologies employées dans les traitements typiques d'eaux résiduaires (tableau 8.2). Les processus de traitement de grands volumes, comme la décantation, la décalcification ou le traitement biologique, ont des coûts d'épuration par mètre cube d'eau traitée relativement bas. D'autres traitements sont plus sélectifs, d'application spécifique et représentent des coûts unitaires élevés qui dépendent du degré de pureté que l'on souhaite atteindre [116], [117], [118].
La fiche MedClean nº 28, relative à une entreprise espagnole de composants mécaniques, décrit un exemple de récupération de l'eau après être passée par un évaporateur.
Technologie | Polluant inorganique soluble | Polluant organique soluble | Polluant en suspension | Polluant biologique |
---|---|---|---|---|
Entraînement (stripping) par vapeur, air, etc. | ![]() |
![]() |
||
Échange ionique | ![]() |
![]() |
||
Charbon actif | ![]() |
![]() |
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Centrifugation | ![]() |
|||
Cristallisation | ![]() |
![]() |
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Électrodialyse | ![]() |
|||
Évaporation, distillation | ![]() |
![]() |
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Extraction avec dissolvants | ![]() |
![]() |
||
Filtration | ![]() |
![]() |
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Flottation | ![]() |
![]() |
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Oxydation biologique | ![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Oxydation chimique | ![]() |
![]() |
![]() |
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Précipitation | ![]() |
![]() |
![]() |
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Sédimentation (coagulation, floculation) | ![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Séparation par membranes (osmose, ultrafiltration) | ![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Parmi les différentes technologies récemment développées pour la récupération et la réutilisation de l'eau, la technologie des membranes occupe une place particulièrement importante. La filtration par membranes de polymères permet la séparation des composants et celle-ci donne un perméat et un concentré. Le perméat est la partie qui traverse la membrane semi-perméable. Le concentré, qui suit le flux tangentiel sur la membrane, entraîne avec une partie du fluide les composants qui ne peuvent pas traverser la membrane.
Le degré de concentration dépend de la distribution de polluants entre eau purifiée et eau concentrée (par exemple, un facteur 4x, correspond à un rapport de distribution 75/25 perméat/concentré). L'efficacité de la séparation dépend de la taille et d'autres facteurs spécifiques de la molécule qui se sépare.
Le but est d'obtenir un volume de concentré le plus petit possible tout en veillant à ce qu'aucun des composants de la solution n'arrive au point d'insolubilité ou de précipitation. Dans une eau typique, le facteur limitant peut être le carbonate de calcium qui précipite à 500-1 000 ppm après ajustement du pH (selon les circonstances, le pH est ajusté à valeur acide pour passer du carbonate de calcium au bicarbonate, plus soluble), le sulfate de calcium qui précipite à 2 000 ppm ou la silice qui précipite autour de 120 ppm.
Selon la dimension des pores de la membrane, la séparation va du rang ionique et de petites molécules (osmose inverse, pm <150) al au macromoléculaire (ultrafiltration; pm. >1.000) avec des situations intermédiaires (nanofiltration; pm. 300-1.000). Au-dessus de la dimension de l'ultrafiltration, le processus est défini comme microfiltration. Le rang du poids moléculaire est approximatif parce que d'autres facteurs interviennent aussi comme par exemple la forme de la molécule.
Pour que l'étudiant comprenne bien les avantages de la P+P, il faut lui présenter des situations réelles ainsi que des opportunités évidentes et assez intéressantes qui renforcent son intérêt. Beaucoup de publications sectorielles sont destinées à répondre à cette exigence. Une des publications du CAR/PP est consacrée au secteur des traitements de surfaces [119]. De la même manière, la fiche Med Clean nº 2" Production plus propre dans un établissement du secteur des bains galvaniques moyennant l'adoption de bonnes pratiques et de changements dans le procédé " contient une sélection des mesures appliquées et des résultats atteints.
L'industrie des recouvrements de surfaces métalliques produit des eaux résiduaires très complexes et toxiques, avec des ions de métaux lourds, des cyanures et des restes de dissolvants qui demandent des traitements physico-chimiques. Dans ce secteur, quelques-unes des meilleures opportunités de la P+P se trouvent précisément dans l'économie d'eau au cours des rinçages des pièces après recouvrement.
Après chaque étape de recouvrement, il faut faire un rinçage du métal en excès entraîné depuis les bains, ce qui implique des consommations d'eau élevées proportionnellement à la production [119], [120], [121]. Il s'agit d'un des processus où les techniques d'économie d'eau trouvent leur meilleure application et il constitue un exemple excellent des avantages du lavage à contre-courant en comparaison avec le rinçage simple et le rinçage en parallèle.
Après le processus de recouvrement, le rinçage simple est effectué dans un réservoir sans plus d'eau qu'au début. On n'ajoute pas d'eau propre pendant les rinçages et on suppose que le mélange dans le réservoir est parfait. Si la concentration initiale (dans le polluant) de l'eau de rinçage est égale à zéro, alors la concentration dans le réservoir après n immersions est
où
v = volume entraîné à chaque immersion (litres)
V = volume du réservoir de rinçage
C0 = concentration initiale de la solution de polluant entraînée depuis le bain de recouvrement (mg/litre)
C n = concentration du réservoir de rinçage après n immersions (mg/litro)
L'entraînement pour chaque immersion (v) est assimilé à un débit q constant, q constante,
q = v·n/t·Q
où
n =nombre d'entraînements dans un temps t
Q = débit d'eau constant ajouté au réservoir et rejeté par un déversoir
Après un certain temps, on arrive à une concentration d'équilibre
La concentration à la sortie du réservoir n est
Le débit d'eau propre introduite dans chaque réservoir pour obtenir une concentration déterminée de polluant Cn est
Si q<<Q approximativement, on obtient la forme habituelle
et le débit total d'eau propre consommée est
La concentration en polluant dans le réservoir n et dans l'entraînement après avoir traversé n réservoirs en série, est
Le débit Q nécessaire si q<<Q est
Indiquer si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses:
La première activité proposée est de déduire les équations des systèmes qui sont présentés pour les quatre types de rinçage (8.10.1 à 8.10.4).
Voir solution.
Rinçage simple et répété sans ajout d'eau propre
Le rinçage est simple, sans ajout d'eau propre et on suppose que le mélange dans le réservoir est parfait. Si la concentration initiale (dans le polluant) de l'eau de rinçage est égale à zéro et
v = volume entraîné à chaque immersion (litres)
V = volume du réservoir de rinçage
C0 = concentration initiale de la solution de polluant entraînée depuis le bain de recouvrement (mg/litre)
Cn = concentration du réservoir de rinçage après n immersions (mg/litre)
Le bilan du polluant pour la 1re opération de rinçage est
et la concentration de polluant
Le bilan pour la 2e opération de rinçage
et la concentration de polluant
Alors la concentration dans le réservoir de rinçage après n immersions est
Rinçage dans un réservoir unique avec ajout d'un débit constant d'eau propre
L'entraînement pour chaque immersion (v) est assimilé à un débit q constant,
q = v.n/t. Q
où n = nombre d'entraînements dans un temps t Q = d'eau constant ajouté au réservoir et rejeté par un déversoir
En régime transitoire la concentration après un temps t est
Après un certain temps, on arrive à une concentration d'équilibre
Rinçage dans n réservoirs en série, chacun d'eux avec un ajout constant d'un débit égal Q d'eau propre
En état stationnaire la concentration à la:
sortie du 1er réservoir (problème antérieur)
sortie du 2e réservoir
Finalement, la concentration à la sortie du réservoir n est
Le débit d'eau propre introduite dans chaque réservoir pour obtenir une concentration déterminée de polluant Cn est
Si q<<Q, approximativement, on obtient la forme habituelle
et le débit total d'eau propre consommée est
Rinçage à contre-courant avec un apport unique de débit Q d'eau propre
Dans le cas de 2 réservoirs (C3= 0) en état stationnaire:
Bilan au 1er réservoir
Bilan au 2e réservoir
Après substitutions et résolution, on obtient
La concentration en polluant dans le réservoir n, et dans l'entraînement après avoir traversé n réservoirs en série, est
Le débit Q nécessaire si q<<Q est
La deuxième activité consiste à déterminer les consommations d'eau et les concentrations moyennes des effluents correspondants aux cas indiqués, quand le fonctionnement est stationnaire, ainsi que l'entraînement depuis le réservoir de processus est de 1 litre/minute à une concentration de 100 000 mg/litre:
Type de rinçage | Consommation d'eau (litres/minute) | Concentration moyenne de l'effluent (mg/l) |
---|---|---|
Simple | ||
2 étapes en parallèle | ||
3 étapes en parallèle | ||
4 étapes en parallèle | ||
2 étapes à contre-courant | ||
3 étapes à contre-courant | ||
4 étapes à contre-courant |
Voir solution.
Exemple de solution pour le rinçage en 2 étapes en parallèle
On commence par faire le bilan à la sortie du dernier (2n) réservoir
Q = 99 l/min et réservoir
Consommation totale d'eau = n. Q = 2.99 = 198 l/min
Sortie du 1er réservoir
Concentration moyenne de l'effluent = (99x1000 + 99x10)/198 = 505 mg/l
Tableau des solutions
Type de rinçage | Consommation d'eau (litres/minute) | Concentration moyenne de l'effluent (mg/l) |
---|---|---|
Simple | 9.999 | 10 |
2 étapes en parallèle | 198 | 505 |
3 étapes en parallèle | 62 | 1.622 |
4 étapes en parallèle | 36 | 2.777 |
2 étapes à contre-courant | 100 | 1000 |
3 étapes à contre-courant | 22 | 4.641 |
4 étapes à contre-courant | 10 | 9.999 |
Les usines industrielles utilisent l'énergie sous des formes différentes (électricité, vapeur, etc.) et avec des équipements très variés. L'intérêt pour l'économie d'énergie est devenu prioritaire pour des raisons économiques après le choc pétrolier de 1973, bien avant que la P+P s'organise. En fait, c'est l'expérience énergétique qui a servi quelques années plus tard à acquérir rapidement une méthodologie de P+P. S'il est vrai que l'intérêt spécifique pour économiser l'énergie a faibli, il s'est cependant renforcé dans les programmes de P+P à cause de son rôle important dans le changement climatique.
Ce chapitre:
Au milieu des années 70, l'augmentation du prix de l'énergie a été beaucoup plus forte que celle du prix des matériaux et des équipements industriels. Cela justifiait de grands investissements dans des équipements pour économiser l'énergie. Dans cette nouvelle donne économique de crise de l'énergie, s'est amorcé un mouvement pour la conservation de l'énergie et l'introduction d'améliorations pour l'efficacité énergétique. Ensuite, le prix relatif de l'énergie a baissé et l'intérêt pour une meilleure gestion énergétique a diminué.
Les secteurs qui ont le plus bénéficié des améliorations de l'efficacité ont été la grande consommation, les industries pétrolières et chimiques, les secteurs des métaux primaires, de la pâte à papier et du papier, des matériaux de construction et du verre. En termes absolus, ce sont toujours ces mêmes secteurs qui montrent le plus grand intérêt pour l'efficacité énergétique. Cependant, en termes relatifs, les avantages sont également intéressants pour tout type d'activité industrielle dans laquelle l'énergie représente une part importante des coûts de fabrication.
Certains pays du pourtour méditerranéen sont de grands producteurs d'énergie fossile et une bonne partie des recettes de leurs balances commerciales est obtenue grâce aux exportations de combustibles. Ceci ne devrait pas inciter à renforcer une industrie spécifique basée sur une énergie bon marché parce que l'absence de mesures incitatives en matière d'efficacité énergétique peut dépasser les avantages théoriques en agissant en cascade sur l'ensemble du tissu productif. Quoi qu'il en soit, l'éco-efficacité ne devrait pas être ignorée mais au contraire être promue comme un composant de la culture industrielle d'un pays.
La P+P a toujours considéré l'énergie comme un composant parmi d'autres de l'éco-efficacité des transformations. Mais la conservation et l'efficacité énergétique ainsi que l'application d'énergies renouvelables.ont revêtu un intérêt supplémentaire à cause de la probabilité d'un changement climatique associé principalement aux émissions de dioxyde de carbone dans la combustion des énergies fossiles. L'effet positif des énergies renouvelables sur le changement climatique est indirectement renforcé par la réduction de l'emploi de chlorofluorocarbones (CFC) dont l'utilisation est étroitement liée aux équipements consommateurs d'énergie.
L'augmentation de l'utilisation d'énergies renouvelables est essentielle pour limiter l'effet de serre. Les pays du pourtour méditerranéen ont un très grand potentiel en ce qui concerne l'énergie solaire, avec laquelle il faudra compter à l'avenir, alors qu'ils peuvent être affectés par un éventuel changement climatique.
Mais avec l'énergie fossile à bas prix et pour des raisons de compétitivité, on ne peut pas prétendre que les industriels assument individuellement le passage à l'utilisation d'énergies renouvelables, sauf dans des circonstances très particulières. Ce passage est uniquement possible à court terme s'il s'inscrit dans une stratégie qui dispose d'instruments d'aide économique à l'implantation d'énergies renouvelables.
Les chlorofluorocarbones CFC ont été le matériau de base circulant de beaucoup d'équipements de refroidissement à basse température, de réfrigérateurs, de pompes à chaleur, etc.
Le système énergétique est composé de divers sous-systèmes qui peuvent être l'objet d'études individuelles spécialisées et être optimisés de manière indépendante, mais qui sont finalement soumis à une évaluation d'ensemble. L'hétérogénéité du système énergétique commence par les diverses formes sous lesquelles se présente l'énergie: cinétique, potentielle, chimique, etc. mais ce sont l'énergie calorifique et l'énergie électrique qui sont le plus couramment utilisées dans toutes les industries. L'énergie calorifique est appliquée de manières très différentes (eau chaude, vapeur sous pression et huile thermique) et elle est aussi associée à certaines des matières en transformation comme la chaleur sensible dans un métal fondu ou la chaleur de vaporisation lors de la phase vapeur d'une colonne de distillation.
Dans un système énergétique, on distingue [122] (figure 9.1):
Figure 9.1 Principaux sous-systèmes du système énergétique
Au cours du temps, le prix de l'énergie présente des tendances variables, relativement différentes des variations que peuvent suivre les prix des matières premières. Par conséquent, un système énergétique conçu pour fonctionner de manière optimale dans des circonstances bien déterminées peut ne plus fonctionner de la même manière dans d'autres circonstances. Les technologies s'améliorent en recherchant une plus grande efficacité. L'audit énergétique (mal nommée, car il s'agit plutôt d'un diagnostic ou d'une évaluation de tout le système énergétique) peut être effectué comme un exercice isolé mais il est préférable qu'il fasse partie d'un programme permanent de gestion énergétique, d'un programme de P+P ou d'un SGE bien implanté. Tous ces programmes sont de bonnes occasions de s'adapter aux circonstances qui varient souvent.
La méthodologie d'audit de programmes énergétiques [122], [123], [124] est similaire à celle des diagnostics ou des évaluations de P+P (chapitre 5). Elle implique le support entier de la direction, l'assignation de la responsabilité à un authentique promoteur et la participation de toutes les parties intéressées, y compris celle des opérateurs du système. L'équipe d'audit peut commencer par vérifier l'existence d'études préalables réalisées sur le système énergétique. Le point de départ pour l'évaluation sera d'obtenir desinformations importantes du système qui permettent de fixer des objectifs et d'établir des indicateurs de progrès.
Parmi les informations à obtenir, voici les plus importantes:
Ensuite, l'audit sur le système physique est planifié et exécuté en différentes étapes. Les études sur documents doivent être complétées par des visites et des vérifications sur le terrain. Pour l'expert en énergie, la visite du terrain l'aide à identifier les éventuelles divergences entre la réalité et l'information sur le papier ainsi qu'à identifier d'autres opportunités basées sur la série de règles pratiques que tout expert acquiert avec l'expérience. Cette étape inclut les points suivants:
Elle inclut les données de la conception originale ainsi que les éventuelles modifications du système, les listes des équipements, les spécifications, l'amélioration technique actuellement disponible pour l'application, etc.
Chacun des sous-systèmes et composants (coproduction, production de vapeur, systèmes de refroidissement, etc.) est analysé de manière indépendante, avant les évaluations de l'ensemble. L'efficacité des équipements individuels, isolations, conduits, etc. est comparée avec les données originales et avec les meilleures techniques disponibles au moment présent et qui n'impliquent pas de coût excessif.
Le principe de conservation de l'énergie (1er principe de la thermodynamique) est appliqué pour faire les bilans d'énergie et vérifier les destinations ainsi que les pertes d'entrées d'énergie. Habituellement, ils sont plus complexes quand interviennent des procédés de transformations comme des combustions, des réactions chimiques, etc.
L'exergie est la quantité maximale de travail qu'un système peut fournir jusqu'à obtenir l'équilibre avec son environnement. L'exergie résulte de l'analyse effectuée selon le 2e principe de la thermodynamique (par exemple, ce n'est pas la même chose de disposer de 1 MJ de chaleur à 1 000 °C qu'à 200 °C. Le travail que l'on peut récupérer d'un gaz à 1 000 °C est très supérieur à celui que l'on peut récupérer d'un gaz à 200 °C). Les pertes d'efficacité signalées par l'analyse d'exergie peuvent être très différentes de celles déterminées par un simple bilan calorifique.
Composant | Perte d'énergie (%) | Perte d'exergie (%) |
---|---|---|
Générateur de vapeur | 9 | 49 |
Turbines | 0 | 4 |
Condensateur | 47 | 1,5 |
Autres | 3 | 5,5 |
La technique pinch permet d'évaluer la récupération optimale de chaleur dans des usines industrielles où existe le besoin en parallèle de chauffages et de refroidissements. La technique est complétée par une évaluation thermoéconomique. Dans des réseaux complexes d'échange de chaleur, de meilleures économies d'énergies pouvant atteindre jusqu'à 40 % ont été obtenues grâce à cette technique.
Les experts en énergie ont à leur disposition une série de règles pratiques acquises avec l'expérience qui leur permettent d'identifier assez facilement les points où peuvent être attendus de bons résultats avec l'application de mesures d'améliorations des procédés. Par exemple, des fumées qui sortent de la cheminée à 200 °C offrent une option évidente d'éventuelle récupération de chaleur.
Au vu des opportunités techniques et des évaluations économiques correspondantes, un éventail d'opportunités de conservation ou d'amélioration de l'efficacité de l'énergie est déterminé. À partir de ces opportunités, il sera décidé quelles options seront choisies.
Comme dans tout programme de P+P, l'exécution commence habituellement par les opportunités qui offrent de plus grands avantages économiques, facilement justifiables devant la direction à son plus haut niveau.
Actuellement, beaucoup d'entreprises ont déjà réalisé un exercice d'économie d'énergie quand le coût énergétique représente une partie importante du coût total de production. Mais malgré tout, les facteurs de changement économique et technologique permanent permettent de détecter de nouvelles opportunités. Pour les entreprises qui n'ont pas porté une attention spécifique à la question énergétique, le niveau de succès est habituellement équivalent à d'autres aspects de la P+P.
Les options pour améliorer la gestion de l'énergie dans chacun des sous-systèmes énergétiques sont très variées [125], [129].
Certaines options concernent la conception des équipements de procédés pour qu'ils soient plus efficaces et réduisent leurs demandes d'énergie (par exemple dans la distillation). D'autres options utilisent des systèmes auxiliaires qui permettent de récupérer l'énergie qui sinon serait rejetée dans l'environnement (économiseurs, thermocompression) ou réussissent à extraire de l'énergie de l'environnement avec un apport supplémentaire (pompes à chaleur).
L'amélioration de la gestion de l'énergie est souvent obtenue en considérant le système calorifique dans son ensemble (réseaux de transfert) ou en combinant de manière optimale les différentes formes d'énergie (électrique et calorifique dans des systèmes de cogénération) que demande la fabrication. Une autre possibilité est de réunir et d'étudier les demandes d'usines proches les unes des autres.
Certaines des meilleures options se trouvent dans les sous-systèmes suivants:
Une industrie du secteur alimentaire en Croatie a réussi à réduire de manière significative les pertes d'énergie calorifiques en isolant les canalisations qui transportent les fluides chauds (fiche MedClean nº 54, " Réduction des pertes d'énergie dans les procédés de transport "). Par ailleurs, la réduction de la consommation d'énergie représente une diminution des émissions de dioxydes de carbone et un effet positif en matière de prévention du changement climatique.
La fabrication de la bière (figure 9.2) est basée sur un procédé de fermentation dont la connaissance est très ancienne. Dans le passé, ce procédé impliquait de grandes consommations d'eau et d'énergie (tableau 9.1). Grâce aux nouvelles techniques, les consommations par unité de production peuvent être considérablement réduites. De nombreuses installations modernes incorporent déjà ces avancées, mais elles sont aussi des options d'amélioration pour les usines plus anciennes [130]. Le processus de production offre plusieurs exemples d'application de mesures de P+P pour des économies d'énergie.
Le malt est la principale matière première utilisée dans la fabrication de la bière. Cependant, la culture du malt est habituellement considérée comme une industrie à part. Pour fabriquer le malt, l'orge est humidifiée afin de germer. Il est ensuite séché à l'air chaud et les germes sont séparés. Pour le séchage, de l'air chaud de 60 °C à 85 °C passe sur l'orge pendant environ 40 heures. Au cours de l'étape du séchage, l'humidité chute de 45 à 4 % afin de conserver le grain dans de bonnes conditions et en faciliter le transport. Le séchage est un procédé qui consomme beaucoup d'énergie.
Le malt est alors prêt pour la production de bière dont le procédé varie d'une usine à une autre, même s'il suit un modèle général. D'abord, le malt est moulu et cuit dans de l'eau pour produire le moût. Ensuite, le moût est filtré pour éliminer les matières solubles, puis il est torréfié avec du houblon qui donne l'amertume typique de la bière. Au cours de la torréfaction, 6 à 12 % du moût s'évapore. Si la vapeur n'est pas récupérée, il y a une perte d'énergie et des mauvaises odeurs dans l'environnement. La manière la plus simple de récupérer la vapeur est de l'utiliser dans d'autres applications et pour faire des nettoyages. Mais elle peut également être récupérée pour la même opération en passant par une étape de recompression qui élève sa température. Le marc solide récupéré dans le filtre peut servir soit d'aliment frais pour des animaux situés à proximité de l'usine soit être pressé et séché.
Le moût bouilli est refroidi et clarifié avant de le faire fermenter avec de la levure. La nouvelle levure qui se forme en excès doit être séparée et stabilisée pour la récupérer comme aliment. Après la première fermentation, le moût est centrifugé et refroidi à une température contrôlée, puis stocké. Ces refroidissements représentent une part importante des besoins de réfrigération d'une brasserie.
Pour l'expédition, avant d'être conditionnée, la bière est filtrée, clarifiée. Ensuite, on ajoute des additifs et la bière est carbonatée avec du CO2, issu des fermentations. Une grande partie de la bière est mise en bouteilles mais une autre est expédiée en fûts. Afin de garantir la stabilité de la bière stockée, elle est soumise soit à un filtrage stérile, soit à une pasteurisation.
Figure 9.2 Schéma de fabrication de la bière
Inefficace | Efficace | ||
Entrée | Malt et autres | 18 | 15 |
Énergie MJ | 350 | 150 | |
ÉlectricitékWh | 20 | 8-12 | |
Eau hl | 20 | 5 | |
Sortie | Sous-produits | ||
Sous-produits | 17 | 14 | |
Levure | 3 | 3 | |
Eaux résiduaires | |||
Volume hl | 18,5 | 3,5 | |
DBO | 1,2 | 0,8 |
Les impacts de la fabrication de la bière sur l'environnement peuvent être imputés:
La bière est fabriquée de la même manière dans tous les continents et a fait l'objet de nombreuses évaluations de P+P dans tous les aspects, énergétique entre autres [130], [131], [132], [133], [134].
La consommation d'énergie dans la fabrication de la bière est élevée mais les technologies actuelles offrent diverses possibilités d'améliorer le rendement énergétique. Dans une évaluation énergétique, l'application de trois techniques spécifiques de conservation de l'énergie peut être considérée, en plus du simple échangeur de chaleur.
Dans tous les cas, l'économie du procédé est variable et dépend des prix du gaz, du carburant et de l'énergie électrique. Au cours de l'étape de production du malt, le procédé de séchage consomme de grandes quantités d'énergie. Une première possibilité est de profiter des gaz chauds d'un système de cogénération dans le séchage. Cette solution trouve des applications dans une période de récurrence de 2-3 ans [135].
Existent deux possibilités alternatives de séchage du malt avec récupération d'énergie. La première correspond à la récupération simple de chaleur par échangeur (figure 9.3) où la chaleur supplémentaire nécessaire pour compléter le séchage provient de la chaudière auxiliaire.
Figure 9.3 Installation du séchage du malt
La seconde correspond à l'utilisation d'une pompe à chaleur (figure 9.4) pour augmenter l'efficacité thermique. Dans une installation traditionnelle avec chaudière à gaz, ce dispositif permet de réduire la consommation énergétique spécifique du séchage de 705 kWh à 213 kWh par tonne de malt [136].
Figure 9.4 Installation de séchage du malt avec pompe à chaleur
Le cycle de la pompe à chaleur est le même que celui qui est appliqué dans le circuit de réfrigération [137]. Dans ce cas, de l'énergie à basse température est extraite puis est libérée à température ambiante. Le besoin de froid se situe autour des 35 MJ par hl de bière.
La torréfaction est une autre opération grande consommatrice d'énergie.Il y a deux alternatives de récupération de chaleur: la torréfaction par échange simple ou stockage intermédiaire (figure 9.5), et l'utilisation d'un système de compression par éjecteur (ou compression mécanique) de la vapeur (figure 9.6) [130], [138]. La solution la plus conventionnelle de chauffage requiert une consommation de 737 kWh par tonne de vapeur tandis qu'avec la compression mécanique elle se réduit à 52 kWh [138].
Figure 9.5 Récupération de chaleur par préchauffage
Figure 9.6 Récupération de chaleur par compression mécanique de la vapeur
La technique du pinch ta aussi été appliquée à l'industrie de la bière pour intégrer toutes les charges de chauffage et de refroidissement [139].
Indiquer si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses:
Application: économie d'eau et d'énergie dans une machine à laver industrielle
L'exercice suivant est proposé comme un exemple d'application où il existe la possibilité d'économiser l'eau et l'énergie. Le cas traité est celui d'une entreprise de lavage industriel qui nettoie quelques 500 tonnes de linge par an, distribuées sur 200 jours ouvrables. Le procédé de lavage utilisé, techniquement similaire à celui d'un lave-linge domestique, est particulièrement polluant. L'eau qui sert à chaque opération individuelle du procédé de lavage est utilisée une seule fois pour être ensuite rejetée dans les égouts. Initialement, il n'y a aucune récupération de l'énergie.
Du point de vue de la consommation des ressources, l'opération est très inefficace. De plus, il y a une tendance à augmenter le prix de l'eau et un impôt sur la consommation a été établi. Il existe aussi l'obligation de traiter les eaux avant leur rejet.
Le programme de lavage est séquentiel et inclut les étapes suivantes dans les conditions indiquées:
Trempage | 40 ºC | eau douce | 8 litres eau/kg de linge |
Prélavage | 40 ºC | eau douce | 8 litres eau/kg de linge |
Lavage | 80 ºC | eau douce | 5 litres eau/kg de linge |
1. Rinçage | 40 ºC | eau douce | 6 litres eau/kg de linge |
2. froid | froid | eau douce | 6 litres eau/kg de linge |
3. froid | froid | eau douce | 6 litres eau/kg de linge |
4. froid | froid | eau douce | 6 litres eau/kg de linge |
5. froid | froid | eau dure | 6 litres eau/kg de linge |
Sauf pour le dernier rinçage, l'eau utilisée est de l'eau douce afin d'assurer la qualité du procédé.
Le rapport litres d'eau/linge indiqué est le nombre de litres d'eau par kg de linge qu'il doit y avoir dans la machine, une partie de laquelle est absorbée par le linge et l'autre est libre. On peut considérer que 2,5 litres d'eau/kg de linge restent dans le linge après la vidange de la machine. La centrifugation permet d'essorer 1 litre d'eau supplémentaire par kilogramme de linge.
Au cours du prélavage et du lavage, une lessive (mélange de savon et d'eau de Javel) est utilisée. Le savon possède la composition suivante:
acide gras | 40 % |
tensioactif non ionique | 5 % |
acide alkylbenzène sulfonique | 5 % |
alcool isopropylique | 10 % |
brillant optique | 0,1 % |
eau | jusqu'à100 % |
L'eau de Javel est une solution d'hypochlorite de sodium à 30 % en poids.
Dans le rinçage, on utilise comme produit blanchissant une solution d'hypochlorite de sodium à 12,5 % en poids de chlore actif et une solution d'acide acétique à 40 % en poids comme neutralisant.
Les quantités ajoutées sont:
Prélavage | 15 g savon/kg de linge sec |
15 g eau de Javel/kg de linge sec | |
Lavage | 20 g savon/kg de linge sec |
g eau de Javel/kg de linge sec | |
Premier rinçage | 2 g chlore/kg de linge sec |
Cinquième rinçage | 2 g acide acétique/kg de linge sec |
L'eau rejetée après le prélavage a un pH de 9,5 tandis que celle rejetée après le lavage a un pH de 10,5.
L'énergie consommée pour le chauffage de l'eau est obtenue par de la vapeur surchauffée à 120 °C.
Il vous est demandé de proposer des options d'économie d'eau et d'économie d'énergie (indépendamment, il faudra former les nouveaux agents d'entretien).
Voir solution.
Solution possible pour appliquer des mesures d'économie à la machine à laver industrielle
Une partie des applications de la P+P a des résultats qui se manifestent immédiatement ou à court terme. D'autres options pourront éventuellement être appliquées à l'avenir lorsque les coûts environnementaux seront internalisés, lorsque des critères financiers plus sensibles au développement durable seront appliqués ou lorsque certaines technologies seront perfectionnées. Pour encourager l'implantation de nouvelles applications, il est important de tenir un registre des progrès accomplis grâce à l'application des mesures de P+P. Mais la P+P ne facilite pas seulement l'introduction de l'entreprise industrielle dans le domaine environnemental, elle la prépare aussi pour les options innovatrices et pour la compétitivité future. Atteindre un développement durable exige une étape de transition durant laquelle sont gérés les changements nécessaires pour rendre cet objectif possible. Ces changements doivent être capables d'être à l'origine du développement technologique suffisant pour obtenir le facteur X d'efficacité que l'on croit nécessaire dans l'utilisation des ressources.
Ce chapitre explique:
Plusieurs propositions de mesure du progrès environnemental accompli avec l'application de la P+P peuvent être faites sous forme d'indices ou d'indicateurs. L'utilisation d'une forme quantitative sera toujours préférable. Il convient de mesurer parallèlement, chaque fois que c'est possible, les avantages économiques réels que la P+P représente. L'ensemble des mesures pourra être comparé avec les prévisions faites dans les évaluations préliminaires et permettra de juger avec quel degré de réalisme ces dernières ont été faites. Les mesures du progrès devraient faire partie des indicateurs de la gestion d'entreprise intégrée [140].
Pour exprimer les résultats, des valeurs absolues ou des indices relatifs peuvent être utilisés. Comme valeurs absolues, on peut prendre une série de valeurs mesurées sur une base annuelle et comparer des valeurs consécutives dans le temps pour déterminer la mesure du progrès. Une autre solution est d'utiliser des indices normalisés qui donnent eux-mêmes la mesure du progrès.
Voici des exemples de mesures absolues utilisées comme indicateurs:
Les indices normalisés sur la base de l'unité de production ne sont pas utilisés seulement pour des comparaisons internes. Ils sont également souvent utilisés pour comparer différentes usines de production qui fabriquent les mêmes produits, lesquels peuvent être utilisés pour les comparer avec les valeurs théoriques ou les meilleures valeurs obtenues en pratique (benchmarking).
L'indice de réduction, RI, est calculé selon l'équation suivante:
où:
Gb = quantité traitée ou produite dans l'année de référence
Gn = quantité traitée ou produite après un an
Pb = produit fabriqué dans l'année de référence
Pn = produit fabriqué après un an
Le rapport Pn/Pb est aussi l'indice d'activité de l'usine de fabrication.
Parallèlement, d'autres indices d'utilisation interne peuvent essentiellement être utilisés, comme:
Rendement des matières premières dans une transformation:
Rendement % = 100 * produit/matières introduites
Efficacité de récupération dans une unité de séparation:
Efficacité = récupération/matières introduites
Indice de déchets:
Indice de déchets = ∑ flux de déchets/∑ matières introduites
La prospérité de la société industrielle au cours du XXe siècle a été, entre autres, le résultat d'un intense processus de recherche scientifique et technologique qui a été suivi du processus innovant La recherche scientifique fondamentale (acquisition de nouvelles connaissances) et appliquée (résolution de problèmes techniques particuliers) sont la base pour construire un ensemble de connaissances cumulatif, organisé et systématique. Cette connaissance ouvre la voie à de nouvelles découvertes (découvrir ce qui existait déjà mais qui nous était inconnu) et à des inventions (inventer ce qui n'existait pas). Le processus d'innovation technologique se nourrit de ces découvertes et de ces inventions, et développe des activités qui permettent de les mettre en pratique. Pour apprécier la P+P comme un précurseur de l'innovation dans l'entreprise, il suffit de remarquer que la P+P " se nourrit également de découvertes et d'inventions, et développe des activités qui permettent de les mettre en pratique ".
L'innovation est le résultat du processus innovant, défini comme une combinaison d'activités permettant de mettre sur le marché de nouveaux produits, processus et services. Certaines de ces innovations ont une base purement technologique (l'ordinateur personnel, par exemple). D'autres innovations sont facilitées par les nouvelles technologies (le processus électronique de données permettant de gérer un service médical, par exemple).
L'innovation est le complément nécessaire pour introduire avec succès la nouveauté technologique dans la société. Certaines innovations peuvent être considérées comme simplement incrémentales, tandis que d'autre sont radicales. Les entreprises qui misent sur la P+P ont habituellement une vocation d'innovation et adoptent la P+P comme un élément supplémentaire de progrès technologique et souvent comme une amorce de la mise en pratique de cette vocation.
Les innovations incrémentales impliquent l'adaptation, l'amélioration et le raffinement d'un produit, processus ou service déjà existant. La P+P s'intègre dans les innovations incrémentales, que ce soit comme utilisateur ou comme stimulant de l'innovation.
Les innovations radicales impliquent classes de produits, de processus ou de services, entièrement nouvelles. S'il est difficile de déterminer sous quelle forme et dans quelle mesure la P+P contribuera aux innovations radicales, en revanche, on peut pressentir que les entreprises ayant implanté la P+P seront mieux préparées pour la nouvelle étape.
La capacité de développer des innovations radicales, à court terme, n'est pas la même dans les différents pays du pourtour méditerranéen mais ils ont pratiquement la même compétence pour les innovations incrémentales, notamment lorsque celles-ci ont pour but d'adapter les technologies aux conditions propres au pays. La P+P contribue au développement et s'enrichit des expériences locales qui tiennent compte des particularités de chaque pays: disponibilité des ressources matérielles et de main-d'uvre spécialisée, conditions environnementales, etc.
Établir la liste des progrès accomplis grâce à la P+P est certes satisfaisant mais il faut relativiser la situation présente. Le passage de la société actuelle à une société qui s'inscrit dans le cadre du développement durable exige des changements beaucoup plus significatifs que les changements incrémentaux que peut fournir la P+P et d'autres outils orientés vers des améliorations à court terme. Dans les prochaines décennies, les améliorations incrémentales ne seront pas suffisantes pour garantir une croissance économique qui aille de pair avec des améliorations environnementales et sociales.
Les changements nécessaires pour arriver à établir une société durable sont d'une toute autre ampleur et devront être canalisés dans un processus de transition [141], [142], [143]. La possibilité d'optimiser ce processus de transition vers le développement durable dépend fortement de la disponibilité de technologies appropriées mais aussi d'une stratégie d'innovation et de conditions qui à tous les niveaux (international, local, gouvernemental, scientifique et social) doivent être orientées vers la durabilité. Les transformations nécessaires dans l'industrie affecteront la majorité des secteurs (tableau 10.1) [142]. Dans ce sens, pour que les entreprises ne s'écartent pas de la voie de l'innovation (figure 10.2), l'acquisition d'une certaine capacité de changement par la P+P leur sera particulièrement utile.
Le processus de transition implique de nombreux facteurs et protagonistes. Pour que cela soit possible, il faudra créer des perspectives de transition partagées par des parties aux caractéristiques différentes. Il faut donc un système de gestion de la transition avec une vision d'avenir et un système de communication interne entre les parties. Ainsi un système de transition pour créer une méthode d'approvisionnement énergétique qui n'augmente pas l'émission de CO2 dans l'atmosphère (exemple de la figure 10.1) aura besoin de mettre en jeu diverses technologies ; mais pour que celles-ci puissent être vues par les fabricants comme des opportunités commerciales, il faudra qu'elles soient accompagnées d'actions déterminées par les pouvoirs publics (subventions, avantages fiscaux, réglementation, etc.) [144].
Figure 10.1 Transition d'un approvisionnement en énergie fossile vers un neutre
Principales matières premières | Énergie | Fonction objectif | Structure/organisation | |
---|---|---|---|---|
Actuellement | Pétrole Minéraux | Combustibles fossiles:
|
Production de biens de tout type |
|
À venir | Plantes:
|
Solaire:
|
Production de biens de longue vie:
|
|
Figure 10.2 Transition du début de la P+P vers l'innovation
Dans les pays méditerranéens où la P+P joue un rôle important dans l'innovation incrémentale, la collaboration avec les centres nationaux ou universitaires de recherche appliquée, qui apporte l'expérience acquise sur le terrain dans le secteur industriel, devrait dynamiser et faciliter l'augmentation des chances de succès de ces centres de recherche dans la participation à l'innovation radicale.
Les premiers efforts visant à améliorer l'environnement ont été dirigés vers l'application des technologies de nettoyage après processus (end-of-pipe) plutôt que vers l'application des technologies plus propres. Pour corriger cette tendance, un mouvement apparaît dans les années 70 sous le concept de technologie appropriée, définie comme " la technologie qui s'adapte au contexte psychosocial et biophysique qui prévaut dans un lieu et une période déterminés " [141]. Ce mouvement n'a pas atteint son objectif parce qu'il n'a pas tenu compte de la dimension sociale du changement technologique nécessaire pour avoir une influence décisive sur la nouvelle conception des systèmes technologiques. La résistance de nombreux ingénieurs à appliquer des technologies alternatives de conception s'explique en partie par les modèles technologiques.
C'était le concept introduit par Thomas Kuhn qui, en 1962, prétendait que la science progressait par périodes de science normale, qui agit selon un certain modèle scientifique, interrompues par des périodes de révolution scientifique. La technologie normale, traditionnelle ou habituelle des ingénieurs et des technologues est simplement une extension ou un développement incrémental de la technologie existante souscrite par ceux qui partagent la même formation et la même expérience de travail.
Dans les circonstances de technologie normale, le développement, ou trajectoire technologique, est déterminé par le modèle existant (figure 10.2). L'innovation technologique radicale rencontre souvent l'opposition de beaucoup d'entreprises à cause des changements sociaux qu'elle peut impliquer (changement dans le travail et habileté des travailleurs, forme d'organiser la production, relations avec les clients et les fournisseurs, etc.). La législation et les instruments économiques qui s'appliquent, afin de résoudre des situations de conflit d'intérêts, sont rarement assez puissants pour entraîner le changement technologique de l'ampleur requise pour s'approcher de la durabilité bien que soit inscrit, dans le concept même de la durabilité, le besoin de rendre compatibles développement, environnement et respect social.
Figure 10.2 Trajectoire technologique déterminée par le modèle existant [141]
Il est difficile de définir de manière rigide le cadre dans lequel il faut progresser vers la transition mais une période d'observation et d'analyse des tendances et des résultats d'actions ayant le développement durable comme objectif a commencé dans certains pays [143], [144]. Il découle de ces analyses une série de principes de gestion de la transition pour orienter le début de la route vers une nouvelle étape d'innovation technologique:
Les stimulations à l'innovation environnementale visent à optimiser les systèmes existants et sont souvent le résultat d'approximations à court et moyen terme. Il est presque impossible de résoudre certains des problèmes environnementaux persistants (changement climatique, diminution des ressources non renouvelables) avec les politiques actuelles. Il faut aborder ces problèmes d'une manière nouvelle pour réunir les conditions qui permettront de les résoudre. En termes plus généraux, il faut identifier et résoudre les conflits entre les activités actuelles et les futurs objectifs de la société.
Une fois la qualité de l'environnement restaurée à un niveau suffisant, une politique environnementale qui ne serait pas équilibrée par rapport aux aspects socio-économiques ne serait pas justifiée. La stratégie devrait optimiser le système intégré sans renoncer toutefois à une intensification des améliorations environnementales en équilibre avec les autres aspects stratégiques.
Un des principaux défis est de relier les tendances actuelles avec les changements de tendance qui peuvent se produire à court terme après avoir défini la situation souhaitée à long terme, ce qui obligerait à réorienter la route de la transition. Pour atteindre l'objectif d'une transition continue, il est recommandé de signaler le plus de routes possibles dans les deux sens (figure 10.4) et de créer des espaces de situations intermédiaires où les objectifs des deux voies coïncident.
Figure 10.4 Schéma des deux voies de définition des états futurs
La transition exige des changements dans l'entreprise. La majorité des entreprises préfèrent agir comme elles l'ont toujours fait et il est difficile qu'elles prennent des initiatives de changement si elles ne sont pas convaincues que leurs concurrents changeront aussi. Il faudra encourager les industries à investir dans des technologies durables en soulignant les changements de valeurs survenus dans la société et la prise de conscience écologique des consommateurs. Même s'il y a un petit nombre d'entreprises qui peuvent prévoir les avantages à être les premières à appliquer le changement, la vitesse de la transition est donnée par l'ensemble du secteur en question. Il est positif que les gouvernements soutiennent les mouvements pionniers. Les politiques de subvention sont justifiées et légitimées par l'argument que les coûts de R&D sont assumés par peu tandis que beaucoup, et éventuellement la société tout entière, profitent des fruits de la R&D.
Ce processus de transition oblige à aborder d'une manière différente la création de nouvelles technologies. Il faut stimuler les entreprises, avec tous les instruments dont nous disposons, pour qu'elles développent les technologies en portant un autre regard sur la compétitivité: elles doivent tenir compte des exigences et de la fonctionnalité qui peuvent être demandées dans le futur. Le changement peut s'accélérer si les industries interviennent dans la définition des priorités. Outre cette participation à la détermination du futur, le changement culturel devra aussi inclure la coopération, facilitée par la constitution de réseaux basés sur le partage des connaissances et les actions d'intérêt commun.
La transition passe par une nouvelle conception des systèmes institutionnels et sociaux qui favorisent le développement de nouvelles technologies et qui ont pour objectif le développement durable et l'application d'une bonne combinaison de l'ensemble des instruments institutionnels.
Un changement de l'ampleur en question dans ce chapitre peut se mesurer par un facteur X (4,10 ou autre) [145]. Le facteur X est le multiplicateur de l'éco-efficacité des processus. À très court terme, la P+Pest associée aux améliorations incrémentales des processus existants. Dans une seconde étape de progrès, de nouvelles technologies pouvant multiplier par 4 l'efficacité des processus actuels sont implantées. Finalement, les technologies durables s'obtiendraient par rétroaction, déterminant en premier l'objectif à atteindre et, ensuite, comment y parvenir (figure 10.5).
La valeur du facteur X nécessaire pour obtenir le changement fait l'objet de débats. Il peut être incertain actuellement mais il signifie en tout cas un ample changement qui peut être accompli seulement par les efforts coordonnés de la technologie, de l'économie et d'une politique qui dirige les changements sociaux et culturels. Il ne faut pas croire que ces changements se font spontanément. Il faut au contraire instituer des instruments d'observation, de réflexion, de planification, d'action et de correction en ce qui concerne la technologie.
Figure 10.5 Cadre temporel de technologies durables
Dans un cadre de progrès comme celui représenté dans la figure 10.6, c'est aux scientifiques qu'il revient d'identifier les signes et les évidences de la non-durabilité physique et environnementale à partir de l'observation de l'état du monde (par des mesures, indicateurs, etc.) aussi bien au niveau global qu'au niveau local. Les tendances observées sont influencées par de complexes cycles biologiques, géologiques, physiques et chimiques de l'environnement. La dynamique environnementale a besoin d'établir pour chaque évidence (changement climatique, par exemple) un inventaire des relations cause-effet et la mesure de l'intensité avec laquelle les différentes causes agissent sur l'effet étudié. Cette information (indicateurs d'état, tendances et causes) doit être partagée avec les agents sociaux.
Figure 10.6 Évolution vers de nouvelles technologies durables
Pour obtenir le facteur X de changement, l'éventail d'outils et de méthodologies de gestion actuels [146], [147], [148], [149], [150], [151], [152] devra évoluer pour s'adapter aux exigences futures, afin d'être capables de surmonter de nouveaux obstacles et d'introduire les changements technologiques appropriés dans le système de production. Dans le futur, les propositions de nouvelles technologies devraient être finalement soumises à une évaluation technologique qui vérifie les conditions de durabilité.
Des perceptions différentes du développement durable peuvent mener à des types d'intervention différents de la part des gouvernements dans la gestion du processus de transition. Une révision des différents instruments appliqués par les pays européens a permis de recueillir les éventuelles actions principales [146] pour développer une politique technologique basée sur la connaissance. Parmi les catégories indiquées ci-dessous, c'est aux gouvernements de choisir celles qui sont les plus appropriées aux caractéristiques du pays.
La subvention assignée directement et sélectivement par les gouvernements est un instrument commun à beaucoup de pays et dont peuvent bénéficier:
Cette subvention à pour but de créer une infrastructure physique de support à la connaissance si le gouvernement est très intéressé par l'objectif poursuivi. Elle s'accompagne généralement d'autres instruments de gestion et de transfert de connaissance. D'autres instruments ont parfois un succès limité à cause de procédures administratives complexes, des conditions de cofinancement ou des restrictions dans l'exploitation des résultats qui y sont associés.
Les instruments de capital-risque que peuvent utiliser les gouvernements sont très variés:
Aux États-Unis, on trouve une très grande variété de combinaisons de capital-risque. Certains programmes aident simplement au développement technologique des PME (essentiellement) sur une base de critères économiques (postes de travail créés, impact potentiel). D'autres programmes veulent faciliter la coopération entre ceux qui développent la technologie et les fournisseurs de capital-risque. Mais aucun de ces programmes n'a pour objectif exclusif l'innovation orientée vers le développement durable.
En général, les gouvernements préfèrent offrir des avantages fiscaux plutôt que des contributions économiques directes. Les formes les plus utilisées sont les suivantes:
Lorsque l'on crée des infrastructures de la connaissance, les gouvernements sont traditionnellement responsables de fournir des infrastructures de base, en général les infrastructures physiques (routes, services de communication accessibles, etc.) mais cela peut inclure aussi les technologies de l'information, par exemples des bases de données. Dans certains cas aussi, cela passe par faciliter l'installation d'activités ou de PME à côté des universités. Le rôle joué par les gouvernements dans ces cas est étroitement lié aux autres instruments de gestion et de transfert de la connaissance.
Ces instruments n'ont généralement pas d'objectif spécifique destiné à développer l'innovation et à l'orienter vers la durabilité, mais ils la stimulent et la catalysent indirectement. On peut y distinguer les instruments destinés à:
Les gouvernements peuvent également jouer un rôle actif de participation, et non directement économique, par:
De nombreux pays ont établi des conditions d'achat pour leurs institutions officielles spécifiant des normes déterminées pour des produits qui sont ou ont été fabriqués avec des technologies respectueuses de l'environnement, ce qui garantit un marché minimum pour ces produits.
En l'absence de mesures légales incitatives, beaucoup d'entreprises ne se sont pas senties obligées d'adopter de nouvelles technologies. Après le développement législatif et réglementaire, les mesures incitatives à l'innovation ont été plus destinées à la correction des problèmes (traitements après processus) qu'à leur prévention. La rectification a été lente. De plus, pour qu'elle soit effective, le besoin d'une homogénéisation des instruments réglementaires au niveau international a souvent contribué à rendre le processus de rectification encore plus lent.
Les instruments autorégulateurs ont pris de l'importance comme éléments facilitant l'innovation technologique quand elle a été conjointement appliquée avec d'autres instruments économiques et financiers, et avec la formulation de normes environnementales et la transparence à laquelle se voient obligées les entreprises qui les adoptent. Parmi ceux-ci, figurent:
La création de nouveaux diplômes en sciences et en ingénierie environnementale ainsi que l'introduction de cours de nature environnementale dans d'autres études (connu comme programme environnemental) ont donné un élan certain à la formation environnementale ces dernières années. De nombreuses matières enseignées sont destinées à résoudre les problèmes environnementaux par des traitements après processus et la P+P est en général très peu abordée dans ces disciplines [153], [154]. L'université est pourtant le lieu où doivent être diffusés le concept et la pratique de la prévention à la source afin que celle-ci soit spontanément adoptée à l'avenir comme une valeur d'entreprise. Dans l'intention d'approcher l'étudiant le plus près possible de l'expérience réelle vécue dans les industries, ce chapitre:
Cet exercice a été développé par le Minnesota Technical Assistance Program y el Waste Reduction Institute for Training and Application Researchaux États-Unis, et a fait partie de programmes de formation en production plus propre (P+P) adressés dans le monde entier à des publics divers: industriels, législateurs, administrations et en général tous ceux désireux de s'initier aux concepts de la P+P.
Les principes de la minimisation sont illustrés par un processus industriel simulé. L'objectif est d'initier les participants à l'identification d'opportunités qui conduisent à la réduction à la source aussi bien de la production de déchets que de la consommation de ressources. Les difficultés pour identifier et appliquer des mesures de minimisation surgissent souvent de circonstances aussi diverses que la résistance au changement que manifeste le personnel de l'entreprise, la pression à laquelle est soumise la direction ou la difficulté à choisir et à justifier les changements dans les processus de fabrication sans une information et une communication suffisantes.
Une bonne communication peut être aussi indispensable que la capacité technique pour arriver à identifier et implanter des mesures qui conduisent à la minimisation de déchets. Il est prétendu que les participants, une fois l'exercice terminé, reconnaissent la capacité que toute personne a, même dans des situations qui ne lui sont pas familières, d'appliquer les principes de la P+P et d'identifier des opportunités d'amélioration. Les participants prendront aussi conscience des avantages de formuler des questions correctes et d'écouter les personnes adéquates.
Des groupes de 6-7 personnes sont formés. Pour chaque groupe, il faudra:
Il faudra également disposer d'une balance que tous les groupes utiliseront.
L'entreprise L'usine à ingéniosité, S. A. se consacre à la fabrication, par l'extrusion de matières plastiques, de pièces de différentes formes et dimensions pour l'industrie de l'automobile. Il y a 14 mois, elle a perdu un contrat important avec son principal client. Depuis lors, l'entreprise est dans une situation difficile qui deviendra insoutenable si elle n'obtient pas prochainement un contrat important.
Actuellement, l'entreprise étudie un appel d'offre de TAESSA qui détient la part de marché la plus importante dans la catégorie des véhicules de gamme moyenne, et qui est en train de développer son nouveau modèle et de planifier la ligne de production en appliquant les techniques de just-in-time.
TAESSA choisira le fournisseur des pièces de plastique extrudé selon les critères suivants:
Les spécifications des nouveaux produits impliquent l'utilisation de matières premières de trois types: I, II et III. Parmi ces trois types, seul le type I est considéré comme inoffensif tandis que les types II et III sont considérés comme des matières toxiques et/ou dangereuses. Les matières de type III sont celles qui donnent comme résultat un produit de plus grande valeur ajoutée car, s'agissant de matières très toxiques, il faut faire particulièrement attention au cours de leur manipulation et de leur transport. Tout mélange de ces matières donnera comme résultat des matières qu'il faudra considérer comme toxiques et/ou dangereuses.
Directeur: c'est le principal responsable de l'entreprise. Il est chargé des relations avec les clients. Comme il ne veut pas perdre un client potentiel, il considère que le client est roi: il a toujours raison et il faut à tout prix le satisfaire. Il ignore les détails du processus de fabrication et se limite à communiquer les commandes au chef de production.
Chef d'administration: il analyse les résultats de la fabrication en fonction des coûts des matières premières et du personnel. Le reste correspond à des coûts indirects (même s'il finira par découvrir que la gestion des déchets représente une partie importante des coûts si elle n'est pas bien contrôlée). Il prépare la présentation des résultats économiques de l'exercice pour qu'ils soient approuvés. Ses calculs sont toujours justes, au centime près.
Chef de production: il supervise le processus de production. Il communique aux ouvriers la quantité et le type de matériel à fabriquer. Il donne l'ordre au responsable des stocks de préparer les matières premières nécessaires et il est très strict en ce qui concerne les mesures de sécurité indispensables pour ce type d'installation et selon les matières manipulées. Il centralise les plaintes des ouvriers et organise une fête pour la nouvelle année.
Magasinier: il s'occupe de l'inventaire des matières premières et des déchets qu'il communique régulièrement au chef de production. Il reçoit l'ordre du chef de production de préparer le matériel nécessaire pour les lots de fabrication et de collecter les déchets produits. Il ne comprend pas bien pourquoi il y a désormais autant de précautions autour des déchets alors qu'avant, il était très facile de les mettre en bidons dans un coin de la cour.
Ouvriers: ils chargent et font fonctionner les machines pour fabriquer des produits extrudés selon les ordres du chef de production. Ils sont responsables du nettoyage de l'équipement. Ils n'ont aucune formation spécifique. Ils sont heureux d'avoir ce travail. Ils achètent le journal sportif le lundi et jouent à la loterie le jeudi.
Technicien responsable de la qualité et de l'environnement: sa tâche est de contrôler que le produit fini respecte les spécifications exigées par le client. Il est bardé de diplômes. Il possède un mastère en métrologie et il vient d'en obtenir un autre en environnement, suite à la pression de plus en plus forte, l'entreprise ne disposant pas de département spécifique sur cette question. Ce nouveau mastère va lui permettre d'assumer les tâches qui concernent l'environnement. L'année prochaine, il veut passer un mastère en hygiène et sécurité. Il pense qu'il faut être très rigoureux dans l'application de ce qu'il a appris.
Le moniteur de l'exercice joue le rôle du représentant de TAESSA et passe des commandes au directeur au moment opportun.
Matériel | Prix de la matière première (€/g) | Coût de la gestion des déchets (€/g) | Personnel et autres coûts de production (€) | Prix d'achat fixé par TAESSA (€/g) | |||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
L=2 cm | L=3 cm | ||||||||||
Type I | 200 | 40 | 30 | 40 | 400 | ||||||
Type II | 1500 | 200 | 50 | 60 | 2500 | ||||||
Type III | 4000 | 500 | 150 | 200 | 6000 |
Produits | Dépenses (€/unité) | Prix coût (€/unité) | ||
---|---|---|---|---|
Matières premières | Gestion déchets | Production | ||
Rectangle | ||||
H | ||||
Étoile | ||||
Cylindre | ||||
TOTAL |
La manière d'appliquer la P+P a beau paraître simple aux yeux d'un expert, elle ne peut pas être transmise aux étudiants par un exposé théorique avec la même efficacité que d'autres cours universitaires plus conventionnels. Cela représente un défi important pour l'enseignement parce que beaucoup de concepts sont basés sur des outils et des expériences difficiles de recréer dans une classe traditionnelle. D'autre part, pour identifier complètement toutes les opportunités, il est nécessaire de connaître spécifiquement les processus industriels sur lesquels l'évaluation de la P+P sera appliquée.
Il est difficile de trouver de réels projets où acquérir un niveau d'expérience suffisant dans ce domaine. Et cela est encore plus difficile si l'on considère le nombre important d'élèves qui sont en train de suivre cette formation et qui cherchent à accéder à des entreprises qui ouvrent leurs installations pour des évaluations de ce type. Pour résoudre ces difficultés, l'université de Gérone a développé l'exercice suivant basé sur les activités quotidiennes de la cuisine d'un particulier. Cet exercice s'appelle l'usine à cuisiner [155]. Des analogies claires peuvent être trouvées entre la cuisine et les processus industriels, et cette relation fournit un outil éducatif utile dans les cours universitaires.
Dans cet exercice, les étudiants exécutent l'évaluation des opportunités de P+P dans la cuisine de tout un chacun (cuisine partagée par le groupe ou cuisine d'un des participants). Un tuteur s'occupe de donner les orientations initiales sur la manière de procéder. Les étudiants peuvent consulter le tuteur pendant toute la durée de l'exercice. Ils reçoivent des orientations mais ce sont eux qui décident de la manière de s'organiser. Des équipes de travail de 4 ou 5 personnes sont formées. Les équipes doivent planifier les tâches et organiser l'évaluation. Une fois l'exercice pratique achevé, ils préparent un rapport écrit et une présentation orale. Les résultats des différents groupes sont comparés et les divergences font l'objet d'un débat.
Le travail peut être divisé en deux parties:
1ª partie: diagnostic
Cette première partie comprend les tâches suivantes:
En l'absence d'information historique, les procédures pour la collecte de données et le temps qui doit y être consacré sont décidées par les étudiants. Voici quelques orientations qui peuvent être données aux étudiants:
Les étudiants ont pu se faire une opinion sur le besoin de définir la portée de l'étude avec les limites physiques dans lesquelles ils travaillent et l'information plus ou moins partielle obtenue (par exemple, les consommations d'énergie varient-elles en fonction de la saison ? L'activité de manger doit-elle être incluse dans l'étude ? Comment traiter le recyclage des assiettes, restes ou excès de nourriture ?, etc.). Ils doivent aussi affronter certaines difficultés dans l'assignation de ressources entre les activités, certaines d'entre elles étant exclues de l'étude (par exemple, comment est distribuée la consommation d'eau ou d'électricité entre les différentes activités qui ont lieu dans le logement ?).
2ª partie: évaluation et comparaison des résultats, création d'options et priorisation
Une fois la quantité des flux et des consommations déterminée, les données obtenues par les groupes participants sont présentées sous forme de tableaux et comparées. Les écarts, et leurs causes, font l'objet d'un débat. Ce travail de comparaison (ainsi que les comparaisons avec les données bibliographiques) permet d'introduire aux étudiants les concepts de benchmarking et de meilleure technique disponible.
Les données doivent être évaluées dans le but d'identifier les opérations et formes de gestion qui ont un plus grand impact sur la consommation des ressources et/ou la production de déchets. En fait, comme dans l'industrie, il est fréquent de trouver que, selon le principe de Pareto, un très petit nombre d'activités ou sous-activités signifient la plus grande contribution à la production de flux de déchets d'une installation déterminée.
Dans la gestion des déchets, il est important de réfléchir sur les meilleures unités d'expression des résultats, aussi bien en volume qu'en poids. Si les données sont analysées en volume, la principale cause de la production de déchets est l'emballage tandis qu'en poids, les matières organiques sont le principal composant des déchets solides produits dans une cuisine. Il est intéressant de rechercher les causes de la présence de ces matières organiques dans les déchets. Elle est souvent due aux étapes de conditionnement de la matière première, mais également à une quantité significative de matières non consommées.
La dernière tâche à réaliser consiste à présenter des options d'économie des ressources et de minimisation des flux de déchets, en considérant les différents niveaux d'action potentiels:
Pour les options qui demandent un investissement, l'économie associée aux améliorations proposées est calculée et la période d'amortissement est déterminée.
Le travail s'achève par la justification des recommandations pour l'implantation d'options qui sont jugées comme étant les plus opportunes.
La plupart des laboratoires universitaires envisagent d'appliquer une forme de P+P ou de minimiser les flux de déchets. L'exercice peut être directement effectué par un technicien responsable, expressément désigné pour cette tâche, ou, profitant de leur présence dans l'université, par une équipe d'étudiants en stage avec la capacité technique et de communication suffisante.
Divers manuels et livres de bonnes pratiques environnementales (BPE) dans les laboratoires destinés à intégrer les aspects environnementaux dans les tâches quotidiennes d'un laboratoire [156], [157], [158] ont été publiés. Ces publications, ainsi que d'autres, sont également utiles pour commencer un diagnostic pratique de P+P dans les laboratoires d'une université.
Pour rendre plus évidente l'opportunité du diagnostic et pouvoir compter ainsi sur le soutien de tous, voici certains des objectifs que les centres peuvent se fixer:
Il existe une tendance à croire que les objectifs de la P+P concernent les laboratoires chimiques et les substances chimiques manipulées mais des principes équivalents peuvent aussi être appliqués, avec un raisonnement spécifique, dans les laboratoires biologiques et médicaux. Les déchets cliniques revêtent un intérêt particulier dans la gestion des déchets de la société actuelle. Il faut aussi savoir si l'institution qui produit des déchets utilise des matières radioactives. Dans l'affirmative, il faut la doter d'un programme spécifique [158].
Comme dans tout projet entraînant des changements dans l'activité, le coordinateur de l'évaluation peut rencontrer des difficultés dans l'implantation de mesures de P+P. Beaucoup de ces difficultés se rencontrent aussi dans l'industrie mais, au moment de procéder aux évaluations, il faut particulièrement tenir compte des points suivants:
Face aux difficultés, il faut argumenter avec les avantages que peut apporter le résultat de l'évaluation. Parmi ceux-ci, outre une amélioration environnementale et une réduction des coûts, il faut notamment souligner:
Pour effectuer l'évaluation des possibilités de P+P dans les laboratoires, il convient que l'équipe chargée de cette dernière découvre préalablement en dialoguant avec les responsables des laboratoires quels sont les critères de fonctionnement. Ils doivent savoir:
Les activités à développer par l'équipe d'évaluateurs afin d'obtenir une évaluation correcte des laboratoires sont les suivantes:
Pour implanter les options il convient de:
Le passage à une expérimentation à micro-échelle [159] est un changement d'une autre dimension dans la P+P des laboratoires, raison pour laquelle il sera nécessaire d'effectuer une planification de l'activité complètement différente. L'idée va bien au-delà d'une évaluation et le pour et le contre doivent faire l'objet d'un débat au niveau institutionnel.
L'idée de faire l'expérimentation chimique au niveau de la micro-échelle n'est pas nouvelle. Pregl a reçu le prix Nobel en 1923 pour ses travaux à micro-échelle. Ensuite, quelques tentatives visant à adopter des programmes de micro-échelle n'ont pas eu beaucoup de succès. Les raisons en ont toujours été les mêmes (peu de préoccupation pour l'environnement ou par la qualité de l'air des laboratoires et aucun coût d'élimination car tout partait aux égouts) mais aussi le faible nombre d'étudiants à l'époque et le manque de précision qui existait dans les éléments de mesure. À partir des années 80, la préoccupation du risque pour l'homme et l'environnemental grandit et l'utilisation de la balance électronique se répand. Alors, l'intérêt pour la micro-échelle croît, particulièrement dans les laboratoires de chimie organique.
La micro-échelle implique une réduction importante de la quantité des réactifs et des dissolvants. Cette réduction est estimée à 100 fois. Les techniques expérimentales sont considérablement différentes des techniques équivalentes à l'échelle traditionnelle. Par ailleurs, les équipements en verre et les conditions de réaction ou de transfert sont significativement différents.
Les effets positifs sont importants. La micro-échelle réduit la quantité et le coût d'élimination des flux de déchets mais un des principaux avantages est l'amélioration des aspects concernant l'hygiène et la sécurité. Les quantités de dissolvants et de COV qui passent dans l'air de l'environnement sont réduites d'un facteur de l'ordre de 100 fois. Le risque d'explosion ou d'incendie est également réduit. La réduction du coût présente un intérêt pédagogique puisqu'elle permet de multiplier le nombre d'expérimentations en comptant sur les mêmes ressources. Le fait que la durée de beaucoup d'expérimentations diminue jusqu'à la moitié est également bénéfique.
Les avantages sont ensuite exportés dans l'industrie quand les futurs professionnels se sont préparés à l'expérimentation à micro-échelle.
La conversion a un coût de 200 à 300 € par étudiant qui est amorti en 1 à 3 ans selon le nombre d'étudiants.
Les facultés universitaires, individuellement ou comme partie d'un diagnostic de toute une université, sont un autre lieu excellent où les étudiants peuvent pratiquer la P+P, notamment dans les universités de sciences ou polytechniques qui forment un réseau expérimental complexe avec leurs laboratoires de recherche et d'enseignement. Les laboratoires consomment une grande variété de substances et produisent des flux de déchets. Ils consomment aussi de l'eau et différents types d'énergie. Pour leur fonctionnement et celui d'autres universités non expérimentales, une partie importante de l'énergie est destinée à l'éclairage, au chauffage et à l'air conditionné.
La réalisation du diagnostic des différents centres universitaires (facultés, écoles, etc.) est un composant efficace dans les projets universitaires de sensibilisation à l'environnement, qui permet en même temps de fournir aux étudiants un certain apprentissage pratique. Disposer de données comparatives des différentes universités serait un stimulant pour établir des critères généraux de gestion et pour aider à choisir des systèmes durables dans le domaine de l'enseignement supérieur.
Un des projets de fin d'études des sciences environnementales de l'université de Gérone était le diagnostic de l'université des sciences [160]. À partir du diagnostic, les étudiants ont fait des propositions de mesures de P+P et une proposition d'indicateurs. Des études similaires antérieures n'étant pas disponibles, les données obtenues sont indiquées ici afin qu'elles puissent servir de référence pour d'autres diagnostics ou travaux semblables.
Dans le cas particulier de l'université des sciences, des données de deux situations différentes de l'université ont été obtenues: avant et après l'agrandissement des bâtiments. Avant l'agrandissement, le chauffage était assuré par une chaudière qui fonctionnait au gaz naturel. Après l'agrandissement, l'incorporation d'une pompe à chaleur permet de chauffer la partie agrandie (environ un tiers des bâtiments) et de fournir toute la faculté en air conditionné pendant l'été.
La plupart des chiffres obtenus ont été comparés avec ceux des autres facultés non expérimentales de la même université de Gérone. Il est évident que les consommations doivent se référer à une certaine donnée spécifique pour pouvoir faire des comparaisons entre facultés de différentes tailles. Le critère de grandeur le plus évident est le nombre d'étudiants ou plus précisément le nombre de personnes qui occupent la faculté. Comme certains centres ou certaines universités ont plus de chance que d'autres en ce qui concerne l'espace disponible, un second critère de dimension est la surface occupée. Les chiffres d'une année peuvent ne pas être représentatifs dans certains aspects, surtout en ce qui concerne l'influence de la météorologie sur la consommation en chauffage et en air conditionné. La collecte de données année après année devrait permettre de vérifier l'évolution de l'état, d'avoir une catégorie de valeurs pour chaque circonstance climatologique et de vérifier les résultats de l'application d'options de P+P.
Les résultats les plus intéressants des estimations obtenues dans le diagnostic sont les suivants:
Université | Sciences | Polytechnique | Droit | Économie |
---|---|---|---|---|
m3personne et /an | 4,6-6,4 | 3,3-5,1 | 1,2-1,5 | 1,7-2,9 |
Répartition en pourcentage de l'utilisation de l'eau dans l'université de sciences:
laboratoires | 54,5 % |
sanitaires | 37,6 % |
nettoyage | 0,2 % |
arrosage | 7,5 % |
Université |
Sciences Chauffage au gaz nat. |
Sciences Id. + pompe à chaleur |
Polytechnique | Droit | Économie |
---|---|---|---|---|---|
Chauffage au gaz naturel | |||||
kWh/personne et /an | 430-480 | 660-690 | 300-310 | 350-370 | 200-250 |
kWh/m2 et /an | 85-91 | 124-131 | 64-71 | 40-47 | 48-57 |
En outre, il faudrait tenir compte de la durée d'occupation des laboratoires de recherches supérieures dans l'université de sciences.
Répartition en pourcentage de l'utilisation de l'électricité dans l'université de sciences:
éclairage | 21 % |
ordinateurs | 26 % |
appareils de laboratoires | 17 % |
pompe à chaleur | 16 % |
autres | 20 % |
Faculté |
Sciences Chauffage au gaz |
Sciences Id. + chauffage au gaz |
Polytechnique | Droit | Économie |
---|---|---|---|---|---|
Chauffage au gaz | |||||
m3personne et /an | 4,5-6,3 | 4,0-4,7 | 3,3-3,7 | 6,3-6,6 | 3,1-3,4 |
Dans l'université des sciences, seul 0,5 % du gaz est consommé dans les laboratoires. Le reste est utilisé pour le chauffage.
Les consommations de combustibles pour le transport du personnel ont été estimées par une enquête sur les moyens utilisés (voiture, autobus, bicyclette, marche). Le but est de comparer les dépenses énergétiques en transport avec les dépenses antérieures.
Consommation | Électricité | Gaz | Transport | Total |
---|---|---|---|---|
kWh/personne | 680 | 265 | 2.600 | 3.545 |
L'impact du transport sur la consommation totale de combustibles est significatif: 73 %. Ce pourcentage donne une idée de l'intérêt de rationaliser le transport du personnel dans les programmes de sensibilisation environnementale des universités.
Origine | Papier propre | Photocopies | Administration | Total |
---|---|---|---|---|
Kg/étudiant et /an | 3,7 | 1,5 | 2,1 | 7,3 |
Type | Papier | Verre | Récipients | Autres | Spéciaux |
---|---|---|---|---|---|
Kg/étudiant et /an | 3,9 | 0,35 | 0,16 | 0,60 | 0,42 |
Comme exemples d'opportunités d'améliorations, dans le cas de l'université de sciences de Gérone, peuvent être cités les cas des robinets d'eau dans les toilettes et de la consommation de papier. Les robinets des lavabos sont équipés d'un dispositif automatique qui fixe le débit et le temps de fonctionnement. Les consommations par pulsation allaient de 0,65 à 4,26 litres, avec une moyenne, déterminée sur 30 robinets, de 2,8 litres. Le besoin de faire une révision du système était évident. Quant au papier, il a été lancé une campagne de minimisation qui inclut la promotion de sites Internet pour chaque étude et la consolidation de la collecte sélective, de photocopies recto verso, de réutilisation, etc.
En même temps, il est proposé un système d'indicateurs de durabilité incluant les consommations d'eau et d'énergie, les déchets à recycler et la production de déchets toxiques, les émissions atmosphériques par combustion et par mobilité, et une attention spéciale à la mobilité en ce qui concerne les déplacements réalisés par différents moyens.